Les rebelles libyens exigent de l’armement. Le gouvernement français fait pression sur les “alliés” pour satisfaire de toute urgence cette demande. Les Américains s’interrogent… Avec quelques raisons…
La première c’est que fournir des armements à des gens qui n’ont aucune idée de la manière dont on les utilise, exige de fournir aussi des instructeurs, ce qui outrepasserait le “mandat” de l’ONU.
La deuxième, c’est que, dans un passé récent, la fourniture d’armes à différentes rébellions (Angola, Nicaragua, Afghanistan…) s’est retournée contre le fournisseur, c’est-à-dire les États-Unis. Le ministre de la Défense Robert Gates en a fait l’expérience quand il était agent de la C.I.A. en Afghanistan à la fin des années 1980, précisément chargé de fournir de l’armement à la rébellion afghane contre l’occupation soviétique, armes que les Talibans retournèrent contre les États-Unis…
La troisième, c’est qu’on ne sait toujours pas précisément à qui, exactement, on pourrait fournir de l’armement.
La présence de combattants d’Al Qaeda ou du Hezbollah (voir ici) est désormais avérée dans l’Est de la Libye d’où est partie la rébellion : « La présence d’Al Qaeda dans cette zone du pays, est objectivement un problème » déclarait au New York Times un “officiel” américain s’exprimant sous les conditions de l’anonymat.
Non plus anonymes mais officielles, les déclarations de l’amiral américain James G. Stavridis, le commandant de l’OTAN, lors d’une audition devant une commission du Congrès des États-Unis mardi dernier. Il y a, selon lui, des « indices », dans les rapports d’espionnage, de présence d’éléments d’Al Qaeda ou du Hezbollah chez les rebelles dans cette partie orientale de la Libye déjà marquée, dans les années 1990, par des manifestations islamistes.
« Nous examinons de très près la nature, la composition, les personnalités de ce qui constitue la direction de ces forces d’opposition », a précisé Stavridis aux sénateurs.
L’ambassadeur U.S. en Libye, Gene A. Cretz, tout en estimant, la semaine dernière, que la rébellion n’était pas dominée par les islamistes, croyait bon de préciser qu’il n’en était pas sûr à 100 %.
Bruce O. Riedel, ancien analyste de la C.I.A., est certain que des militants libyens, qui ont combattu les États-Unis en Irak et en Afghanistan, sont rentrés chez eux : « La question à laquelle on ne peut répondre, c’est de savoir s’ils constituent 2 % de l’opposition, ou 20 %, ou 80 % ».
De quoi, en effet, s’interroger…