Nouvelles de France a rencontré Jérôme Besnard, à qui l’on doit l’anthologie de la contre-révolution publiée mardi par Le Monde.
Vous présentez une anthologie de la contre-révolution dans une collection du Monde consacrée aux rebelles français, entre des volumes traitant de Jean Jaurès et de Léon Blum. C’est assez inattendu…
D’abord, cela prouve que l’on peut parler de beaucoup de choses dans beaucoup d’endroits, à condition d’avoir une approche dépassionnée et la plus universitaire possible. Il aurait été étrange que cette série ne traite que de « rebelles » de gauche, ne serait-ce que parce que la Résistance et la France Libre étaient truffées d’hommes de droite. Des Chouans aux résistants royalistes, en passant par les zouaves pontificaux, la droite contre-révolutionnaire offre une belle brochette de rebelles, dont les maîtres intellectuels sont rassemblés dans ce volume.
Quelle intention a guidé votre travail, le choix des textes ?
En premier lieu, il s’agissait de présenter des textes devenus méconnus pour nos contemporains. En fouillant bien dans les bibliothèques de ses grands-parents, qui ne débusquera pas un Maurras ou un La Tour du Pin ? Mais qui les lit vraiment ? Si beaucoup de gens ont dévoré les romans de Barbey d’Aurevilly ou les Mémoires d’Outre-tombe, qui a lu les textes plus pamphlétaires de l’auteur des Diaboliques ou de Chateaubriand ? On veut désormais expliquer aux lycéens, au nom de la théorie du « gender » que Rimbaud était homosexuel, mais qui leur rappelle que Balzac était royaliste, ce qui est indispensable pour comprendre une bonne partie de son œuvre ? Aux États-Unis, ce genre d’anthologie de poche est chose commune, y compris dans le monde conservateur. La droite française a abandonné la philosophie politique. Elle a pourtant le choix, pour les libéraux, de Tocqueville à Aron, pour les réactionnaires avec les auteurs que j’ai sélectionnés et présentés. Par ailleurs, la contre-révolution a influencé plus qu’on ne le croit le gaullisme et la démocratie chrétienne.
En dehors des grands noms, de Maistre à Maurras, quels auteurs avez-vous privilégié ?
Ce genre d’exercice est fondé sur la sélection, donc sur l’arbitraire, ce que j’assume parfaitement. On aurait pu y ajouter des textes de Jacques Bainville ou de Charles Benoist, qui incarnent le versant “libéral” de la contre-révolution. J’ai notamment tenu à ce qu’y figure Roger Nimier, le chef de file des « Hussards » qui sont autant, si ce n’est plus, des contre-révolutionnaires que des anarchistes de droite. Idem pour Michel Mohrt, que j’ai connu dans son bureau de Gallimard, racontant ses souvenirs avec William Faulkner et Jack Kerouac et qui nous a quitté l’an dernier à l’âge de 97 ans. De même, on y trouvera un texte sur Proudhon d’Henri Lagrange, l’enfant terrible de l’Action française d’avant 1914 mort, dans les tranchées à l’âge de 21 ans.
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