Avec un quinquennat pour rien et un François Hollande qui oublia d’endosser son habit de président – tellement l’homme était normal – la gauche, c’est, définitivement, tirée une balle dans le pied. Et ce n’est pas un Benoît Hamon, avec son revenu universel, qui va rameuter le vote des Français en sa faveur. Tout au plus, la gauche peut réussir à garder le dernier cercle des rêveurs incurables, embués dans leurs vapeurs de shit, qui préfèrent financer l’inactivité des chômeurs plutôt que de leur fournir des emplois en faisant le nécessaire pour relancer l’économie. Trop compliqué et cela demanderait tellement d’efforts ! Quant à la droite et son Fillon menteur – toujours aussi clivant et pas rassembleur pour deux sous – elle risque de s’embourber dans d’inextricables démêlées judiciaires qui vont la rendre encore un peu plus implosive. Marine Le Pen a un boulevard devant elle, car ce n’est pas les autres prétendants, tous aussi insipides les uns des autres, qui risquent de l’empêcher à continuer son petit bonhomme de chemin vers la dernière marche avant l’Élysée.
Parmi les prétendants à la magistrature suprême, il y a un ancien banquier et ancien ministre d’un gouvernement socialiste, Emmanuel Macron, sorte de premier de la classe et chouchou des médias, parce que beau gosse, qui aurait l’avantage, pour Marine Le Pen, d’être l’adversaire idéal au deuxième tour de la présidentielle : libéral décomplexé, assumant pleinement son européisme. Son programme – ce que l’on en sait – est le reflet inverse de celui de Marine Le Pen. Avec, comme les autres, beaucoup d’effets de manches, de moulinets et de paroles emphatiques. Puis, il y a Mélenchon, vieux routard de la politique, qui présente un programme proche, en plus à gauche pour certains observateurs, de celui de Marine Le Pen. Mais qui reste incohérent sur le fond : sortir ou non de l’Union européenne ? On ne sait pas vraiment ! L’ancien socialiste est hésitant… Il sait que l’opinion est de plus en plus encline pour cette solution, mais son idéologie, très immigrationniste, ne lui permet pas d’aller jusqu’au bout de la logique du protectionnisme qu’il préconise… Reste, Dupont-Aignan, avec, pourtant, un programme patriote, qui refuse toujours la main tendue de Philippot et l’alliance avec le FN. Posture d’ego ? Probablement ! Peut-être préfère-t-il rester monsieur 2 %… Tous les autres, les plus connus, Michèle Alliot-Marie ou Henri Guaino, candidats indépendants, Yannick Jadot, Europe Écologie Les Verts, Nathalie Artaud, Lutte Ouvrière et Philippe Poutou, Nouveau Parti anticapitaliste, ne sont pas assurés de rester dans la course. À part faire diversion, on ne voit pas très bien leur utilité dans la confrontation démocratique. Mais, ils ont le droit d’exister !
Tous ceux-là, malgré leurs insuffisances et leurs incohérences, ne vont pas, pour autant, faire gagner Marine Le Pen. Si aujourd’hui, la présidente du FN peut compter sur un solide socle électoral, rien n’est joué : il lui reste à engranger tous les déçus de la politique, encore hésitants, qui lui permettront d’atteindre le score suffisant du fameux 50 %, plus une voix. Qui n’est qu’un palier indispensable, mais pas un triomphe. Il lui reste à convaincre que son programme, assez déroutant pour certains, notamment sur le chapitre concernant la sortie de l’Union européenne et le retour des souverainetés nationales, est tout à fait applicable et, contrairement à ce que veulent nous faire croire la plupart des médias et certains “spécialistes” autoproclamés, qu’il présente plus d’avantages que d’inconvénients. Trop souvent, tous ces commentateurs patentés oublient de préciser que 140 économistes, et pas des moindres, dont 4 prix Nobel, préconisent la même politique, pour retrouver la croissance et le plein-emploi. Si n’importe quel autre candidat avait le soutien idéologique de 4 prix Nobel, toute la presse, nationale ou internationale, en ferait leur une. Mais Marine Le Pen…
Rien que cela tend à prouver qu’elle est, comme elle le proclame, la seule candidate anti-système !
Claude Picard
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