On n’est pas forcément d’accord. “Le retour de Sarkozy n’est plus un événement, c’est une nouvelle. A force d’annoncer son retour, on a l’impression qu’il a déjà eu lieu. Si c’était l’objectif, il est atteint. Contrairement à Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy n’a jamais quitté la vie politique, il n’a donc pas à y revenir. Il revient mais pour quoi faire ? Pour quel discours, quelle politique, quelle orientation ? Ce n’est apparemment pas le sujet. Il revient, c’est le seul message. Sarkozy a rompu avec le thème des frontières, de l’identité nationale que lui avait inspiré son ex-mentor, Patrick Buisson. Mais il ne tombera pas non plus dans l’identité heureuse pour Bisounours de son grand rival, Alain Juppé. Alors, quoi ? Mystère et boule de gomme. Il veut rassembler, faire la synthèse comme il avait naguère réalisé la synthèse entre le oui et le non au référendum de 2005. Bref, fumigènes et clair obscur. Sarkozy ne le sait pas lui-même, il improvisera, il s’adaptera, il réagira au coup par coup, il suivra l’air du temps et son instinct, comme il a toujours fait. Il fera de l’image, encore de l’image, toujours de l’image. Il renouvellera, il mettra devant lui des jeunes et surtout des femmes, des petites soeurs de NKM et des petits frères de Baroin, bien lisses, bien propres, des enfants de la télé et du politiquement correct. Bref, il fera comme Hollande, il fera tout comme Hollande.
Hollande avait misé toute sa campagne présidentielle sur l’antisarkozysme et avait tiré le gros lot élyséen mais se trouva fort dépourvu quand il fallait gouverner, il n’y avait pas pensé… Sarkozy s’apprête à commettre la même erreur tragique. Peu importe ce qu’il dira, ce qu’il proposera, l’essentiel est la posture antihollandaise. ‘Avec moi, c’était et ce sera autre chose.’ La médiocrité d’Hollande est finalement le pire service que le président sortant rendra à son prédécesseur qui aspire à être son successeur. Cette médiocrité hollandaise, devenue proverbiale, est un écran de fumée qui fait croire à Sarkozy que sa seule présence, son talent, son énergie, son autorité suffiront à rétablir une situation catastrophique. Il se leurre mais ça l’arrange de se leurrer. Il ne voit pas que c’est le système qui est vermoulu et ne veut pas le voir. Il a oublié et veut oublier qu’à l’Elysée, il n’a pas fait beaucoup mieux. Il n’a pas mieux résolu les contradictions insolubles de la situation française, entre la Ve République et l’Europe, entre la volonté de maîtriser efficacement immigration et délinquance et les rigueurs incapacitantes de l’Etat de droit, entre la liberté de circulation des marchandises, des capitaux et notre protection sociale. Il ne veut rien casser, il ne veut rien choisir… comme Hollande ! Dans leur affrontement désormais légendaire, Giscard et Mitterrand se poussaient vers le haut.”
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