Le Canard acculé, une plume «confiente»

Tribune libre de Pierre-François Ghisoni*

Pourquoi ce titre ? Pour répondre à un journal de petit coin qui couine en manchette ses meilleures macules de tache de pot :

« Benoît XVI se retire avant la fin
le pape en position de démissionnaire »

On rit gras dans cette raie d’action, mais, comme on dit, « ça ne remplace pas le beurre », sauf si ça en met dans ses épinards. Tout dépend de quels cabinets, ministériels ou autres, on extrait le fondement de ses informations.

Ce canard, s’est-il laissé acculer à ses manies et sanies provocatrices, jeux de mots, cuirs cucul et cacalembours ?

Il faut que nous sachions apprécier le gros titre d’un journal effluent de la presse française, couac que… des dégoûts et des couleuvres… Anus horribilis lui ira très bien. Tirons la chasse, et changeons de style.

Que montre le canard en titrant ainsi ?

Qu’il utilise les possibilités multiples des images et de la langue française, ce qui n’est pas si mal en ces temps de « déséducation nationale ». Il nous avait habitué à mieux, car le sérieux absolu, le pontifiant professionnel, mérite souvent quelques corrections.

Mais ici, il a ouvert une porte de trop. Dans ces conditions, rien n’empêche de jouer le même jeu, juste pour le plaisir de montrer à ce palmipède acculé à ses limites qu’il n’a pas le monopole de cet exercice.

Peut-être devrions-nous, à cette occasion relancer le pamphlet, genre littéraire actuellement mis à l’index par la bien-pensance, mais source d’inventions stylistiques où les meilleurs se sont escrimés… parfois proprement ? Mais à jouer le style pour le style, le raisonnement peut en souffrir.

Alors que prouve le titre du canard déchaîné ?

Que le coït interrompu et la position dite du missionnaire existent. La belle affaire ! Les puceaux se réveillent dans leurs nuits et veulent mettre les autres dans d’aussi sales draps que les leurs.

Mais pire, que sous-entend le canard déchaîneux ?

Que le pape serait complice, et pourquoi pas acteur de pratiques que son état réprouve ?

Alors que cet homme a eu le courage de s’en prendre au triple scandale des prêtres pédophiles. Scandale de premier niveau, comme toute pédophilie. Scandale de deuxième niveau, car pratiqué par des personnes ayant autorité. Scandale de troisième niveau, car pratiqué par des personnes investies de charges spirituelles.

Alors qu’il a sévi, rejeté des criminels, et utilisé le terme de « saleté » pour qualifier de telles pratiques !

Ce titre est suspect d’abjection, mais possiblement soumis à poursuites légales si l’on admet qu’il peut entraîner des réactions de haine envers une communauté.

Et pourquoi cette poursuite infernale ?

Fondamentalement, parce que le pape a désobéi aux ordres de la médiacratie, qu’il s’en est tenu à une morale en laquelle il avait foi, qu’il n’a pas joué le jeu de la partouze universelle encapuchonnée.

En quelque sorte un homme debout face à une vague de boue. Que l’on soit chrétien ou non, l’exemple est à suivre.

*Pierre-François Ghisoni (blog) est écrivain et éditeur.

Related Articles

38 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • Eurydice , 17 février 2013 @ 7 h 46 min

    A propos de l`islam je voulais , bien sùr, dire 13 petites sourates (groupe de versets) sur 116.Mea culpa!

  • Pierre-François Ghisoni , 17 février 2013 @ 10 h 29 min

    Bonjour Eurydice,

    Bravo pour votre très intéressante approche “canardesque” dont nous pouvons tous vous remercier.
    Mes remerciements aussi à tous les commentateurs qui prennent le temps de donner leur opinion. Leur floraison m’amène à préciser les raisons de mon article intercalé dans la lignée plus cohérente des précédents et des futurs.

    Poussé par l’actualité, j’ai souhaité montrer que l’utilisation des sous-entendus, profitant d’une bonne utilisation de la langue française, n’était pas l’apanage de ce volatile. Je pense que les divers organes de la “droite” (mot convenu et à préciser) n’utilisent pas assez ce style littéraire, qui donne immédiatement au lecteur un premier sourire, ou au moins une dose de sympathie pour le journal en question. Reste à savoir comment, ce qui est une autre affaire.
    Evidemment, dans ce cas particulier, ma réponse devait aller “vent du bas” comme on dit en voile.

    Mon approche n’était pas non plus celle de “père-la-pudeur” qui me paraît souvent outrée. En fait le Canard est servi par la puissance de la langue française, qu’il utilise à des fins de propagande jouant sur les bas instincts de l’Homme.
    Rien à voir avec le style rabelaisien (l’utilisation des oisons) car celui-ci est un grand témoin de notre culture, mais il ne se limite pas à cela. Rappelons l’autre face de Rabelais : “Comme selon le sage Salomon, sapience n’entre point en âme malivole et science sans conscience n’est que ruine de l’âme, il te convient servir aimer et craindre Dieu… de sorte que jamais n’en soit désemparé par péché.”
    Le moins qu’on puisse dire est que “science sans conscience et âme malivole” vont très bien à cet oiseau de mauvais vol.

    Maintenant, faut-il lire le Canard ? Si c’est pour la curiosité professionnelle de voir naître ou se développer les campagnes de calomnies habituelles, pourquoi pas ? Pour le reste, vous avez suffisamment expliqué les mécanismes.

    Quant à la suite de mon article, elle ne visait qu’à fournir quelques armes-arguments complémentaires à ceux qui pourraient en manquer dans une discussion.

    Bien à vous tous,

    Continuons !

  • degabesatataouine , 17 février 2013 @ 11 h 08 min

    Excellent aussi votre commentaire.
    Mais était -ce nécessaire de compléter parfois la version en V.O. par des sous-titres en anglais?

  • Tonio , 17 février 2013 @ 12 h 31 min

    Je n’ai pas bien compris de quoi vivrait réellement et matériellement “Le Canard”; je saute en le lisant les apostrophes insultantes, je ne parcours que ce qui ressemble à une information que les “bons journaux” n’ont pas l’habitude de divulguer; pour votre information sur les religions , lisez ou relisez l’ouvrage de MINOIS “Le traité des trois imposteurs”, on y trouvera confirmation textuelle que si la Bible n’a pas été écrite ni par Abraham, illettré,ou par Moïse, on apprend que Mohammed était aussi un illettré et que ses sourates sont un démarquage de textes qui circulaient déjà entre la Palestine judaïsante et l’Arabie, heureuse, adaptées aux cours des âges pour donner corps et fondement aux élucubrations d’un illuminé parmi d’autres, mais ainsi rendu présentable; sinon comment expliquer benoîtement qu’un pillard de caravanes, ne sachant manier que le sabre soit devenu l’icône d’un tiers de l’Humanité?

  • Yaki , 17 février 2013 @ 13 h 01 min

    Votre vie doit être bien triste, si vous ne riez pas à l’humour, comme semble l’indiquer votre urticaire à la simple évocation du mot humour.

  • Eurydice , 19 février 2013 @ 5 h 13 min

    Cest une question de politesse.Tout le monde ne pratique pas la langue de Shakespeare.A l`anglophonie, nul n`est tenu!Si je laissais échapper quelque expression en chinois (avec mon computer, cest possible), je la traduirais aussi.Les pensées sont importunes, pour paraphraser une chanson de Jeanne Moreau à propos des souvenirs. Je suis hélas, ou heureusement, multilingue.”V.O.” comme vous dites, pour moi,cela se décline en huit idiomes européens, deux moyen-orientaux et un asiatique.

Comments are closed.