Ce 10 mars les ministres de 5 pays d’Europe du Nord ont annoncé l’élargissement de leur coopération militaire face à l’intensification des exercices des forces armées russes dans la région.
Leur déclaration était publiée dans le journal norvégien Aftenposten. Elle était signée des ministres de la Défense norvégien, danois, suédois et finlandais ainsi que chef de la diplomatie islandaise.
La Norvège, le Danemark et l’Islande font partie de l’Otan. Et certes, en octobre 2014 le social démocrate norvégien Jens Stoltenberg a succédé en tant que secrétaire général de l’organisation atlantique au conservateur danois Anders Fogh Rasmussen.
En revanche la Finlande et la Suède ont toujours été des pays neutres.
Les adversaires de l’atlantisme devraient donc constater que la politique extérieure du Kremin fait de Vladimir Poutine le meilleursergent recruteur de l’Otan.
En effet les ministres nordiques constatent que “la Russie investit des montants énormes dans le développement de son potentiel militaire” et que “les forces armées russes se comportent de manière provocatrice à proximité de nos frontières”.
Ils se réfèrent également au fait que “plusieurs incidents” impliquant des militaires russes sont survenus récemment aux frontières des États baltes.
À cet égard et s’agissant de ces trois Etats – 45 000 km2 pour l’Estonie 65 000 km2 pour la Lettonie ainsi que pour la Lituanie, cela représente au total 25 départements français – l’attitude de solidarité de leurs cinq voisins scandinaves nous paraît exemplaire
Cet esprit nous semble au rebours de la goujaterie d’un Mélenchon, telle qu’elle s’exprimait en 2005. Rappelons qu’à l’époque le grand péril que dénonçaient les adversaires du traité constitutionnel concocté sous la houlette de Giscard d’Estaing se présentaiat ous les traits supposé menaçant du “plombier polonais”. Un militant socialiste évoquait devant lui “les nouveaux entrants de l’Est”. Mélenchon l’interrompit et, avec l’élégance qu’on lui connaît, il lui répliqua : “eh bien, qu’ils aillent se faire foutre ! Les Lituaniens ? T’en connais, toi, des Lituaniens ? J’en ai jamais vu un moi !”
Or, depuis l’affaire ukrainienne, cette sottise agressive a pris une dimension politique.
Non seulement la Lettonie exerce la présidence de l’Union européenne, mais les provocations russes se sont multipliées avec des incursions répétées dans l’espace maritime et aérien européen.
En décembre 2014 Moscou organisait des exercices militaires impliquant 9 000 hommes et 55 navires de guerre dans l’enclave de Kaliningrad/Königsberg que la Russie a conservé depuis 1945. Ce territoire, allemand depuis des siècles, est situé entre la Pologne et la Lituanie.
Elles ont suscité les protestations de la Pologne, de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie.
On sait d’autre part que la “doctrine” exprimé par le pérsident russe invoque un droit d’assistance aux minorités russophones. Dans les trois républiques la question des “russophones” est un legs de la russification poursuivie frénétiquement par la Russie des Soviets.
En Lettonie, il en résulte certes aujourd’hui une forte minorité, et elle est représentée par 24 députés sur 100 au parlement de Riga. Mais lorsqu’en 2012, un référendum a proposé plusieurs amendements à la constitution de la Lettonie pour faire du russe la deuxième langue officielle du pays. Cette proposition a été rejetée par 74,8 % des participants.
En juin 2014, de passage à Tallinn, la capitale estonienne, Barack H. Obama avait renouvelé la promesse de son prédécesseur George Bush en déclarant : “La défense de Tallinn, Riga et Vilnius est aussi importante que celle de Berlin, de Paris et de Londres.”
En effet les républiques Baltes appartiennent à l’OTAN. Or, aux termes de l’article 5 du traité de l’Atlantique-Nord, toute attaque dirigée contre l’une d’entre elles sera considérée comme une attaque contre tous les membres de l’Alliance. Et tous les membres de l’alliance devront donc voler à son secours.
Les réassurances prodiguées par l’OTAN n’ont cependant pas appaisé les inquiétudes baltes. Les trois républiques ont décidé de doubler leur budget militaire d’ici à 2020.
“L’agression de la Russie contre l’Ukraine a fait revenir certains politiciens à la réalité, leur faisant voir l’importance de financer la défense”, déclarait ainsi le 28 mars 2014 le ministre lituanien de la Défense, Juozas Olekas. Les partis politiques lituaniens ont signé le lendemain un accord en vue de porter d’ici à 2020 le budget de la défense de 0,8 % actuellement à 2,0 % du PIB. En Lettonie la ministre de la Défense, Raimonds Vejonis, réitérait de son côté, le 27 mars, devant une commission parlementaire la promesse de porter de 1 % l’an dernier à 2 % du PIB en 2020 les dépenses militaires du pays.
Et la Lituanie, qui l’avait abandonné en 2008, quatre ans après son adhésion à l’Otan envisage de rétablir le service militaire obligatoire.
– En Estonie, le service militaire est toujours obligatoire.
– La Lettonie envisage pour sa part d’accroître les effectifs de l’armée pour les faire passer de 2 000 à 7 000 hommes.
On pourrait se borner à constater, à l’instar du journal d’Oslo que “les pays nordiques font front commun face à cette situation et approfondissent leur coopération”.
Au-delà des actuelles pressions russes, qui se trouvent encouragées par la faiblesse des réactions, c’est bien face à l’ensemble des défis à la sécurité européenne que représentent aussi bien les pressions sur l’est de l’Europe, que les bombes migratoires en Méditerranée, que les ambitions néo-ottomanes de la Turquie réaffirmées dans les Balkans ou que les attentats islamo-terroristes sur tout le Continent, que l’on doit exiger de l’ensemble des pays européens qu’ils suivent l’exemple de l’Europe du Nord et qu’ils relèvent le niveau de leur effort militaire.
> Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.
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