Quatre commissaires de l’UE, qui assurent l’intérim depuis les élections européennes de mai dernier, en attendant la constitution d’un nouveau collège en novembre, seront rétribués plus de 500 000 euros, nous apprend Der Spiegel.
La Luxembourgeoise Martine Reicherts, le Polonais Jacek Dominik, l’Italien Ferdinando Nelli Feroci et le finlandais Jyrki Katainen, les 4 commissaires en question, ont été nommés par les Etats membres pour remplacer les 4 commissaires qui ont été élus députés européens lors des élections européennes.
Trois de ces commissaires provisoires seront remplacés dès le 1er Novembre par les commissaires qui siégeront dans la Commission désignée par Juncker. Le quatrième, Jyrki Katainen, intégrera définitivement la Commission au terme de cette période d’intérim.
Le salaire qu’ils percevront pour ces 4 mois de travail est le résultat d’un calcul effectué sur la base de donnes publiques, englobant le salaire mensuel proprement dit, plus diverses indemnités. Le quatuor bénéficiera d’un traitement mensuel de 20 832 à 23 147 euros mensuels, de deux mois de salaire additionnels à titre d’indemnité d’installation, d’une indemnité de dépenses et de résidence de près de 100 000 euros.
Mais ce sont surtout leurs droits à la pension pour cette contribution qui sont particulièrement élevés, puisque pour ces 4 mois d’activité, ils recevront 40% de leur salaire de base pendant 3 ans, soit près de 300 000 euros. Cet avantage s’applique à tous les commissaires, et il n’est pas conditionnel du temps passé à la Commission.
Selon Pieter Cleppe du think-tank bruxellois Open Europe, cette compensation de l’UE est totalement obsolète, et il affirme que les commissaires assurant des intérims ne sont pas censés pouvoir y prétendre.
L’année dernière, le Vice-président de la Commission, Maroš Šefčovič, avait expliqué au journal allemand Süddeutsche Zeitung que la politique de salaires élevés de la Commission permettait d’attirer les meilleurs talents.
« Mais payer des politiciens presque autant que des cadres dirigeants d’entreprises géantes, cela n’a rien à voir », dit Cleppe. Il pense que la Commission ne réalise pas qu’elle doit changer son système de rétribution. « Cela contribue seulement à montrer que beaucoup d’officiels de l’UE ne sont pas convaincus par le projet européen. Sinon, ils se rendraient compte que leur comportement nuit à l’image de l’UE. A partir de là, ils comprendraient que l’UE doit adapter son propre système de salaires pour s’adapter à celui des officiels nationaux. »
Cleppe avait déjà commenté ce qu’il pensait du fonctionnement administratif de l’UE sur la question des salaires à l’occasion de l’annonce de leur augmentation en toute discrétion, en mars de cette année :
Elle forme une caste administrative, dans laquelle les vrais propriétaires à ce niveau de gouvernement, à savoir les États membres, ont perdu le contrôle ».