Ruines d’hier, déchets d’aujourd’hui…

Par Charles Chaleyat

Depuis la plus lointaine préhistoire, les hommes laissent derrière eux, des déchets-ruines et, parallèlement pour la plupart, les oublient…

Nous avons ainsi créé des poubelles: amas de coquillages (kjoekken-modding de Téviec), amas de déchets de taille de la pierre (grottes du Périgord), monceaux de tessons de poterie formant des collines (tells et tumuli du Moyen-Orient); des ruines diverses (fosses, remparts, palais, monuments plus ou moins gigantesques), tombeaux colossaux (pyramides, alignements de menhirs, mausolée du premier empereur Qin…), statues géantes (île de Pâques), et des marques paysagiques: voies romaines et centuriations, terrasses, canaux, etc., peu à peu enfouis dans la végétation et les sols.

Climats, érosions, événements telluriques (tsunami, volcans, tremblements de terre, inondations) et ravages humains (sac de Rome, du Palais d’Eté, incendie des Tuileries, incendie de Varsovie…) s’associent à l’oubli pour ensevelir, bouleverser, détruire ces traces, plus ou moins belles comme Angkor, Borobudur, Pompéi.

Longtemps les hommes délaissèrent partie de leurs traces. Ainsi, après la mort de Louis XIV, le duc de Noailles proposa-t-il de faire raser le chateau de Versailles!

C’est que le souci du passé représenté par ces ruines (appelées alors patrimoine) est très moderne, quoique curieusement associé à une indifference générale envers celles-ci, comme à l’ignorance plus ou moins voulue des déchets actuels. Car nous continuons à semer, disperser et oublier les déchets de nos activités, sauf peut-être les plus dangereux venus de la Grande Guerre dans le Nord de la France.

Le 7ème continent ou 3,5 millions de km2 de déchets !

Tout en prescrivant les premières timides protections du patrimoine, l’ère moderne en a aggravé la destruction et accéléré l’ère des dépotoirs, tant nous fabriquons tellement plus d’objets tellement plus résistants et non-biodégradables!

De nos jours, un garage souterrain a plus d’importance que des thermes romains et un lotissement qu’une belle colline fortifiée de l’Age du Fer au Pays de Galles (Old Oswestry). Autoroutes, TGV et grands travaux exhument et détruisent des foules de sites que l’INRAP s’efforce de sauver avant l’arrivée des promoteurs: course de vitesse entre le fric et la culture où, une fois de plus,  nos élus ne rutilent pas d’amour du patrimoine.

Enfin, quelques projets de récupération/destruction/recyclage  commencent à poindre et paraitre rentables. Au milieu de ces projets, qui ne rêverait de voir disparaître ce 7è continent de 3,5 millions de km2, de déchets plastique, errant dans l’océan Pacifique, entre Californie et Hawaï ?

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