Le précédent de Chypre et la crise grecque ont fait surgir, chez les Français, la crainte que l’État pourrait un jour être amené à taxer les dépôts bancaires sans préavis dans le but de solder la dette nationale. Le Fonds monétaire international ne s’en cache pas ; il va même jusqu’à préconiser cette solution. Même si la probabilité qu’une telle mesure soit imposée avant 2017 est quasiment nulle, il faut le dire, ce risque existe. Mais sans parler de la taxation des dépôts, le risque existe aussi que la France soit contrainte, un jour, de quitter la zone euro ou que l’euro disparaisse, avec une forte dévaluation à la clé. Enfin, il est tout à fait possible, si ce n’est probable, que la Banque centrale européenne poursuive sa politique de rachats de titres (la planche à billets) bien au-delà de 2016 et précipite, ainsi, la chute de l’euro. Bref, l’épargne des Français logée aux guichets des banques françaises sur le territoire français n’est pas en sécurité.
Il existe, pourtant, une astuce très simple pour la protéger, tant contre une imposition intempestive que contre une dépréciation brutale de l’euro ; un moyen parfaitement légal et sans risque. Il s’agit, tout simplement, d’ouvrir un compte courant multidevises, à l’étranger, de préférence hors zone euro (Suisse, États-Unis ou Royaume-Uni), mais pas obligatoirement. Cette opération que peu de banques françaises vous suggéreront spontanément peut s’accomplir sans avoir à se déplacer à l’étranger, juste par Internet. Dans la plupart des cas, le demandeur n’aura qu’à télécharger le formulaire ad hoc, le signer et une fois scanné, le renvoyer par courriel en l’accompagnant des pièces justificatives. Après étude du dossier, le demandeur recevra par courrier ses codes d’accès et ses moyens de paiement. Un simple virement dans la monnaie choisie (euro, dollar américain ou autre) validera définitivement l’ouverture du nouveau compte. La seule contrainte que l’État impose est d’en faire état dans la déclaration d’impôt.
De nombreuses banques étrangères proposent ce genre de service, mais pas uniquement des banques. Les plus avisés d’entre nous pourront avantageusement ouvrir un compte chez un courtier en devises (10.000 euros sont suffisants). Un compte chez un courtier en devises n’offre pas la possibilité de disposer d’instruments de paiement mais, en revanche, permet d’effectuer des opérations de change et même de Bourse directement sur son ordinateur personnel, en temps réel, au prix du marché interbancaire, soit à un bien meilleur cours que par le truchement d’une banque. Avant d’ouvrir un compte chez un courtier en ligne, le demandeur pourra se familiariser avec les outils informatiques mis gratuitement à sa disposition au moyen d’un compte virtuel de démonstration. Je rappelle que le courtier n’étant qu’un prestataire de services, les fonds qui lui sont confiés sont en fait déposés auprès d’une banque, en général une grande banque anglo-saxonne.
Il conviendra, bien sûr, de choisir sa banque ou son courtier avec soin, les premières sur leur solidité financière, les seconds sur leur réputation. Une large documentation est disponible en ligne sur ce sujet.
La liberté totale des mouvements de capitaux est bien souvent rendue responsable de l’excessive financiarisation de l’économie, avec toutes les conséquences néfastes que cela comporte. On oublie que cette liberté est offerte à tous, et pas seulement aux nantis, aux fraudeurs et aux puissants, encore faut-il le savoir et en tirer parti.
Christophe Servan* – Boulevard Voltaire
*Gestionnaire de fonds d’investissement