Les démographes et les statisticiens nous assurent depuis plusieurs années que les Blancs des Etats-Unis deviendront une minorité parmi d’autres en 2040. Sous la forte poussée de la natalité des Hispaniques – déjà plus de 60 millions dans ce pays – et sous l’irrépressible invasion des immigrants illégaux qui violent les frontières au rythme moyen de 3 000 par jour, les Blancs, qui composaient, en 1960, 90 % de la population, perdront la majorité dans une génération. Une perspective bouleversante qui s’apparente à une véritable révolution sociologique, politique, culturelle, économique. Une révolution à laquelle chacun ici pense plus ou moins sans en parler, comme si cet événement, par son énormité, était devenu en filigrane une sorte de tabou. Un tabou obsédant. Et pour les Blancs, déjà sensibles au métissage ambiant, un grand saut dans l’inconnu.
Dans l’inconnu, vraiment ? Pas tout à fait. Car, de cette perte du statut de majoritaires qui les guette dans une génération, ils peuvent avoir d’ores et déjà une idée assez précise à travers le spectaculaire changement qui affecte dès aujourd’hui tous les établissements d’éducation primaire. Pour la première fois, en cette rentrée scolaire de 2014, les élèves blancs se trouvent minoritaires (49,8 %) dans leurs propres écoles.
C’est le National Center for Education Statistics qui publie cette proportion en dessous de la barre fatidique des 50 . Les Blancs changent de statut : ils ne sont plus, devant le tableau vert et les rangées de pupitres, que la plus importante des minorités américaines. Dans le reste du pays, cette révolution ne s’imposera que dans une bonne vingtaine d’années. Mais dans les filières de l’enseignement public, elle est déjà là. Les raisons, on les connaît : forte natalité des Hispaniques, qui regroupent déjà 25 des élèves mais dont le nombre augmente chaque jour avec le flot des clandestins. Les Noirs comptent pour 15 , les Asiatiques pour 5 , les Indiens et les « autres » pour 5,2 %. Cette diversité qui est parfois poussée à l’extrême – certaines écoles de New York vibrent aux accents de plus de 80 langues ou dialectes différents – pose un colossal défi aux directeurs d’établissements. Ils croulaient déjà sous le nombre. Voilà maintenant qu’ils suffoquent sous l’hétérogénéité. Il faudra, se lamente l’un d’eux, tripler les crédits pour recruter des traducteurs destinés à encadrer les parents d’élèves, multiplier les cours de rattrapage l’été pour aider les traînards en anglais et muscler les cantines afin d’obtenir une palette culinaire représentant les trois-quarts de la planète.
Mais le plus important défi est celui qui est lancé à la culture américaine. Déjà fragilisée par une universalité qui l’a popularisée en même temps qu’elle l’a banalisée, cette culture au sens le plus large ne résistera pas aux coups de boutoir de cette diversité chaotique, envieuse, méprisante. Que restera-t-il dans le cerveau de ces millions de têtes brunes des écrits d’Hemingway ou de Jack London, des faits et gestes des héros de l’indépendance, des enseignements originaux d’une liberté passionnément vécue ? Que restera-t-il du pays hôte, dans la mesure où l’on aura plutôt tendance à surprotéger la personnalité de ceux qui viennent de submerger les Blancs ? Et comme si cette immersion de ceux qui ont véritablement créé ce pays n’était pas suffisante, on annonce l’inscription obligatoire dans les écoles – ordre suprême du globalisme – d’une première vague de 50 000 jeunes hispaniques. Il s’agit des enfants récupérés ces derniers mois aux frontières de l’Arizona et du Texas. Ils étaient seuls, sans parents, sans soutien, et l’Amérique compatissante leur a ouvert ses portes. On en attend encore 90 000 d’ici à la fin de l’année. On trouvera bien une place pour eux dans des écoles déjà surchargées. Au cours de 2015, 150 000 de plus pourraient encore se présenter aux frontières. On finira par construire des écoles où les Blancs ne seront plus que la minorité des minorités.
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