Propos recueillis par Catherine Robinson
Plus qu’une biographie, le Pétain paru aux éditions Pardès dans la collection « Qui suis-je ? » est un outil de combat. L’auteur, Gérard Bedel, après avoir rapporté les grands traits de la vie et de la carrière du Maréchal, s’est engagé à revoir le mythe résistancialiste et à rendre au chef de l’Etat français la place que l’histoire lui réservera un jour. – C.R.
— D’aucuns prétendent dissocier le Pétain de Verdun avec celui de Vichy, cette vision des choses est-elle crédible ? N’est-ce pas, au fond, toujours le même homme qui fait don de sa personne en toutes occasions ?
— Opposer le Pétain de Verdun et celui de Vichy est complètement artificiel. Pendant la guerre, Pétain obéit aux ordres. Joffre le nomme à Verdun parce qu’il pense qu’il est le meilleur pour ce poste ; il obéit et gagne la bataille, grâce à une méthode qu’il a méditée.
En 1940, comblé d’ans et de gloire, il accepte de se sacrifier. Rien ne peut s’ajouter à sa gloire, sinon le sacrifice. Qui pourrait penser, à part un imbécile, que le chef des armées françaises victorieuses en 1918 serra avec plaisir la main du caporal Hitler ?
— L’expérience de la Révolution nationale fut brève. Concrètement, quelles pouvaient être les marges de manœuvre du gouvernement de Vichy, encerclé d’une part par les gaullistes et les communistes et, d’autre part, par les collaborateurs et les Allemands ?
— Votre deuxième question est posée de manière excellente : la Révolution nationale fut une brève expérience, car le Maréchal ne connut que quelques mois d’indépendance. Les Allemands lui imposèrent rapidement leurs hommes, la collaboration pesa sur Vichy, les gaullo-communistes empoisonnèrent la vie de la France. La tentative de restauration de la société française par le Maréchal ne dura, en fait, que quelques mois.
— L’activisme enragé de De Gaulle, moins contre les Allemands que contre le gouvernement légal de la France, n’a-t-il pas été un facteur de guerre civile et d’affaiblissement de la société française ?
— De Gaulle aurait pu diriger une force française aux côtés des Anglais, mais il ne s’occupa que de guerre civile. Pour imposer son pouvoir politique, il livra la société française au communisme. Alors que le Maréchal était le rassembleur des Français face à l’épreuve de la défaite, De Gaulle fut le plus grand diviseur commun.
— Réhabiliter Pétain serait fatal au mythe fondateur du gaullisme républicain et à tous ses avatars, ne croyez-vous pas ?
— Une réhabilitation du Maréchal serait une condamnation du mythe résistancialiste qui est le fondement des républiques que nous subissons. Il faut redonner au Maréchal la place qu’il mérite dans notre histoire, non par vengeance, mais pour une véritable et féconde réconciliation des familles d’esprit qui forment notre pays.
• Qui suis-je ? Pétain par Gérard Bedel. Editions Pardès, 44 rue Wilson, 77 880 Grez-sur-Loing. 12 euros.