Maggie a un plan est une comédie américaine d’aujourd’hui, et spécifiquement de New York. La provenance géographique a son importance : il est question du milieu intellectuel progressiste de la côte Est des Etats-Unis. Il ressemble relativement à leurs correspondants européens, français en particulier. On ne participe pas du tout de ce milieu, mais, du moins sur le mode de la comédie, est présente une dimension d’autocritique salutaire pour le spectateur. Maggie a un plan vaut donc surtout pour la satire du milieu d’intellectuels, plus précisément d’universitaires de New York. Ils enseignent des sciences humaines à la réalité en définitive fort discutable, comme une mystérieuse anthropologie discursive…
Le film vaut pour sa description sociologique humoristique. Le cœur du propos amuse par contre nettement moins en soi : une jeune trentenaire, universitaire, décide, en l’absence de toute liaison durable pourtant, de « faire un bébé toute seule », en faisant appel à un donateur sélectionné, sans contact physique direct. Cette dernière bizarrerie épargne certes les scènes de sexe complaisantes habituelles, mais dévoile les préparatifs de fabrication d’enfants par des tubes, selon nous assez sordides. Et cela n’est certainement pas drôle, même si telle était peut-être l’ambition. Le géniteur a été sélectionné parmi les vieilles connaissances de la future mère célibataire, et choisi pour ses dons en mathématiques, très prononcés. Cet eugénisme évident est tempéré dans la comédie par l’absence de réussite du personnage, cultivateur et expéditeur de cornichons labellisés. La future mère rencontre pourtant in extremis un homme, ou plutôt le prend à sa femme, ce qui perturbe le plan. Lassée, elle décidera d’essayer de le rendre à sa femme, qui risque pourtant de ne plus en vouloir.
Ces adultes, tous universitaires, font preuve d’une immaturité psychologique étonnante, et hélas bien réelle, générationnelle. Ce défaut majeur s’accompagne d’un égocentrisme fondamental, que ce soit pour le conjoint ou concubin, ou pour les enfants, qui devraient avoir le droit à un foyer stable. Cette légèreté agace pour tout dire, d’autant qu’aucun des personnages n’est monstrueux ou apparemment dangereux ; le couple, la famille, sont ramenés à une approche consumériste individuelle, à dissoudre lorsque le déplaisir surpasserait le plaisir. Maggie a un plan a donc valeur de témoignage, plus profond qu’il n’y paraît. Ce qui n’est guère réjouissant.
Enfin il reste que le contexte dans lequel évoluent les personnages, et dans une certaine mesure les caractères, eux, sont réellement amusants.
Lu sur Réinformation TV