Le chanteur franco-arménien Charles Aznavour estime que le terme de “condoléances” utilisé par le Premier ministre turc, dans son message “aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915”, doit être lu “non comme une reconnaissance et encore moins comme une présentation d’excuses”.
“L’humanisme qui doit présider aux relations entre les peuples et plus largement entre les gens voudrait que cette déclaration soit un premier pas vers un dialogue qui nous était refusé depuis cent ans”, explique l’artiste dans un communiqué à l’AFP. “Pour autant, la prudence amènerait à penser que cette expression de condoléances est motivée par d’autres considérations que ce dialogue tant voulu pour la vérité historique”, poursuit le communiqué.
“Ne reconnaissant toujours pas le génocide, il faut donc lire, dans la déclaration de M. Erdogan, le terme de ‘condoléances’ non comme une reconnaissance et encore moins comme une présentation d’excuses, mais comme une simple volonté personnelle à vouloir se montrer un homme politique prétendument ‘ouvert'”, estime Charles Aznavour qui fêtera ses 90 ans en mai prochain.
“Il y a des causes qui ne méritent pas la demi-mesure et encore moins la moindre ombre d’hypocrisie”, affirme Charles Aznavour. “Le siècle écoulé fut un triste siècle pour l’histoire commune des peuples turc et arménien où les nôtres connurent les rapines, les meurtres, les viols et le sang, et ensuite le mensonge de la négation”, ajoute l’artiste.
L’Arménie évoque une “politique de déni total”
Faisant allusion à sa “nature optimiste d’éternel artiste”, il dit vouloir croire “en l’installation d’un dialogue entre les deux parties permettant de faire face aux réalités du fait historique”. “Aussi, par cette annonce et malgré les réserves exprimées, je veux encore pouvoir croire qu’Ankara a donc peut-être amorcé les prémices d’une humanisation de son histoire récente”, poursuit le chanteur qui a été nommé, en 2009, ambassadeur d’Arménie en Suisse, où il réside. Selon lui toutefois, le peuple arménien n’attend pas “aujourd’hui des condoléances dans de telle manière”.