Le président qui voulait vivre ses vies / François Hollande et ses femmes… les coulisses d’un vaudeville d’État…

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Dans Le Président qui voulait vivre ses vies (Fayard), Elise Karlin, journaliste à L’Express, raconte comment la vie privée de François Hollande perturbe, entache et parfois menace son quinquennat. Episodes d’un livre choc.

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[Extraits]

A l’Elysée, le président ne fait pas ce qui lui plaît

[…] Il arrive pourtant que François perce sous le président. Ainsi, le 14 juillet 2012, dans la première promotion de la Légion d’honneur du quinquennat, figure l’avocat Jean-Pierre Mignard, parrain des deux fils Hollande ; il est du cercle des vrais amis, ceux qui ont longtemps partagé l’insouciance des vacances à Mougins, la pagaille organisée lorsqu’il fallait encore jouer le taxi pour honorer toutes les activités des enfants – les cours de tennis, la leçon de natation. Dans l’Espace qui trimballe la marmaille, il y a des miettes de gâteaux sur les sièges et des papiers de bonbons par terre.

Unknown-17Jean-Pierre Mignard, homme de foi, homme de loi, penche vers Ségolène  Royal au moment de la séparation. D’autant que François Hollande, longtemps, cache même à ses plus proches qu’il y a une autre femme au moment de la séparation. D’autant que François Hollande, longtemps, cache même à ses plus proches qu’il y a une ae femme dans sa vie – une habitude chez lui, décidément. “Mais non, c’est des histoires!” répond-il à Jean-Pierre Mignard et à Jean-Pierre Jouyet qui l’interrogent un soir : “Ecoute, François, tout Paris bruit de ta liaison avec une journaliste deParis-Match… Est-ce que c’est vrai ? Tu comprends, ne serait-ce que vis-à-vis de Ségolène, il faut qu’on sache !”

Dans la vie, “François” a une philosophie : ses amours ne regardent que lui. Plutôt nier que déroger à cette règle, qui lui garantit sa liberté. Donc, il dément. Donc, il ment.

Casse-tête protocolaire à l’Élysée

[…] Le voilà donc [Jean-Pierre Mignard], ce 14 juillet 2012, promu officier de l’ordre de la Légion d’honneur. L’homme n’est pas insensible aux titres, au décorum un peu pompeux de la méritocratie républicaine. Mais qui pour accrocher la rosette au revers de son veston ? Il n’est pas question de prévoir la moindre sauterie officielle rue du Faubourg-Saint-Honoré, où Ségolène Royal n’a toujours pas droit de cité – le président n’est pas maître en son palais ; à l’Elysée, François Hollande ne fait pas ce qui lui plaît.Le 4 juin 2013, plus d’un an après l’élection présidentielle, Ségolène Royal a été barrée de la liste des invités pour la décoration du socialiste Jean-Louis Bianco, l’un des fidèles de la présidente de Poitou-Charentes. Jean-Louis Bianco, très ennuyé, a dû l’annoncer à Ségolène Royal, qui l’a pris avec philosophie : pas de drame, pas d’ennui.

Unknown-18Jean-Pierre Mignard exclut, lui, le pince-fesses à l’Elysée : les enfants du président ne souhaitent pas croiser sa compagne,Valérie Trierweiler. Or, l’avocat n’imagine pas être honoré sans qu’ils soient présents… Il prie Jean-Yves Le Drian, un autre des anciens des clubs Témoin, de lui remettre la décoration à l’hôtel de Brienne, où le ministre de la Défense a ses quartiers. Une date est choisie, une petite cérémonie arrangée, quelques invitations sont lancées. Las ! François Hollande a vent de l’affaire et fait savoir qu’il tient à célébrer lui-même la promotion de l’avocat. Rebelote : où l’organiser ?

Entre celle qui refuse la présence de l’ex et les enfants de l’ex qui refusent la présence de l’autre, le casse-tête est complet. Pas question d’ignorer le geste amical du chef de l’Etat, qui insiste ; pas question non plus de l’ennuyer avec des problèmes d’intendance ; pas question enfin de renoncer à ce que soient là Thomas et Julien Hollande, chers au coeur de leur parrain. Autant de situations privées qui conduisent à l’impasse. Fidèle à lui-même, le président laisse à d’autres le soin de trouver des solutions – il a envie de décorer son ami ; que le reste suive.

Tout se dénoue en Algérie, à l’hiver 2012, pendant le déplacement officiel du président de la République française. Mignard l’accompagne, membre de la délégation au titre de codirecteur de Témoignage chrétien – le journal s’est beaucoup engagé aux côtés des Algériens pendant les “événements”.

Et c’est là, à Tlemcen, le 20 décembre 2012, que François Hollande remet à son camarade les insignes d’officier de la Légion d’honneur, en présence de Valérie Trierweiler, puisqu’elle est du voyage. Le discours est amical, l’ambiance détendue. Paris, les soucis, tout est loin. Il est d’usage qu’on ne réponde pas au président – en revanche, rien n’interdit la musique : une chanson de Djurdjura, l’un des groupes traditionnels les plus célèbres en Algérie, vient clore la fête. Et, de retour à Paris, l’autre famille Hollande, en l’occurrence les deux fils, se retrouve au ministère de la Défense pour un apéritif parisien en l’honneur de la nouvelle rosette. Quelques millimètres de tissu ; des mois de négociations ; des trésors de diplomatie.

“Je fais savoir que j’ai mis fin…”

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A présent, il est contraint d’assumer l’entière responsabilité de la rupture. Un instant, Hollande a pensé pouvoir convaincre Valérie Trierweiler de signer avec lui le communiqué qui mettait “fin” au bas du parchemin. Un instant seulement : lorsqu’elle comprend enfin que la séparation est inéluctable, un peu plus d’une semaine après les révélations de Closer, elle lui signifie rudement qu’elle ne participera à aucun simulacre d’accord amiable. “J’aurais aimé que ce fût le cas”, regrette auprès d’un proche un président soucieux de ne pas afficher publiquement des dissensions privées. “J’aurais aimé que ce fût le cas.” Ce ne le fut pas.

“Il me jette?” dit-elle. Qu’il en supporte les conséquences. Qu’il montre enfin ce qu’il est, un homme qui trompe, qui trahit, un homme qui ment, un homme qui passe d’une femme à l’autre d’une nuit à l’autre. Il rêve de sobriété ? Il paiera pour son indignité. Jusqu’à la lie du calice!

“Je fais savoir…” Au téléphone, avec la journaliste de l’AFP, le chef de l’Etat répète que le moment est “douloureux”, invoque d’un ton grave le respect dû, la dignité. Ce n’est pas le président qui parle, répète-t-il, c’est François Hollande. Il commence à dicter : “François Hollande fait savoir…” Un peu ennuyée, son interlocutrice, qui le connaît depuis des années, le reprend : “L’entourage de François Hollande fait savoir ?

– Mais non, François Hollande fait savoir, puisque c’est moi qui t’appelle !

– Alors il faut dire “je”, sinon ça donne le sentiment que tu parles de toi à la troisième personne.”

C’est un détail, mais il change tout. La phrase paraissait sobre à la troisième personne, elle devient brutale. Trois fois “je” en dix-huit mots. Et l’impression, abrupte, que le président a tranché dans le vif. “Ne sois pas trop dur”, plaide pourtant, la veille, l’un de ses amis, qui redoute l’effet dévastateur de la sécheresse du propos : “Trouve une formule pour adoucir un peu !” En vain : les mots ne changeront pas. “Je fais savoir que j’ai mis fin…”

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Et si Valérie Trierweiler racontait Cahuzac?

Ne rien exclure – quel meilleur moyen de n’être exclue de rien ? Le 13 mars, Valérie Trierweiler voit longuement le directeur éditorial d’Albin Michel dans le restaurant du chef Cyril Lignac, Le Quinzième, tout proche de son domicile. Après tout, pourquoi pas? Reprendre le récit à sa main, réécrire l’histoire comme elle a revisité la campagne présidentielle de 2012, se redonner le beau rôle, celui d’une femme dont l’amour a porté un homme du bord du chemin au sommet de l’Etat… Qui l’en empêche ? Cécilia Attias, ex-Sarkozy, a bien connu le succès avec Une envie de vérité, son autobiographie parue à l’automne 2013 chez Flammarion : “Le portrait d’une femme libre, moderne, croyante et cosmopolite […] ; un livre digne et sincère, une leçon de vie”, s’enthousiasme Franz-Olivier Giesbert, le 15 octobre, sur le site du Point.

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De quoi donner de jolies envies à Valérie Trierweiler. De quoi donner de belles suées à l’Elysée. Ce ne sont pas tant les commentaires peu amènes qu’il a tenus en privé à l’égard des uns et des autres qui soucient François Hollande. Non. Parmi les aventures qu’il n’a surtout pas envie de voir tomber dans le domaine public, il y a plutôt, par exemple, ce rendez-vous resté secret chez lui, rue Cauchy, avec Jérôme Cahuzac, juste après les révélations du site Mediapart sur son compte suisse le 4 décembre 2012.

Au plus fort d’une crise qui fait vaciller le pouvoir, le chef de l’Etat veut une explication d’homme à homme avec le ministre délégué au Budget. Il l’évoquera plus tard devant quelques fidèles, pour constater à quel point il a été berné… “Je n’ai jamais mis les pieds là-bas”, prétend Jérôme Cahuzac aujourd’hui. Si tout le monde pouvait avoir la même faculté d’oubli !

Devine qui vient dîner avec des fleurs!

Elles sont (ré)apparues le même jour, le 28 février. A 20h35, Julie Gayet fait son entrée au Théâtre du Châtelet, où a lieu la 39e cérémonie des Césars. Smoking noir et escarpins, la comédienne, qui ne s’était pas montrée en public depuis la révélation de sa relation avec le président, affiche un sourire radieux. “Personne ne croyait à son arrivée, précise la légende de Paris-Match qui accompagne la photo de l’intéressée. Comme toutes les actrices, Julie sait ménager ses effets […]. Surgir là où on ne l’attend pas, cette blonde élancée en a fait sa spécialité.”

Deux heures plus tôt, Valérie Trierweiler est au premier rang du défilé Dior. Parce qu’il n’y a pas de hasard, et qu’il ne faut jamais laisser le champ libre à l’adversaire; parce que le meilleur moyen de minimiser un événement médiatique qui assombrit votre journée, c’est d’en créer un autre à côté… L’ex première dame a été à bonne école avec Ségolène Royal. Il est dit que, ce soir, on ne parlera pas que des Césars ! “Il n’est pire poison mortel que l’indifférence”, écrit-elle dans sa chronique de Paris-Match, le 16 janvier.

La voici donc tout sourire, ce dernier vendredi de février, qui quitte le musée Rodin. Elle est en noir, écharpe beige à la main; parfaitement coiffée, parfaitement maquillée, amincie, elle se prête longuement au jeu des photographes dans les allées du jardin. Avant de sortir ostensiblement un ticket de métro et de se diriger vers la station Varenne, parce que, confie-t-elle à l’un de ses voisins, “ce qui est bien dans le retour à la vie normale, c’est la vie normale”. Ce jour-là, elle a renoncé aux souliers à talons fins qu’elle affectionne pour des chaussures lacées, certes hautes, mais nettement moins périlleuses dans les escaliers de la RATP. Surtout lorsqu’on a prévu d’être suivie par des paparazzi.

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Avec Valérie Trierweiler, le contact n’a jamais été rompu

[…] Le temps est à l’apaisement, à la douceur d’un rapprochement. Avec François Hollande, le contact n’a jamais été rompu; mais depuis le déplacement présidentiel aux Etats-Unis, en février, le ton, dit-on, est de nouveau tendre et attentionné de la part du chef de l’Etat. “Presque du harcèlement!” s’amusent les amies de Valérie Trierweiler. Elle y goûte et ne s’en cache pas. Mi-mars, elle est à une fête qui dure jusqu’à l’aube ; on danse, on boit, on s’affale dans les canapés. “Tiens-toi bien, tu es quand même la première dame!” lui glisse l’un des convives. Ses détracteurs l’ont enterrée un peu vite : elle a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre.

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L’écho des échanges de textos entre Valérie Trierweiler et François Hollande porte loin : avec Julie Gayet, “ça sent la fin” titre Closer le 13 mars, qui a transformé ce feuilleton en filon. Le chef de l’Etat ne dit rien, ne dément rien. Aux très rares qui osent s’alarmer d’un rapide retour de flamme, il fait signe de ne pas s’inquiéter. Ce qui est en soi fort inquiétant, de la part de ce président.

[…] Se peut-il que reprenne la confusion des genres ? Autant Hollande apprécie la tranquillité, autant la solitude lui fait horreur. Or, plus que jamais depuis le 10 janvier, il est coincé, enfermé à l’Elysée. Il n’a même plus de chez lui puisque c’est elle qui vit rue Cauchy.

“Je suis seul à crever et je sais où vous êtes”, dit la chanson de Michel Berger. Depuis plusieurs semaines, le président se redécouvre attaché à Valérie Trierweiler. Il cajole son ex-compagne, multiplie les témoignages laissant penser que ses sentiments pour elle sont loin d’être éteints : début février, on voit le cadet des fils Trierweiler dans les couloirs de l’Elysée pendant la semaine que leur mère passe à l’île Maurice. En mars, Hollande arrive avec des fleurs un soir où il l’emmène dîner dans le restaurant corse que le couple affectionne, à deux pas de la rue Cauchy. Il imagine une vie avec “Valérie”, mais sans les ennuis, les tensions, les cris. Président le jour, seul ; heureux la nuit, avec elle. Elle attend, elle, une réhabilitation publique, un acte officiel, des garanties ; un retour en majesté. Se peut-il vraiment que tout recommence comme avant?

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Ségolène Royal: tout vient à point à qui sait attendre

Dans le même temps, à quelques jours des élections municipales de mars 2014, le chef de l’Etat a sollicité plusieurs de ses proches pour réfléchir à la place que pourrait occuper Ségolène Royal au gouvernement. La présidente de la région Poitou-Charentes lui semble l’une des seules qui, sur son nom, forte de son expérience politique et de sa popularité, soient de nature à redonner un peu de souffle à une équipe qui s’asphyxie. Elle aussi, en ce début de printemps 2014, est tout à fait éblouissante. Elle a surmonté les épreuves privées; tenue éloignée des affaires publiques depuis le retour de la gauche au pouvoir, elle n’a pas flanché – ni abattue ni disparue.

Critique, souvent, à l’égard du gouvernement, solidaire, parfois, de certains ministres, depuis deux ans Ségolène Royal est là, une voix entière autant qu’à part dans le paysage médiatique. Les Français ont du respect pour cette femme qu’ils ont vue gagner, perdre, aimer, rire, souffrir, pleurer, s’effondrer, se relever, tout recommencer. Sous des dehors affables et un sourire enjoué, l’ex-candidate a du métier, et le cuir plus épais qu’un alligator. Attentive à garder ses distances avec le marigot, elle est aujourd’hui relativement épargnée par le discrédit qui plombe ses amis socialistes.

Réparation publique, revanche intime : tout vient à point à qui sait attendre. Après l’avoir interdite d’Elysée ces deux dernières années, Valérie Trierweiler affirme l’avoir conviée à la projection privée du film consacré à la vie d’Yves Saint Laurent, le 8 janvier, au Palais de Chaillot! Drôle de bruit, d’autant qu’il serait faux : Ségolène Royal assure en tout cas ne pas avoir reçu l’invitation. Derrière les mots, elle ne voit que la communication. Entre ces deux-là, qui peut croire à la possibilité d’une réconciliation ? Il est bien tard pour regretter ses erreurs de jugement.

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