Hollande, un fin politicien… Vraiment ? « Hollande est trop fin politicien ! » Barbier a dit ça, à C’ dans l’air, le 19 août, le jour de deuil national de la rentrée du gouvernement socialiste. L’auteur de cette phrase, si mémorable et aussitôt oubliée, c’est l’homme à l’écharpe rouge, drapé dans l’étoffe des zéros pour cacher sa futilité. C’est le Barbier de Servile, qui croit à la vanité des médias, dénoncée par Jean-François Revel, et qui croit à la vanité de la « posture à la télé » et de « l’imposture médiatique« , en forme de médiocrité salariée.
C’est l’insignifiance du cireur de pompes du locataire de l’Élysée du moment, celui à qui on veut plaire pour entrer dans les grâces hypocrites du Palais. Il n’a pas eu la chance du « cireur de chaussures personnel » d’Aquilino Morelle, recruté aux frais de la présidence de la république normale, qui somnole à l’Élysée.
Avec la présidence normale exemplaire, le cireur de chaussures a été employé à des missions, non pas secrètes au service de l’État, mais seulement privées. C’était pour un copain de Hollande, un gars de la soi-disant république socialiste exemplaire. En réalité, un pied-tendre, un adepte de la gabegie socialiste, un réfractaire aux économies, comme la dame Saal : « C’est pas cher, c’est l’État qui paye ! »
On a lu dans la presse : L’exemplarité, c’est ce qu’avait promis notre trop fin politicien normal et peu présidentiel : « Moi président, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire », avait-il déclaré entre les deux tours de la présidentielle, en 2012. Ce président « normal », qui avait tant raillé la manière dont son prédécesseur avait étalé sa vie privée, n’a pas mis deux ans pour faire pire encore : les chaussures de son conseiller, le scooter, les croissants à une heure avancée de la matinée. Pour quelqu’un qui s’était engagé à faire reculer un chômage en augmentation perpétuelle, ce détail de son emploi du temps révélé par Closer a montré à quel point il était toujours sur la brèche, au service de l’intérêt général… »
Jean François Revel, ancien directeur de la rédaction de L’Express, a décrit cruellement le métier de journaliste, dans les mémoires du Voleur dans la maison vide, comme le plus jeune métier du monde, destiné à tromper, manipuler, propager des rumeurs, mentir…
« Je n’ai vu aucune profession plus aveugle devant l’écart qui sépare sa pratique de ses principes, plus mal renseignée sur elle-même, plus incurieuse et plus dissimulatrice de son propre fonctionnement…
« Chaque rédacteur d’un journal est à ce point ébloui par le pouvoir, réel ou supposé, qui lui est échu, qu’il perd quelquefois tout sens critique sur son propre talent, sa propre compétence, sa propre probité.
« Les plus médiocres versent d’autant plus dans ce défaut qu’ils répugnent à être jugés sur la qualité de leurs articles, sachant que ce critère leur serait fatal. Dans certaines rédactions dégradées par une longue incurie et lacérées par les intrigues, on voit les mauvais journalistes dénigrer et persécuter les bons, tant ils craignent que l’accent mis sur la qualité ne menace leur emploi… Je n’ai pas la bile assez noire pour définir la rédaction (que j’ai connue) en mauvais état de marche (comme) une anarchie haineuse… Un journal peut glisser dans un chaos presque incurable s’il cesse d’être dirigé avec cette vigilance quotidienne qui prévient les abus féodaux, la formation des chapelles, les embauches d’incapables et les guérillas entre coteries…
« L’humeur où se convulsait la rédaction m’aida à comprendre que toute considération sur le journalisme en général et, à plus forte raison, sur la communication en soi, n’est que bavardage creux.
« Diriger un journal constitue un art ou une technique à réinventer (chaque jour). La tâche la plus ardue… consiste à intéresser à un hebdomadaire assez de lecteurs pour le rendre rentable (Il s’agit d’enrayer la chute des lecteurs, du fait des caprices légendaires des journalistes)… Mon effort tendait à ramener les lecteurs qui nous avaient abandonnés… (du fait) des inconséquences, des illogismes et des pesanteurs d’une rédaction pachydermique de 131 collaborateurs… (Mais) définir la formule du journal, en fixer les orientations, choisir ses collaborateurs (pour) leur qualité… se heurte au maquis des « situations acquises ».
« Je ne pouvais compter que sur une trentaine ou une quarantaine pour faire le Journal. La plupart des autres (étaient) aussi peu capables que peu désireux d’enquêter et d’écrire… Un des méfaits du journalisme, c’est que les membres de la corporation n’acceptent pas l’idée qu’ils exercent un métier à risques, où l’on doit mériter sa place par son talent ou, du moins, par une compétence indiscutable dans un domaine précis…
« Un directeur de journal ne peut se défaire d’un journaliste qu’il juge mauvais, sinon en surmontant d’épuisantes résistances et en affrontant des remous préparés avec raffinement et des assemblées générales truquées, qui perturbent le travail d’une rédaction pendant des semaines.
« Les journalistes talentueux sont de rapport facile. Ils savent qu’on tient à eux… Le cauchemar directorial vient des mauvais. Sachant, dans leur intime conviction, que leur journal n’a jamais eu de motif de les embaucher, sinon par égarement, complaisance ou piston, ils perpétuent au moyen d’intrigues tenaces le miracle d’avoir été (embauchés). Ils emploient toute leur énergie à se cuirasser contre le licenciement. Ils consacrent à cette tâche les forces que la nature leur a refusées en vue de la confection d’articles…
« Cette guerre de tranchées, qui figeait dans l’immobilité une rédaction pléthorique et partiellement inerte, avait, (comme) néfaste conséquence, d’interdire quasiment l’embauche de nouveaux journalistes, en particulier de donner leur chance à de jeunes débutants. Une rédaction doit se revivifier périodiquement…
« Un directeur doit pouvoir composer selon ses vœux, au moins dans ses parties essentielles, l’équipe avec laquelle il va travailler. Mais, ce n’était presque pas réalisable… sous peine de susciter des mutineries d’autant mieux organisées que la plupart des médiocres à éconduire étaient, comme par hasard, des militants syndicaux, ou délégués du personnel. Ils n’avaient à la bouche que les mots « défense de l’emploi« , mais en fermaient hermétiquement l’accès à leurs jeunes confrères impatients de faire leurs preuves… Les mots « défense de l’outil de travail » incarnaient la principale cause de la décrépitude de cet outil.
« Je ne leur contestais pas, certes, le droit de gagner leur vie, mais celui de s’obstiner à tout prix à le faire dans un métier pour lequel ils n’étaient pas doués, barrant ainsi à leurs cadets la route de l’embauche. J’ajoute que ces cadets eux-mêmes adoptaient prestement la mentalité de leurs aînés. « Donner sa chance à un jeune », ce n’est pas l’expression qui convient car, au bout de trois semaines, le jeune, abandonnant toute notion de « chance », donc de risque, se considérait comme un journaliste chevronné… » (embauché à vie).
Thierry Michaud-Nérard – Riposte laïque