Les villes françaises, au lendemain d’un xvie siècle marqué par la Réforme et les guerres de religions, se couvrent d’un « blanc manteau » de couvents et de monastères. Paris, nouvelle Rome, est exceptionnelle et exemplaire : capitale politique et culturelle, la ville porte une dynamique religieuse rayonnante. Les fondations nouvelles, suscitées par la réforme catholique, se multiplient à côté des anciennes abbayes médiévales qui exercent leurs droits seigneuriaux sur une grande partie du territoire urbain.
Congrégations et ordres religieux sont des acteurs essentiels de la vie de la cité. Au coeur de la spéculation immobilière, leurs terrains sont l’objet de convoitises et chacun de leurs établissements représente un potentiel de production, de consommation, d’emploi et d’assistance. Les réguliers participent aux cérémonies civiques et portent les prières de la cité. Protégés des rois et des grands, conscients de leur pouvoir et de leur influence, ils contribuent pourtant à l’insurrection de la Ligue et prennent une part décisive à la dynamique de la réforme catholique par le biais de leurs prédicateurs et confesseurs. Avec eux, les Parisiens, et les Parisiennes, atteignent un taux d’alphabétisation très supérieur à la moyenne nationale. Paris doit également à leurs bibliothèques et à leurs savants une bonne part de son rayonnement dans la République des Lettres.
Grâce à Bernard Hours, nous comprenons mieux comment ces femmes et ces hommes, qui ont voulu vivre hors du monde, ont aussi été des acteurs incontournables de la vie culturelle, économique et sociale de la cité.