A l’occasion de la polémique sur la provocation du pseudo-artiste Paul McCarthy, Jean-Louis Harouel, professeur de droit à Paris II Panthéon-Assas et auteur notamment de La grande falsification. L’art contemporain, (Editions Jean-Cyrille Godefroy), répond aux questions du Figaro.fr :
“Les prétendus «artistes contemporains» sont des bouffons interchangeables, auteurs de bouffonneries interchangeables. Ceci pour une raison très simple: il n’y a en réalité pas d’œuvre, pas d’art. L’art contemporain repose sur deux dogmes: le remplacement de l’art par l’artiste sacralisé ; le remplacement de l’œuvre par n’importe quoi. On devrait parler de non-art contemporain (NAC).
Depuis la cuvette d’urinoir présentée par Duchamp comme «sculpture» voici un siècle, n’importe quoi peut servir d’œuvre. On prétend que derrière cela se cache une idée géniale, une pensée prodigieuse, que ces soi-disant artistes communiquent avec l’âme du monde, le sacré, nous disent quelque chose de l’être, de la vie. Le directeur du Musée d’art moderne, Jean de Loisy, place le rapport au prétendu «art contemporain» dans le registre de la foi. Si vous l’avez, vous comprendrez la «sculpture» de Duchamp. Dans le cas contraire, vous n’y verrez qu’un urinoir, et ne pourrez jamais comprendre. Tout comme pour l’hostie, avec la foi, on assisterait à une transsubstantiation de la chose présentée, qui ouvrirait la voie vers quelque chose de supérieur, de mystérieux: à «un monde nouveau». La bouffonnerie du NAC possède une dimension religieuse sécularisée.
On veut légitimer le non-art contemporain en essayant de le mettre au même niveau que le grand art du passé. La confrontation repose sur le postulat d’un dialogue entre le prétendu «artiste contemporain» et les grands artistes de jadis. Or il n’y a aucun dialogue possible, mais une lamentable pollution des grands lieux du patrimoine artistique et historique. Tout cela cache une logique mercantile. Une invitation à Versailles, au Louvre ou place Vendôme constitue un grand coup d’accélérateur dans une carrière. Cela fait exploser la cote du bénéficiaire C’est tout ce qui compte.
Cette pollution des hauts lieux classiques profite à l’étroite classe mondiale des milliardaires incultes qui investissent dans les inepties de ces soi-disant «artistes». Ils ont tout intérêt à ce que les prix s’envolent, pour pouvoir revendre avec bénéfice les «œuvres» qu’ils détiennent. Le prétendu art contemporain joue le même rôle pour eux que, par le passé, les bons du Trésor américain: un placement à court terme dans une optique purement financière.”
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