Mis sous pression, le gouvernement a décidé d’ajourner la ratification du traité de cogestion de l’île de Tromelin avec l’Ile Maurice. Une pétition sur internet a notamment révélé l’engouement de nombreux Français pour cet îlot de l’océan Indien. L’accord de cogestion sur l’île de Tromelin entre la France et l’île Maurice qui devait être débattu le 18 janvier à l’Assemblée nationale a finalement été retiré le 17 janvier de l’ordre du jour de l’Assemblée.
Contesté notamment par la droite et le Front national mais aussi par le Medef, ce projet de loi visait à autoriser l’approbation d’un accord-cadre entre le gouvernement français et les autorités mauriciennes sur la cogestion économique, scientifique et environnementale de Tromelin et ses espaces maritimes environnants.
«Nous nous félicitons que le gouvernement ait écouté nos légitimes arguments, entendu l’exceptionnelle mobilisation populaire […] et les très nombreux messages de soutien, et qu’il ait finalement fait preuve de sagesse en retirant de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale la ratification de cet inique et dangereux traité de cogestion de l’île de Tromelin», ont par ailleurs indiqué dans un communiqué de presse commun les députés Philippe Folliot (UDI), Laurent Furst (Les Républicains) et Gilbert Le Bris (PS).
En quelques jours, une pétition intitulée L’île de Tromelin doit rester française ! et lancée sur le site internet change.org par ces trois députés avait recueilli plus de 11 000 signatures, témoignant d’un intérêt inattendu pour la petite île française de l’océan Indien.
«Les patriotes ont fait reculer le gouvernement !», a célébré de son côté le Front national, résolument opposé au projet de loi au nom de la souveraineté française. Il y a une semaine, Marine Le Pen, présidente et candidate du FN aux élections présidentielles, avait interpellé le Président et le Premier ministre de manière solennelle en leur indiquant : «Les quelques semaines de vie qui restent à l’actuel gouvernement ne l’autorisent pas à brader une parcelle du territoire national.»
Une source diplomatique a néanmoins justifié auprès de l’AFP le retrait du projet de loi en raison du «débat irrationnel [qui] s’est emparé d’un certain nombre de groupes politiques».
1 500 mètres de long sur 700 de large et… 285 000 kilomètres carrés de Zone économique exclusive
L’île de Tromelin, à 520 kilomètres au nord de La Réunion et découvert par un navigateur français en 1722, est actuellement gérée par l’administration des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Revendiquée par l’île Maurice depuis 1976, la question de la souveraineté de l’île n’a cessé d’empoisonner les relations entre les deux pays.
La convoitise autour de cet îlot des îles Eparses réside essentiellement dans le domaine maritime conférée par l’île de Tromelin, soit 285 000 kilomètres carrés dans l’océan Indien, c’est à dire 2,8% du total de la Zone économique exclusive française (ZEE). La gestion des réserves halieutiques est notamment une des questions épineuses liée à ce petit bout de France.
Pas moins de 20 années de négociations ont été nécessaires pour qu’un accord soit signé le 7 juin 2010, prévoyant une «cogestion» économique, scientifique et environnementale. Adopté au Sénat en 2012, puis en commission à l’Assemblée au printemps 2013, le texte avait déjà été retiré de l’ordre du jour de la séance publique en 2013, et n’avait jusqu’alors jamais été réinscrit.