La Cour des comptes frappe les trois coups pour fustiger la gestion des théâtres nationaux. Elle demande aux fleurons de la culture, tels que la Comédie-Française, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, le théâtre de la Colline et le Théâtre national de Strasbourg – de rationaliser leur gestion « dans un contexte budgétaire contraint ». La Cour estime que « s’ils ont conservé le niveau et l’excellence de leurs créations, c’est au prix d’un subventionnement massif de l’État qui ne peut, dans un contexte budgétaire contraint, continuer à assurer seul la pérennité du système ».
Entre 2006 et 2014, les quatre théâtres ont reçu 458,23 millions de subventions, soit 71 % de leurs ressources.
(…) La Cour recommande plusieurs mesures : conclure pour chaque théâtre un contrat de performance, accroître la diffusion des spectacles et le nombre de tournées, réduire les places gratuites (11 % en moyenne dans les 4 théâtres, mais 20 % à la Colline).
Elle épingle sévèrement le coût des changements de directeurs : indemnités de départ astronomiques, superposition des salaires de l’ancien et du nouveau directeur, etc.
(…) Exemple : lors des tournées, les techniciens de la Comédie-Française voyagent en première. Sur l’ensemble des 4 théâtres, le personnel technique pèse plus lourd (39 % des effectifs et 32 % des dépenses de personnel en 2014) que les rémunérations des artistes (16 % en 2014). La Comédie-Française en prend pour son grade : elle bénéficie d’une trop grande autonomie, avec sa « Société des comédiens français » et son système du « partage » des bénéfices des spectacles entre les artistes.