Henning von Tresckow, l’âme de la résistance militaire

« Je tiens Hitler pour l’ennemi juré, non seulement de l’Allemagne, mais du monde entier, écrivait Henning von Tresckow dans sa dernière lettre. Quand d’ici quelques heures je paraîtrai devant le tribunal de Dieu, pour rendre compte de mes actions et de mes omissions, je crois pouvoir défendre en toute conscience tout ce que j’ai fait pour combattre Hitler… »

Issu d’une longue lignée d’officiers prussiens, fils d’un général de cavalerie et gendre du général von Falkenhayn, Henning von Tresckow, qui avait vu le jour à Magdebourg en 1901, fut l’âme de la résistance militaire allemande. Engagé en 1917, il avait rejoint le front de France en juin 1918, où il avait été décoré de la croix de Fer de 1re classe pour sa bravoure pendant la seconde bataille de la Marne. La paix revenue, Tresckow avait participé à la répression du soulèvement spartakiste, avant de démissionner de la Reichswehr en 1920 pour se consacrer à des études de droit et d’économie, qu’il ne termina jamais. Après une expérience dans la banque, à la Bourse, et quelques voyages, il avait finalement réintégré l’armée en 1926, où il avait rapidement pris du galon.
D’abord séduit par l’arrivée au pouvoir d’un homme qui dénonçait le traité de Versailles, ce fervent protestant et lecteur assidu de la Bible pris très vite conscience de la nature profondément mauvaise et dangereuse de Hitler, lors de la Nuit des Longs Couteaux, de l’affaire Blomberg-Fritsch et de la crise des Sudètes. Entré en 1936 à l’état-major général, il ne devait pas cacher son hostilité croissante à ce régime criminel qui persécutait les chrétiens comme les juifs, éliminait physiquement ceux qu’il jugeait inutiles et menait l’Allemagne à sa perte. « Son âme vigoureuse, se souviendra Philipp von Boeselager, d’une rectitude morale sans défaut, rayonnait d’une paix intérieure qui imprégnait sa manière d’être. La force de cette personnalité, trempée dans une piété authentique et sans ostentation, se communiquait naturellement à son entourage (…). C’était un homme de cœur. Sa présence, dans un groupe, exerçait une force d’attraction, un magnétisme naturels. Il n’entraînait jamais par la force : on venait spontanément à lui. Il était de ces individus rares qui concilient bonté, intelligence et efficacité ». Et l’aide de camp du Feldmaréchal von Kluge d’expliquer : « Depuis le début de l’été 1941, en sa qualité d’officier opérations de l’état-major du groupe d’armées du Centre, il avait vu s’empiler sur son bureau les preuves d’inconcevables exactions. Trop d’indices concordants avaient transformé en inébranlable résolution le projet flou qu’il avait envisagé dès 1938 : tuer Hitler. D’abord fugitive, puis lancinante, l’idée s’était faite conviction que l’initiative lui appartenait » (1).
Aussi Tresckow fut-il de tous les complots et organisa-t-il, à partir de 1943, plusieurs attentats contre Hitler, afin de mettre un terme au règne du mal et du crime.
(1) Nous voulions tuer Hitler, par Philipp Freiherr von Boeselager, aux éditions Perrin, 2008.

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