Place Auguste Baron, porte de la Villette, aux abords du périphérique parisien. Entre les voitures et les pots d’échappement, des couples, des cadres, des jeunes, des retraités, des familles pénètrent discrètement dans un sombre hangar désaffecté, aux lourdes portes métalliques pour un diner insolite.
Dans cet immense espace bétonné de 500 m2 niché sous une partie du périph’, des cuistots bénévoles agitent leurs couteaux et leurs poêles pour concocter le menu du soir. Carottes râpées aux pois chiches, tagliatelles de courgettes et cheesecake vegan. Des plats entièrement mijotés à partir d’aliments considérés comme «invendables» sur les étals de nos supérettes.
Depuis maintenant six mois, le collectif Freegan Pony occupe quatre soirs par semaine ce local abandonné pour y servir des produits entièrement récupérés gratuitement au marché de Rungis ou chez des petits commerçants.
Plus surprenant encore, le repas n’a pas de prix. Chacun paye ce qu’il veut ou ce qu’il peut. « Notre philosophie, c’est de sensibiliser le plus grand nombre au problème du gaspillage alimentaire. Et de le faire de cette manière, sans ennuyer les gens, en les surprenant, ça marche », confie Aladdin Charni, fondateur du collectif, qui tient peut-être là une idée de génie. Parce qu’à chaque service, le nombre de curieux ne cesse de croître. Au point qu’il est parfois difficile de servir tout le monde. «Les gens en parlent entre eux, à leurs amis, leurs proches, leurs collègues. Le bouche à oreille fonctionne tellement qu’il y a une file d’attente de plus en plus longue», sourit le squatteur culinaire.
Et il n’en est pas à son premier coup d’essai. En 2014 déjà, lui et ses acolytes avaient ouvert leur premier restaurant végétarien.