Accusée d’adorer le diable, cette secte religieuse est dans le collimateur des extrémistes sunnites.
Selon l’ONU, 200.000 personnes ont fui Sinjar. La situation est d’autant plus dramatique que des Turkmènes chiites, chassés par les djihadistes, s’étaient déjà réfugiés dans la ville depuis quelques semaines. Eux aussi persécutés, ils se retrouvent contraints de fuir à nouveau.
Encerclés dans les montagnes
Difficile de connaître le nombre de victimes civiles dans les derniers combats. Avec l’État islamique avancent toujours des rumeurs macabres de massacres et de tortures. Vian Dakhil, une députée représentant la communauté yazidie au Parlement irakien, a rapporté la mort de 500 personnes. «Nous sommes massacrés, notre religion est en train d’être rayée de la surface de la terre. Je vous en supplie, au nom de l’humanité», a imploré la députée. Elle n’est pas la seule à appeler à l’aide.
Car une partie de la population s’est mise à l’abri dans le refuge naturel des Yazidis, les montagnes de Sinjar. Pour eux, elles sont sacrées. Dans leurs croyances, c’est là que l’arche de Noé s’est échouée. On y trouve leurs petits temples aux toits coniques. Et aujourd’hui, selon l’Unicef, 50.000 personnes réparties sur neuf sites. Elles sont prises au piège, au milieu de la chaleur infernale de l’été irakien. Les djihadistes font le siège des montagnes. Une quarantaine d’enfants seraient morts. «La situation est désespérée. Ils manquent d’eau, de nourriture et d’abris. Notre principal souci, c’est d’accéder à eux, leur apporter de l’aide, et les sortir de là. Mais le temps joue contre nous…» s’alarme Juliette Touma, de l’Unicef, jointe au téléphone. Il faudrait pouvoir mettre en place un corridor humanitaire. Mais les combats sont furieux dans toute la région. «Il y a beaucoup d’affrontements et peu de gains significatifs», selon Abdulla Hawez, un analyste politique qui revenait des combats. Les Yazidis réfugiés dans les montagnes ont eu droit à des largages d’eau, de nourriture et… d’armes. «Ils sont si nombreux, beaucoup n’ont rien reçu», explique Donatella Rovera, d’Amnesty International, au Kurdistan. D’autant plus qu’une partie de l’aide aurait été perdue et serait tombée aux mains des djihadistes. Les Kurdes tentent de s’unir et de se réorganiser. Est-ce déjà trop tard? La communauté yazidie, de plus en plus réduite, vit l’une des crises les plus graves d’une histoire vieille de milliers d’années.