Avant d’être élu président de l’Assemblée nationale, François de Rugy (LREM), député de Nantes – Orvault, se flattait d’avoir « eu l’occasion de mesurer les changements qu’il faut apporter au fonctionnement de l’Assemblée nationale » (Ouest-France, Loire-Atlantique, mardi 27 juin 2017). Son expérience de vice-président, lors du mandat précédent, pouvait effectivement l’autoriser à tenir ce discours.
Une fois installé dans le fauteuil de président, l’ancien écolo aime à répéter qu’il a été élu pour « présider mais aussi réformer l’Assemblée nationale ». Pour ce faire, sept groupes de travail ont été chargés de réfléchir à la rendre « plus démocratique, plus efficace et plus moderne » (Le Monde, jeudi 21 septembre 2017).
Pour lui, « la baisse du nombre de députés est un changement majeur. Il n’est pas courant qu’une Assemblée comptant un grand nombre de députés nouveaux, avec un groupe largement majoritaire, décide de réduire fortement la taille de ses effectifs » (Le Figaro, samedi 8 juillet 2017).
Dans son programme de réformes, certaines choses semblent aller de soi. Ainsi la suppression de « la gratuité sur le réseau SNCF dont bénéficient les anciens députés ayant fait plus de trois mandats. Rien ne justifie un tel avantage. Reconduire cela coûterait 800 000 euros par an à l’Assemblée ! » (Journal du dimanche, 30 juillet 2017). Une goutte d’eau dans le budget de cette auguste maison : 517,890 millions d’euros (loi de finances pour 2018).
On pourrait cependant reprocher à M. de Rugy de manquer d’imagination. En effet à ces sept groupes de travail, il aurait gagné à en ajouter un huitième consacré au personnel. En effet, si, depuis un certain temps, il est de bon ton d’évoquer le coût des députés (indemnités, IRFM, crédit collaborateurs), on oublie bizarrement d’évoquer le cas des fonctionnaires du Palais-Bourbon.
En effet, tout visiteur est abasourdi par l’existence d’un personnel pléthorique, loin d’être débordé de travail et grassement payé. Entre un salaire de 3 000 euros pour un chauffeur et celui du secrétaire général (18 000 euros net par mois), on trouve une échelle très favorable aux cadres, souvent mieux payés que les parlementaires. « Selon un document transmis par des députés au président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, près de 1700 m2 sont mis gratuitement à la disposition de plusieurs fonctionnaires. Selon cette note, le secrétaire général de l’Assemblée dispose d’un logement de 182 m2 ainsi que d’un majordome qui, lui, occupe un logement de 49 m2. Le directeur de cabinet de François de Rugy dispose de 149 m2. Le chef du département « génie climatique » tout comme celui du département électrique occupent, eux, des appartements de 167 m2 et 107 m2. » (La Croix, mardi 23 janvier 2018).
Certes un reportage consacré aux moyens dont disposent les députés et à la rémunération des fonctionnaires parlementaires, a déjà abordé cette question (M6, dimanche 21 janvier 2018). Mais il y a mieux à faire que de vanter une « gestion plus efficace et plus économe » de l’Assemblée comme s’est contenté de répondre François de Rugy (Ouest-France, mardi 23 janvier 2018).
Quand Nicolas Sarkozy avait inventé son slogan « travailler plus pour gagner plus », il ne pensait pas au personnel du Palais-Bourbon !
Bernard Morvan
Crédit photo : Parsifall/Wikimedia (cc)
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