La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier une enquête de santé réalisée en milieu scolaire en 2017 sur des adolescents de classe de 3e. Elle porte sur la surcharge pondérale, exprimée en indice de masse corporelle (IMC), qui correspond au rapport du poids sur la taille au carré. Le chiffre obtenu permet de définir un état de maigreur, de normalité, de surpoids ou une obésité. Entre 18,5 et 25, on estime qu’il s’agit d’un poids normal, de 25 à 30, on estime que le sujet est en surpoids et au-delà de 30, on considère que c’est une véritable obésité.
Cette étude montre que presque 20 % des adolescents étudiés sont en surcharge pondérale et, parmi eux, plus de 5 % sont carrément obèses. Les jeunes filles sont plus touchées que les garçons. L’augmentation de poids des adolescents est en croissance constante depuis 2009, il suffit de se promener dans la rue ou sur les plages pour s’en rendre compte, et il n’est plus besoin d’aller aux États-Unis pour faire ce constat : nous avons les mêmes chez nous, comme la plupart des pays industrialisés.
Ce phénomène est mondial et touche davantage les classes défavorisées que les milieux aisés. Cette enquête révèle que, parmi les enfants d’ouvriers, un sur quatre est affecté par cette surcharge pondérale alors qu’il n’y en a qu’un sur neuf parmi les enfants des classes aisées.
Pour expliquer ces chiffres, on évoque le temps passé devant les écrans et le manque d’exercice physique, mais il ne faut pas minorer les facteurs liés à la malbouffe, qui sont pourtant parmi les causes principales de cet excès pondéral : le recours trop fréquent à une alimentation industrielle trop sucrée, trop salée, trop grasse, l’usage excessif des boissons sucrées en dehors et au cours des repas, le grignotage de produits, la plupart du temps sucrés, entre les repas ne font qu’aggraver ce phénomène.
Il est plus facile de faire des courses à la recherche des meilleurs produits et de faire une cuisine équilibrée et diversifiée lorsqu’on dispose d’un peu de temps libre que lorsqu’on rentre du travail, tard le soir, où l’on privilégiera les plats tout prêts à réchauffer.
De plus, très souvent, cuisiner avec des produits frais revient plus cher qu’utiliser les produits industriels tout préparés, ce qui pourrait expliquer les différences constatées entre les milieux sociaux. Ajoutons à cela que, depuis quelques années, dans la population, le surpoids n’est plus vécu comme un complexe mais est plutôt bien accepté au nom du droit à la différence et pour éviter toute stigmatisation des personnes qui en sont atteintes, ce qui ne les incite pas à chercher à sortir de cet état.
Il ne faudrait, pourtant, pas accepter ce surpoids comme une norme, car les conséquences qui se font sentir quelques années plus tard – diabète, maladies cardio-vasculaires, troubles ostéo-articulaires, pour ne citer que les plus fréquentes – ont des conséquences très handicapantes sur la santé des individus.
L’obésité et le surpoids sont devenus de véritables problèmes de société, en termes de santé publique et d’économie, qui vont bien au-delà des critères purement esthétiques.
Dr. Jacques-Michel Lacroix – Boulevard Voltaire