Jean-Yves Le Gallou revient sur son ouvrage, Le défi gaulois ( 2000), pour dénoncer, une fois encore, les tentatives destructrices de notre civilisation qui est propre aux Français européens.
♦ En employant le terme « guerre de civilisation(s) », le 28 juin 2015, Manuel Valls a affolé les bien-pensants. Ses ministres se sont chargés de « préciser » sa parole. Il s’agirait de défendre La civilisation (le « vivre-ensemble », « Si tous les gars du monde se donnaient la main ») contre la « barbarie », un ennemi à qui on donnait l’humanité. Dans ce texte paru en 2000 dans Le Défi gaulois, Jean-Yves Le Gallou rappelle que l’islam est une civilisation qui s’est opposée à la nôtre depuis l’Hégire ; et qu’il nous faut, au-delà de la préférence nationale, défendre la préférence de civilisation. La civilisation européenne et chrétienne.
« Apprécier toute la richesse et les nuances d’une scène de théâtre d’Aristophane ou d’un discours de Cicéron ouvre l’esprit à une critique positive des événements les plus contemporains. Ni le grec ni le latin ne doivent être les éternels sacrifiés d’un enseignement chargé de former l’homme avant le technicien. »
La préférence nationale reste (…) plus que jamais nécessaire. Toutefois, compte tenu de l’africanisation et de l’islamisation de la France, elle doit être aujourd’hui complétée par la notion de préférence de civilisation. Si nous voulons que la France garde son identité française, nous devons affirmer notre préférence pour notre civilisation, pour sa langue, sa culture, pour ses traditions religieuses ou philosophiques. Nous nous devons de défendre la civilisation française, européenne, si riche de ses nuances latines, grecques, celtes, germaniques et chrétiennes, d’en faire découvrir toutes les facettes à nos enfants et de les aider à développer leurs talents dans le respect de cet héritage.
Préférence de civilisation dans l’éducation et la culture
Cette préférence de civilisation doit s’exprimer prioritairement dans tous les domaines où les choix politiques, et donc financiers, concernent directement la population : l’éducation, la culture, l’architecture et l’urbanisme, la vie associative, les relations avec les cultes, etc.
Quelles seront, pour commencer par ce qui me semble primordial, les grandes lignes d’une nouvelle politique éducative? Tout d’abord, une conception des programmes scolaires, des loisirs et même des repas scolaires axés sur les enfants de civilisation française : n’y aurait-il dans une école publique, ou privée sous contrat, qu’un seul enfant de civilisation française, c’est autour de lui, et de lui seul, que devront se faire les choix pédagogiques et que se détermineront les activités scolaires et péri-scolaires.
Cette découverte de sa propre civilisation doit commencer dès le plus jeune âge. L’enfant qui en aura découvert les richesses, une fois bien enraciné dans une culture vivante, pourra, par la suite, s’initier à la variété des autres civilisations sans risquer de perdre son identité. Les instituteurs et les institutrices des écoles maternelles et primaires aiment à utiliser les contes du monde entier comme « supports pédagogiques ». Pourquoi ne pas leur préférer les contes et les légendes des provinces de France et d’Europe ? L’heure du conte ne doit pas être celle du déracinement, mais celle de l’enracinement dans la culture de nos ancêtres. L’apprentissage de l’histoire, que ce soit à l’école, au collège ou au lycée, doit d’abord être consacré à la France et à la civilisation européenne ; il doit conforter l’enfant dans sa fierté d’appartenir à un grand peuple et ne doit pas utiliser son passé pour le culpabiliser.
De même, la littérature française et les humanités gréco-latines doivent non seulement retrouver toute leur place dans les programmes des classes dites littéraires, mais être accessibles à tous les élèves qui en manifestent le goût et la capacité : il ne s’agit pas seulement de la transmission d’un savoir et de méthodes, mais aussi d’une culture, d’un ensemble de valeurs – et de modèles de référence susceptibles d’apporter du recul et de la hauteur de vue, face aux conformismes du temps. De jeunes musulmans ont récemment contesté un professeur qui leur proposait d’étudier le Voyage de Paris à Jérusalem de Chateaubriand. Il est inadmissible que les textes de la littérature française, de La Chanson de Roland au Salambô de Flaubert, puissent un jour disparaître des programmes sous prétexte que leurs « orientations » choquent les musulmans.
Apprécier toute la richesse et les nuances d’une scène de théâtre d’Aristophane ou d’un discours de Cicéron ouvre l’esprit à une critique positive des événements les plus contemporains. Ni le grec ni le latin ne doivent être les éternels sacrifiés d’un enseignement chargé de former l’homme avant le technicien.
La civilisation ? Une manière de percevoir le monde par l’œil, l’oreille et les papilles
Une civilisation, c’est aussi une manière de percevoir le monde à travers une oreille, un œil, des papilles formés par un ensemble de références implicites mais toujours présentes. Les Musiques du monde, des flûtes indiennes aux rythmes syncopés des tam-tams, ne doivent pas imposer leur dictature sur notre imaginaire. Comment les Français peuvent-ils faire savoir à leurs édiles, aux marchands de disques et au monde frelaté du show-bizz qu’ils préfèrent les musiques folkloriques européennes, la chanson française contemporaine, l’opéra ou la musique symphonique, chef-d’œuvre de l’esprit humain, alors que les moindres responsables culturels entendent financer en priorité – et sur les deniers publics – les bruits sauvages du rap, la salsa, le reggae et tous leurs dérivés afro-cubains ou turco-guatémaltèques ? Il est urgent de refuser d’être constamment pris en otage par une coterie de faux intellectuels, urgent d’aider les artistes français et européens à exprimer leurs talents.
La « neutralité » dans l’art est une ruse grossière
Parler de neutralité dans le domaine de l’art – peinture ou sculpture – est une ruse bien grossière pour nous faire avaler une potion paralysante, celle du « tout vaut tout, tout est art ». Pour nous, les arts premiers, idoles précolombiennes ou masques austronésiens, restent des curiosités ethnologiques, rien de plus, n’en déplaise à quelques marchands qui ont découvert le dernier filon à la mode et s’enrichissent en hypnotisant snobs et gogos. Jamais les formes grossières de ces objets ne régaleront notre œil et ne feront vibrer notre âme comme l’Aurige de Delphes, les Esclaves de Michel-Ange ou une Pomone de Maillol. Pas plus que la peinture prétendument moderne, destructurée et coupée de toutes racines ne peut rivaliser avec la grande peinture européenne, de Jérôme Bosch à Dali, de Botticelli à l’Art Nouveau, que nous admirons dans les grands musées de Paris, de Venise, de Florence, de Madrid ou de Londres. C’est cet héritage de la main et de l’œil qui doit être protégé, transmis, enseigné.
Plus quotidiennement, une civilisation, c’est aussi un florilège de goûts et d’odeurs : notre cuisine traditionnelle, fondée sur l’opposition du salé et du sucré, la diversité des produits de nos terroirs, l’inventivité de nos jeunes talents doivent être soutenus face à l’arrivée des nouveaux barbares qui envahissent nos villes dans les écœurantes effluves des chiche-kébabs et des Mac Do : invasion préparée dès les cantines publiques, scolaires ou hospitalières, par la normalisation, la banalisation du goût et la subordination aux interdits alimentaires de l’islam.
Une civilisation ? Un patrimoine et des paysages
Notre civilisation est aussi faite de nos paysages : ceux de nos campagnes, balisés de petits oratoires et de chapelles, près des anciennes sources sacrées ; ceux de nos villes où les clochers des églises et les tours des cathédrales rivalisent avec châteaux et palais pour constituer ce patrimoine dont les Français sont si fiers. Du Mont Saint-Michel à Chenonceaux, de Conques à Versailles, des calvaires bretons à la cité de Carcassonne, que de lieux chargés d’histoire, témoins de la virtuosité de nos artistes et de nos artisans !
L’islam ? Une civilisation qui s’est opposée à la nôtre depuis l’Hégire
Dans ce paysage, les mosquées n’ont pas leur place. Parce que leur architecture issue du désert est étrangère à la nôtre. Parce que l’islam n’est pas seulement une religion, réglant les rapports de l’homme et du sacré, mais aussi, et surtout, une civilisation contraire à la nôtre, qui n’a cessé de s’opposer à elle depuis l’Hégire. Contraire à la nôtre, par la confusion qu’elle entretient entre les domaines temporel et spirituel, alors que la séparation de ces deux domaines est la clé de voûte de la civilisation européenne, par sa prétention à régenter le monde et à considérer les non-musulmans comme des inférieurs, par la charia, loi islamique, qui est un véritable code civil et pénal contraire à notre droit sur de nombreux points, dont le droit de la famille ou le statut de la femme, par sa logique de termitière, négatrice de toute liberté individuelle.
Bien sûr, la liberté des cultes fait partie de nos traditions, mais elle ne doit aucunement conduire, comme c’est trop souvent le cas actuellement, à faciliter l’exercice du culte islamique par la mise à disposition de terrains sur lesquels s’élèveront des mosquées ou par l’octroi de subventions à des associations dont on ne sait jamais trop si elles sont culturelles ou cultuelles. Il serait pour le moins singulier que la République accorde à la religion musulmane des avantages que le principe de laïcité conduit à refuser aujourd’hui au christianisme, pourtant intimement mêlé à la culture européenne depuis près de deux millénaires. Il serait pour le moins étrange que des maires et des ministres qui persécutent les Témoins de Jéhovah ou les scientologues au nom de la lutte contre des sectes encouragent l’islam, religion porteuse d’une civilisation antagoniste de la nôtre.
Nous voulons que vive notre civilisation – la civilisation européenne d’expression française. Elle vivra tant qu’il y aura des hommes et des femmes pour la porter et pour relever les défis qu’elle doit affronter. Nous voulons qu’elle vive parce que c’est la nôtre, que nous en sommes les héritiers et que nous sommes redevables de cet héritage vis-à-vis de tous ceux qui nous ont précédés. Enfin parce que nous en sommes fiers. Oui, notre civilisation vaut la peine d’être illustrée et défendue parce que, de l’âge du fer jusqu’à l’atome, l’essentiel de ce qui s’est fait pour le devenir de l’humanité est issu de la civilisation européenne. Ex Occidente lux !
Extraits du Défi gaulois, Éditions de la Librairie Nationale, en ligne.
Images : L’auteur, survolant Arles, la ville romaine et hellénisée.
« Arles a été une des premières villes françaises reconnues par l’Unesco, avec son patrimoine romain et roman, sa fabuleuse richesse et sa diversité : en 46 av. J.C., Jules César fonde une colonie de droit romain dans ce territoire ligure fortement hellénisé. La ville avec son port fluvial et son port maritime, s’enrichit de superbes monuments qui marquent la puissance de Rome. De grands empereurs, comme Auguste, puis Constantin aident à son développement. Dès le IVe siècle la communauté chrétienne d’Arles construit près de l’enceinte de la ville une première cathédrale. Au Ve siècle transférée à proximité du Forum, celle-ci prend le nom de saint Etienne et devient pour un temps Primatiale des Gaules. C’est là qu’au XIIe siècle sont bâtis l’église saint Trophime et les bâtiments canoniaux, autour d’un cloître. Tout près, se dressent de nombreuses églises et des couvents, dont le plus célèbre est celui de saint Césaire. En plein essor économique, Arles accueille les pèlerins qui se dirigent vers saint Jacques de Compostelle par la via Tolosana. La nécropole des Alyscamps est devenue un des plus grands cimetières chrétiens d’Occident, autour des tombes du martyr arlésien Genest et de celles de saints évêques ». (http://www.provence-pays-arles.com/fr/circuit/arles-patrimoine-mondial)