Une clinique polonaise renonce aux «interruptions médicales de grossesse»

La clinique privée Pro Familia de Rzeszow, dans le sud-est de la Pologne, a annoncé ce mois-ci qu’elle ne ferait plus d’avortements car tous ses gynécologues-obstétriciens ont signé une déclaration invoquant leur clause de conscience.

En Pologne, les avortements sont autorisés dès lors que la grossesse est le fruit d’un viol ou que l’enfant conçu connaît une malformation ou une maladie grave et incurable. Dans la pratique, cette définition a malheureusement été étendue, entre autres, aux petits trisomiques qui sont les victimes de la plupart des avortements réalisés. La clinique Pro Familia faisait parler d’elle depuis deux ans. Début 2014, une de ses sages-femmes, Agata Rejman, avait dénoncé dans les médias la violation de sa clause de conscience par son employeur. Forcée de participer à trois avortements, elle a ensuite été renvoyée de la clinique Pro Familia après avoir dénoncé ces faits. Deux autres sages-femmes refusant de participer à des avortements ont elles aussi perdu leur travail.

La clinique avait en outre engagé des poursuites contre Agata Rejman pour diffamation car le directeur de la clinique réfutait le terme employé par la sage-femme pour qui son établissement « tuait » des enfants. Les poursuites contre Mme Rejman ont ensuite été abandonnées, mais la clinique a gagné son procès au civil contre l’association pro-vie qui utilisait le même terme pendant ses actions de protestation devant l’hôpital. On attend encore l’issue du pourvoi en cassation. Par contre, les militants pro-vie ont gagné au pénal, les juges considérant que leur liberté d’expression leur garantissait le droit de parler, conformément à la réalité, de meurtres d’enfants. Sur les banderoles déployées devant la clinique on pouvait par exemple lire : « À l’hôpital Pro Familia on tue les enfants avec le syndrome de Down ».

Aujourd’hui, Radoslaw Skiba, le directeur de la clinique, rassure que les femmes dont la vie pourrait être mise en danger par leur grossesse seront toujours prises en charge, sachant que les autres seront prévenues que cet établissement ne réalise plus d’avortements. Un jugement du Tribunal constitutionnel d’octobre 2015 fait que les médecins et les hôpitaux n’ont plus l’obligation d’indiquer aux femmes demandant un avortement un autre établissement réalisant ce genre de « prestations ».

Radoslaw Skiba reconnaît que certains médecins ont pu prendre leur décision de ne plus commettre d’avortements sous la pression sociale, car les noms des médecins avorteurs étaient connus, mais il invoque aussi une autre raison. Une autre filiale de la clinique Pro Familia, à Lodz, ne pratiquait déjà plus les avortements et avait choisi, au contraire, d’engager une coopération avec la Fondation Gajusz qui gère un centre de soins palliatifs néonataux et également des soins palliatifs néonataux et périnataux à domicile. L’établissement de Rzeszow a donc décidé de tirer profit de cette expérience réussie et d’établir une coopération similaire avec un centre de soins palliatifs périnataux et néonataux de sa région.

Le directeur de la clinique Pro Familia ne cache pas non plus que les avortements étant très rares dans sa région des Basses-Carpathes (5 réalisés en 2015 dans sa clinique, 2 à l’hôpital public de Rzeszow et 1 à Sanok), les pertes en termes d’image dépassaient largement le gain financier.

 

(Article publié dans le journal Présent du mercredi 18 mai)

 

Lire aussi :

Nouvelle initiative citoyenne en Pologne pour interdire les avortements eugéniques

 

Related Articles

1 Comment

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • C.B. , 19 mai 2016 @ 11 h 34 min

    “les avortements sont autorisés dès lors que la grossesse est le fruit d’un viol”
    Et le violeur, il lui arrive quoi?
    On charcute la femme, on tue la conséquence du viol, mais le violeur, il s’en tire: où est la logique?
    Continuez, les mecs, vous êtes intouchables, vous auriez tort de vous priver de quoi que ce soit!

Comments are closed.