Signe du changement après les élections législatives remportées par la droite unie autour du parti de Kaczyński, pour la première fois la grande Marche de l’Indépendance organisée chaque année par les mouvements nationalistes a pu se dérouler sans provocations policières et sans être attaquée par des milices d’extrême-gauche. Si le gouvernement de la coalition libérale-libertaire sortante est encore en place jusqu’au jeudi 12 novembre, il n’avait plus aucune raison de chercher à semer le trouble pour discréditer l’opposition conservatrice qui participait à ces marches depuis déjà 5 ans. En fait, c’est la gauche haineuse et intolérante qui a fait le succès de cette grande marche patriotique du 11 novembre, en s’attaquant violemment, par les paroles et par les actes, au petit groupe de nationalistes qui rendaient hommage chaque année à Varsovie au leader des nationaux-démocrates d’avant-guerre Roman Dmowski. Ces attaques de la gauche bien-pensante qui mettait dans le même sac le nazisme (qui est pourtant une forme de socialisme), le fascisme, le nationalisme et le patriotisme ont valu aux nationalistes polonais un large soutien qu’ils n’ont pas dans les urnes (ils tournent autour de 1 % aux élections, tandis que sur le plan idéologique ils sont au PiS ce que le Jobbik hongrois est au Fidesz). Ainsi, depuis 2011 ce sont plusieurs dizaines de milliers de patriotes qui viennent à la Marche de l’Indépendance, désormais soutenue par les médias et les partis conservateurs et notamment le parti Droit et Justice de Jarosław Kaczyński.
J’avais décrit plus en détail en novembre 2012 le développement de la Marche de l’Indépendance dans l’article : Est-il encore permis d’être nationaliste en Europe en ce début de XXIe siècle ?
Depuis 2013, le PiS organise toutefois sa propre marche à Cracovie. Au départ, c’était pour éviter de tomber dans le piège tendu par le gouvernement de Donald Tusk qui, comme on pouvait le voir sur la base de moult films, photos et témoignages sur les provocations policières, organisait les débordements pour les faire passer en boucle à la télévision publique et dans les grands télévisions privées « amies ». On apprenait d’ailleurs il y a quelques temps dans le cadre du scandale des écoutes secrètes qui a beaucoup contribué aux récents revers électoraux des libéraux-libertaires (ce que les grands médias européens oublient systématiquement de mentionner) que c’était le ministre de l’Intérieur lui-même qui avait ordonné à ses services de mettre le feu à une guérite devant l’ambassade de Russie pour causer un incident diplomatique à mettre sur le compte des nationalistes et des conservateurs.
J’avais parlé des incidents de la marche de 2013 dans l’article : Varsovie : l’arc-en-ciel LGBT en feu… pour la cinquième fois. L’arc-en-ciel en question a ensuite été reconstruit une sixième fois aux frais du contribuable, et la ville de Varsovie a encore financé des caméras de surveillance et une présence policière 24h/24 pendant plus d’un an, avant de décider enfin de retirer son symbole LGBT à l’approche des élections.
Cette année, après la victoire écrasante du PiS aux élections présidentielles en mai puis aux législatives le 25 octobre, la police polonaise a fait son travail et permis aux très nombreux manifestants de marcher sans heurts et sans violences. Pour la première fois, les groupes d’extrémistes gauchistes ont été tenus à l’écart et la liberté d’expression a ainsi été rétablie. Le président Andrzej Duda a même adressé une lettre aux patriotes de la Marche de l’Indépendance pour les remercier d’être venus manifester leur attachement à la liberté et à la souveraineté en ce jour de fête nationale où le pays commémore le début de sa guerre d’indépendance victorieuse contre l’Allemagne et la Russie Bolchevique entre 1918 et 1921. À Cracovie, le leader du PiS, Jarosław Kaczyński, a réaffirmé la ligne de son parti que les grands médias européens qualifient de nationaliste et eurosceptique, mais qui correspond en fait à une vision plutôt gaulliste de l’Europe : « Nous devons nous défendre contre les différentes sortes d’attaques de l’extérieur. Si j’utilise ce terme, c’est parce que ce qui se passe aujourd’hui ressemble de plus en plus à une attaque contre nos valeurs de base, contre tout ce qui constitue le fondement de notre vie normale, ordinaire. Une attaque contre la famille, contre l’Église. Nous devons défendre notre liberté. La Pologne, je le répète souvent, doit rester un pays de liberté, même si partout ailleurs en Europe cette liberté devait être supprimée. (…) Nous devons tenir compte de ce qu’a dit notre grand pape [Jean-Paul II], mais aussi de ce que nous constatons au quotidien. Nous devons être ici chez nous. La Pologne doit rester notre État-nation ! Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas faire partie de l’UE, que nous devons rejeter tout ce qui est lié à la coopération européenne et qui a protégé l’Europe des guerres depuis déjà plus de 70 ans ! Cela aussi, c’est important, c’est nécessaire, mais à condition d’avoir affaire à un mécanisme de coopération entre États-nations. Des États souverains qui règlent eux-mêmes leurs questions internes, qui ont leur propre culture, leur tradition. Nous avons dans notre pays des gens qui voudraient ‘moderniser la Pologne’, y compris en forçant les choses. La Pologne doit être modernisée pour ce qui est de l’organisation, des techniques, des prestations sociales, mais nous ne voulons pas moderniser l’esprit polonais ! »
Le rejet de l’islamisation de l’Europe et de la Pologne a aussi caractérisé la Marche de l’Indépendance de cette année, par rapport aux marches précédentes.
Discours d’un prêtre refusant l’importation du radicalisme musulman en Pologne et appelant les catholiques polonais à faire front face à l’agression gauchiste et islamiste contre le christianisme : « Nous ne voulons pas de la haine qui est dans le Coran, nous voulons l’amour et la vérité de l’Évangile. »
Ce qui frappait le plus dans la grande Marche de l’Indépendance d’hier, c’était la très grande proportion de jeunes patriotes. En Pologne, c’est dans les classes d’âge les plus jeunes que les valeurs conservatrices et patriotiques dominent le plus et c’est aussi chez les jeunes que les partis conservateurs, le PiS en tête, font leurs meilleurs scores. Face aux élites vieillissantes qui s’accrochent encore aux contre-valeurs soixante-huitardes décrépies importées d’Europe occidentale, la révolution conservatrice est en marche !
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