“Ce fut Marseille, super-star de l’été, mais enfin, pas comme capitale européenne de la culture ou pour les exploits de l’OM. Non, comme capitale du crime et de l’impuissance de l’État. Les meurtres en série et les défilés de ministres se sont enchaînés dans une sarabande médiatisée qui exposait alternativement la férocité des uns et le ridicule des autres. Marseille attire et fascine car ce qui se passe ailleurs à la périphérie des grandes villes, et donc peut être étouffé médiatiquement, se déroule au cœur de la deuxième ville de France, aux yeux des caméras du monde entier. C’est Gaston Defferre, le maire socialiste de Marseille, qui décida dans les années 60, d’édifier les HLM sur le vieux port, comme si on les avait installés derrière l’Arc de triomphe ou les Invalides. Il y eut donc, dans la cité historique, la rencontre explosive mais banalement française entre une immigration de peuplement venue d’Afrique, intarissable et de faible niveau socio-éducatif, et une désindustrialisation massive qui leur enlevait les seuls emplois auxquels ils pouvaient aspirer tandis que le corporatisme vindicatif des dockers de la CGT tuait le poumon économique de la ville au profit des ports de Barcelone et de Gênes. Il n’y a pas de classe dirigeante industrielle ou financière à Marseille, il n’y a que des politiques auxquels les lois de décentralisation ont redonné une puissance clientéliste qu’ils avaient perdu sous le pouvoir gaulliste. La classe dirigeante à Marseille est constituée des édiles locaux et des caïds de la drogue.
“La cité cosmopolite d’antan n’est plus, les quartiers nord sont uniformisés par des populations qui ont repoussé les Marseillais arrivés avant dans le Sud de la ville, les enfermant dans un ghetto d’Européens assiégés.”
Il est cruellement paradoxal de voir les socialistes s’en prendre à Jean-Claude Gaudin alors que le maire de Marseille s’est depuis vingt ans, sous l’influence de l’Église, humblement soumis à toutes les injonctions de la gauche, renonçant à son alliance des années 80 avec le Front national, se couchant devant les syndicats du port et des éboueurs, repoussant les mesures ostensiblement sécuritaires et chantant les louanges de l’immigration, chance pour Marseille et chance pour la France. Il est allé jusqu’à imiter tardivement les maires de Paris et de Lyon, s’efforçant à coups de campagnes de com’ et de grands travaux d’urbanisme, de boboïser une ville populaire afin de la mettre au diapason des grandes métropoles européennes. La ville a gardé quand même une part de sa magie, elle a absorbé les vagues d’immigrants depuis les colonies grecques de l’Antiquité jusqu’aux Comoriens d’aujourd’hui. Mais la cité cosmopolite d’antan n’est plus, les quartiers nord sont uniformisés par des populations qui ont repoussé les Marseillais arrivés avant dans le Sud de la ville, les enfermant dans un ghetto d’Européens assiégés. L’identité des enfants des quartiers nord de la ville est à la fois marseillaise et musulmane, mais elle n’est plus française. La série télévisée “Plus belle la vie” n’est pas tournée à Marseille par hasard, elle est une réécriture en rose de la réalité, un village Potemkine sur écran, une réinvention à la manière stalinienne de l’utopie multiculturaliste. La trilogie de Marseille n’est plus Marius, Fanny, César mais désindustrialisation, décentralisation, défrancisation. La trilogie noire de Marseille est la pointe émergée du malheur français, Marseille est l’avenir de la France.”
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