La démission mercredi du juge Anthony Kennedy, 81 ans, un conservateur en carton nommé il y a trente ans par Ronald Reagan, offre au président l’occasion d’ancrer solidement la Cour à droite :
(…) Le processus de remplacement « va commencer immédiatement », a déclaré le 45e président, qui aura ainsi le rare privilège de nommer deux juges suprêmes durant son premier mandat, après Neil Gorsuch en avril 2017.
« Ce sera quelqu’un de la liste » de 25 noms présélectionnés qu’avait publiée la Maison-Blanche en novembre 2017, a précisé Trump. Une liste établie avec le concours actif de la Federalist Society et de son vice-président exécutif, Leonard Leo, dont la vocation affichée est de « contrer l’idéologie libérale » dans la justice. Tous ceux qui y figurent «ont démontré leur engagement en faveur de l’originalisme et du textualisme», a souligné le conseiller juridique du président, Don McGahn, c’est-à-dire une interprétation littérale de la Constitution.
Bataille au Sénat en perspectiveLe remplacement d’Anthony Kennedy promet de susciter une bataille « épique » au Sénat, assurent les experts. Les démocrates, minoritaires, n’ont pas le pouvoir de bloquer le choix de Trump, mais ils devraient user de tous les moyens pour l’entraver ou retarder l’échéance jusqu’aux législatives de novembre, avec l’espoir de reconquérir la majorité. La raison tient à l’importance de l’enjeu: pour la première fois depuis plus d’un quart de siècle, un camp a la faculté d’installer une solide majorité partisane parmi les neuf juges de la plus haute juridiction du pays.
(…) Depuis la nomination de Clarence Thomas en 1991 par George H. W. Bush père, aucun président n’a eu l’opportunité de modifier aussi profondément l’équilibre politique de la Cour suprême. Parmi les quatre « libéraux », Ruth Bader Ginsburg a 85 ans et a déjà survécu à deux cancers ; Stephen Breyer aura 80 ans cet été. Aucun des quatre conservateurs actuellement en place n’a plus de 70 ans.