Mark J. Grisanti, James S. Alesi, Steven M. Saland, Roy J. McDonald, ce sont les quatre sénateurs républicains de l’État de New York sans les votes desquels le “mariage” homosexuel n’aurait pas été instauré le 24 juin 2011 par 33 voix contre 29. Quatre élus maudits que va tenter de faire battre la National Organization for Marriage en novembre prochain.
L’enjeu est de taille. Comme l’écrivait Nouvelles de France le 5 juillet 2011, “si les 4 sont battus, même les Républicains qui, au fond, seraient tentés de céder aux pressions du lobby gay, ne franchiront pas le pas. S’ils sont réélus, il faudra s’attendre à en voir de nombreux autres opportunément évoluer sur la question du ‘mariage’ homosexuel. (…) Sans doute ces 4 sénateurs n’auraient eux-même pas franchi le pas sans l’histoire de Teresa R. Sayward, élue républicaine et catholique de l’Assemblée de l’État de New York dans un district conservateur des Adirondacks. Elle a voté le ‘mariage’ homosexuel en 2004, contre l’avis de ses collègues républicains qui lui promettaient qu’elle serait battue. Elle a depuis été réélue deux fois…”
Jim Alesi a déjà déclaré qu’il ne sollicitera pas un neuvième mandat. Le sénateur républicain ne cache pas sa tristesse de devoir prendre cette décision mais s’entête, affirmant que son vote sur le “mariage” gay est “définitif” et traitant l’action de la National Organization for Marriage de “revenche pure” et de “haine aveugle”.
“Le message est clair : soutenir le mariage gay aura pour effet de vous faire perdre les élections, s’y opposer de vous les faire gagner”, explique à MSNBC Brian Brown, directeur exécutif de la coalition. “En votant pour le mariage homosexuel, vous mettez en péril votre carrière”, prévient celui qui promet une consultation populaire cette année ou l’année prochaine. Le combat s’annonce difficile car, selon un sondage de l’Université Quinnipiac réalisé en mai 2012, 54% des électeurs de l’État sont favorables au “mariage” gay et 37% opposés. Mais rien n’est perdu : comme l’explique Frank Schubert, consultant spécialisé sur les référendums relatifs au mariage, « les sondeurs demandent aux gens si le mariage entre personnes de même sexe doit être légal ou illégal, et cette formulation est problématique car elle évoque une sanction gouvernementale contre les couples de même sexe ». Or, « les gens veulent être sympathiques avec eux ». Par contre, poser la question du mariage comme de l’union d’une femme et d’un homme permet d’obtenir des « majorités fortes », continue celui qui conseille les partisans du mariage dans le Maine en novembre. Reste donc à poser la bonne question aux électeurs new yorkais…
Comme le dit Brian Brown, “c’est un vœu pieux de nos adversaires d’imaginer qu’une fois le mariage pour les gays voté, la lutte est terminée. Le combat continue.” Pour cela, la National Organization for Marriage met l’argent qu’il faut : elle a déjà dépensé 400 000 dollars en spots TV, affichages publicitaires, publipostages et participe au financement des campagnes des adversaires des élus maudits aux primaires républicaines via son comité d’action politique, New York PAC. Ça tombe bien, les concurrents républicains de McDonald et de Saland sont fermement opposés au “mariage” gay. Grisanti a la chance d’avoir face à lui un adversaire qui refuse de se prononcer sur la question. Tout juste Stocker Kevin (c’est son nom) demande-t-il une consultation populaire sur la question. 1,6 million de dollars doivent être encore dépensés par la National Organization for Marriage dans l’État de New York d’ici à l’automne.
Le milliardaire Paul E. Singer, qui tente de faire progresser le lobby gay au sein du Parti républicain, a, lui, aidé les trois politiciens à amasser chacun 250 000 dollars. Campagne à suivre…
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