Le troisième débat entre Barack Obama et Mitt Romney s’est tenu lundi. Il était question de politique étrangère et Romney a tenu la dragée haute au Président sortant.
Par Emmanuel Arthault – Ce troisième débat contre Barack Obama était censé être le test final pour Mitt Romney. Tout candidat à la magistrature suprême doit faire montre d’une maîtrise parfaite de la politique étrangère, domaine régalien par excellence. Et Romney était attendu au tournant : businessman et gouverneur, il pouvait bien ne pas convaincre de sa capacité à assurer le commandement de la première armée du monde.
Pour Fred Barnes, il a « passé le test » : « Romney n’a pas été déconcerté ou été sur la défensive sur la moindre question. Il n’a prononcé aucune gaffe. Etant challenger, il n’avait pas besoin de remporter le débat: il lui suffisait de tenir tête à la profonde connaissance, aux vives critiques, et à l’irritation occasionnelle d’Obama. Et il y est parvenu. »
Chaque camp aura connu, lors de ce débat, une certaine satisfaction. Romney a défendu l’idée que l’Amérique se devait d’être forte, d’être le leader et, pour cela « de renforcer notre économie chez nous ». Obama a lui aussi lié politique étrangère et situation domestique, en affirmant vouloir encourager l’emploi, en conservant l’industrie aux États-Unis, en recrutant davantage d’enseignants et en progressant dans l’indépendance énergétique.
Romney a approuvé quelques politiques menées par Obama, par exemple l’usage de drones pour cibler les terroristes en territoire ennemi ou étranger — un point qui gêne Obama dans son propre camp — et pour avoir refusé une intervention en Syrie.
Bien sûr, Barack Obama a tenté de faire passer son adversaire pour un néophyte voire un imbécile, par exemple à propos de l’US Navy, comme Jonathan S. Tobin l’a relevé pour Commentary :
« Vous avez évoqué par exemple évoqué la Navy, et le fait que nous avons moins de navires que nous n’en avions fait en 1916 [NdT: 285 au lieu de 313]. Eh bien, gouverneur, nous avons également moins de chevaux et de baïonnettes, parce que la nature de notre armée a changé. Nous avons ces choses qui s’appellent des porte-avions, qui permettent aux avions de se poser. Nous avons ces navires qui vont sous l’eau, les sous-marins nucléaires. »
Malheureusement, Barack Obama semble ignorer qu’un porte-avion requiert justement une flotte d’accompagnement plus large. Sans parler du fait que les chevaux ont eu un rôle à jouer dans les montagnes d’Afghanistan. Plus généralement, la réponse du Président sortant peut révéler son manque d’intérêt pour l’évolution en faveur de la Navy qui se fait de plus en plus urgent, alors que la République Populaire de Chine se fait plus véhémente en mer de Chine, effrayant ses voisins, alliés traditionnel des Etats-Unis (Corée du Sud, Japon, Philippines, etc.) Romney a d’ailleurs pu répondre : « M’attaquer personnellement n’est pas une stratégie ».
D’après un sondage CNN — de tendance démocrate, — Obama aurait été vainqueur de ce débat à 48 contre 40%. Cependant, pour 60% des électeurs, Romney serait capable de tenir le rôle de Commander in Chief — contre 66% pour Obama.
Bill Kristol, rédacteur en chef du Weekly Standard, a observé que seuls deux candidats ont « aussi bien fait » et su tenir tête au Président sortant sur la politique étrangère : Reagan contre Carter en 1980 et Bill Clinton contre Bush père en 1992. Il en déduit que Romney s’est montré capable d’être le prochain président… « et le sera probablement. »
Cet article est publié en partenariat avec Le Bulletin d’Amérique.
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