L’American Conservative Union a récemment envoyé une lettre à GOProud, un mouvement homosexuel qui se prétend conservateur (fondé par Christopher R. Barron et Jimmy LaSalvia, deux anciens membres des Log Cabin Republicans qu’ils trouvaient trop centriste) alors qu’il défend le “mariage” entre deux personnes de même sexe, l’informant qu’il ne serait pas autorisé à être “co-sponsor” de la Conservative Political Action Conference (CPAC) de 2012, un grand rendez-vous annuel de la droite américaine.
En 2011, GOProud avait été admis parmi les “sponsors” de l’événement après y avoir participé en 2010. Jimmy LaSalvia, son directeur exécutif, se réjouissait du fait que prendre part à la CPAC offrait à son mouvement « une occasion incroyable pour livrer [ses] messages ». Bryan Fischer, directeur de l’analyse des enjeux pour l’American Family Association, rappelait quant à lui que « l’homosexualité n’est pas une valeur conservatrice ». « Un certain nombre d’organisations vont avoir un problème avec la façon dont le président du CPAC, David Keene, et les organisateurs donnent une place aussi éminente à une organisation qui est à ce point militante » prévenait-il en 2010 avant d’ajouter : « le problème avec GOPround, c’est qu’ils s’identifient au Parti républicain… alors que leur programme législatif est directement contraire à la plate-forme du Parti républicain » décidée en 2008. Quant à Me Matt Barber, de l’organisation Liberty Counsel, il expliquait travailler à la rédaction d’une lettre signée par les dirigeants des principales organisations conservatrices du pays promettant de boycotter le CPAC si sa direction permettait le co-parrainage de l’événement par GOProud. Ce qu’elle a fait en 2011. Le Family Research Council, le Media Research Center, le Liberty Council, l’American Family Association, Concerned Women of America, la National Organization for Marriage, The American Society for the Defense of Tradition, Family and Property et le plus important think-tank conservateur de D.C., la Heritage Foundation avaient alors décidé de ne pas y participer. « GOProud est une organisation radicale d’activistes homosexuels. Ils sont déterminés à venir à bout des lois qui empêchent le ‘mariage’ homosexuel, c’est leur objectif », justifiait Bryan Fischer, dont l’organisation en était, elle, à son deuxième boycott. « Maintenant, ils vont s’en prendre à l’institution du mariage et les conservateurs doivent se lever et dire ‘Non possumus’», craignait-il. Rapidement rejoints par Traditional Values Association, WorldNetDaily, Americans for Truth, Vision America, Mass Resistance et de nombreuses autres organisations et personnalités conservatrices (par exemple, Erick Erickson, le rédacteur en chef de Red State mais aussi le sénateur républicain Jim DeMint, l’ex-candidat à la primaire républicaine Mike Huckabee ou le gouverneur du New Jersey Chris Christie), ils avaient acheté une page dans The Washington Times et posé la question : “Qu’est-ce que Ronald Reagan penserait de la CPAC aujourd’hui ?”.
Le lobbying a finalement payé. “Par courtoisie pour votre organisation, précédemment “co-sponsor” de la CPAC, cette lettre vous informe que GOProud ne pourra plus avoir de rôle formel au sein de la CPAC prévue au cours du cycle électoral 2012″ dit la missive de l’American Conservative Union. Qui ne parle pas d’après 2012 et qui assure que les membres de GOProud restent “les bienvenus”, mais à titre individuel. GOProud a du coup été effacé de la liste des “sponsors” de 2011 sur le site officiel de la CPAC. Réagissant à cette décision, le groupe gay assure avoir travaillé depuis deux ans à l’unité du mouvement conservateur alors qu’il apparaît être un puissant ferment de division. Se prévalant du soutien assez incompréhensible de Sarah Palin à sa participation à la CPAC, il rappelle que l’éditorialiste Andrew Breitbart a rejoint son conseil consultatif. Comme Ann Coulter, célèbre éditorialiste conservatrice pourtant opposée au “mariage” homosexuel et à l’abolition du “Don’t ask, don’t tell », sacrée “icône gay” (sic) par GOProud. Elle avait déjà participé à “Homocon” le 25 septembre 2010 à New York, la première “fête annuelle” des “conservateurs gays” (“Nos gays sont plus machos que leurs hétéros”). Le lobby homosexuel doit avoir si peu de partisans à droite qu’il en est réduit à recruter chez les opposants à ses revendications… Ceux-là jouent d’ailleurs un jeu dangereux car ils donnent du crédit à une organisation dont le but avoué est de gauchiser la droite sur les questions sociétales et qui, de facto, divise le mouvement conservateur. Peu mobilisés contre cette offensive de la gauche, certains conservateurs fiscaux (en France, les libéraux) feraient bien de se rappeler « qu’une culture basée sur le divorce, l’avortement, les mouvements favorables aux droits des homosexuels et l’effondrement généralisé des valeurs morales a toujours porté en elle les semences d’une extension de l’Etat » rappelle Lyall Swim dans American Thinker : “CS [conservatisme social] + CF [conservatisme fiscal] = LD [liberté durable] ».
En attendant, les éditorialistes Roger L. Simon et Andrew Breitbart ont décidé de boycotter la CPAC 2012.
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