Alors que son rival – conservateur décomplexé – Rick Santorum créait la surprise mardi dernier, Mitt Romney a tenté de donner des gages de son conservatisme à la Conservative Political Action Conference (CPAC), rendez-vous annuel incontournable de la droite américaine à Washington, D.C.. “J’ai été un gouverneur républicain (du Massachusetts, ndlr) sévèrement conservateur” a affirmé maladroitement, vendredi, le candidat réputé « flip-flop ». “Mon chemin vers le conservatisme a été rendu possible par ma famille, ma foi et ma vie de labeur” a-t-il continué.
“Ce pays que nous aimons est en danger. Je suis convaincu que si nous accomplissons notre tâche avec conviction et intégrité, l’Histoire retiendra la présidence d’Obama comme le dernier râle de la gauche et comme le tournant d’une nouvelle ère du conservatisme”, a plaidé Mitt Romney, à la peine depuis mardi.
Dynamique. Selon un tout récent sondage Rasmussen, en cas de duel avec Obama, celui-ci l’emporterait avec 10 points d’avance. Pire, selon Fox News, Santorum fait désormais jeu égal avec le candidat mormon au sein du GOP. Mercredi et jeudi soirs, il obtenait une moyenne de 30% d’intention de vote, en hausse de 13 points par rapport à lundi et mardi soirs. Mitt Romney perdait quant à lui 5 points à 30% tandis que Gingrich faisait les frais de la victoire surprise de l’ancien sénateur républicain de Pennsylvanie à 16% (-10 points) et que Paul gagnait 1 point à 15%.
En moyenne sur les 4 soirs (ce qui ne veut rien dire), Romney est toujours en tête avec 33%, devant Santorum (23%), Gingrich (22%) et Paul (15%). Mais chez les électeurs du Tea Party, il réalise 24%, derrière Gingrich (34%) et Santorum (28%). Chez les chrétiens évangéliques blancs, Romney (24%) est doublé par Santorum (31%).
Suspens. 80% des électeurs républicains pensent que les jeux ne sont pas faits et qu’un autre candidat que le mormon pourrait remporter l’investiture du parti à l’éléphant. Pour 54% d’entre eux, il est trop tôt pour que l’un des prétendants actuels abandonne. Et 49% aimeraient voir quelqu’un d’autre participer à la primaire du GOP. Seulement 48% sont satisfaits par l’offre de candidats. C’est faible quand on sait que 81% des électeurs démocrates sont heureux d’avoir comme candidat Barack Obama…
Seul lot de consolation pour Romney : il est considéré comme le “meilleur” face à Obama par 32% des Républicains (11% citent Santorum). Problème : Romney n’est perçu proche des préoccupations quotidiennes des gens que par 16% des électeurs du GOP, devant Gingrich (12%), à égalité avec Ron Paul et loin derrière Santorum (36%).
Un nouveau favori ? Pour Public Policy Polling, un institut de sondage proche du Parti démocrate, le “nouveau leader” des Républicains n’est autre que “Rick Santorum”. Sa dernière enquête d’opinion, publiée samedi matin, attribue 38% des intentions de vote à Rick Santorum contre 23% à Mitt Romney (qui doit désormais impérativement remporter le caucus du Maine qui s’achève ce soir, alors que Ron Paul pourrait créer la surprise), 17% à Newt Gingrich et 13% à Ron Paul !
Profitant indéniablement d’une dynamique favorable, Rick Santorum a été très offensif lors de son intervention, vendredi, au CPAC. Entouré de sa femme et de ses enfants, il faisait vraiment conservateur. A propos de la polémique provoquée par la décision de rendre obligatoire le remboursement de la contraception des salariés par leur employeur, y compris dans le cas d’institutions religieuses, le candidat a dénoncé “un contrôle du gouvernement sur nos vies”, une atteinte à “la liberté d’expression”, aux “libertés économiques” et à la “liberté religieuse” :
Moyens financiers. Rick Santorum a gagné trois États (l’Iowa avec quelques voix d’avance sur Romney, le Colorado où l’ancien gouverneur du Massachusetts avait fait campagne et le Minnesota), Romney trois (le New Hampshire, la Floride et le Nevada). Ce dernier doit impérativement remporter l’Arizona et le Michigan – où il est né, le 28 février prochain, s’il ne veut pas voir ses chances de l’emporter réduites comme peau de chagrin.
Soutenu par l’Establishment du Grand Old Party, Mitt Romney et ses alliés du super PAC “Restore Our Future”, ont déjà dépensé 25 millions de dollars en spots publicitaires télévisés contre 7,1 millions pour Newt Gingrich et ses amis et 2,5 millions pour Rick Santorum. Le riche mormon pourrait également décider de financer lui-même sa campagne. En 2008, il avait dépensé 45 millions de dollars. Sa fortune personnelle se situerait entre 190 et 250 millions de dollars.