La ville de Youngstown, dans l’État de l’Ohio, symbolise à elle seule tout ce qui, jadis, faisait la gloire de la “Steel belt” – cette région industrielle dans le nord-est des États-Unis. Pendant des décennies, la sidérurgie a fait sa réputation et sa fortune. Mais à partir des années 1970, tout bascule. Fermetures d’usines, chômage, pauvreté, criminalité, drogues et alcoolisme : si la ville a connu une descente aux enfers, elle entend aujourd’hui se réinventer.
Youngstown, aux États-Unis, c’est d’abord une chanson mythique de Bruce Springsteen. Elle raconte la gloire et le déclin de cet ancien bastion industriel américain, victime de la désindustrialisation.
Depuis les années 1970, la ville a perdu les deux tiers de sa population et des emplois par milliers. Quantités de sites industriels et de maisons ont été abandonnés, comme en témoigne l’un de nos reportages tournés sur place en 2008.
Mais aujourd’hui, certains se battent pour la faire renaître de ses cendres. Des bâtiments vides sont rachetés pour être transformés ; c’est le cas de celui qui abrite le Youngstown Business Incubator, une pépinière pour de jeunes entreprises. Entre ses murs, le travail à la chaîne d’il y a 40 ans a été remplacé par des imprimantes 3D qui alimentent les projets d’industries hautement sophistiquées. Nous y avons rencontré une jeune stagiaire. Consciente que l’avenir de la ville, donnée pour morte il y a quelques années, repose en partie sur ses épaules, elle entend faire sa part pour relancer l’économie locale.
Des démocrates à Donald Trump
Sur place, un autre site fait de la résistance et embauche : il s’agit d’une entreprise française, Vallourec, spécialisée dans la fabrication de tubes en acier. Elle mise beaucoup sur l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste.
Si pendant longtemps, la plupart des habitants de Youngstown ont accordé leurs suffrages au parti démocrate, les cartes ont été rebattues lors des dernières élections, où beaucoup se sont tournés vers Donald Trump, séduits par les propos antimondialisation de l’homme d’affaires. Connie Spagnola, 70 ans, née de Youngstown, est de ceux-là. Elle organise chaque mois un groupe de prière pour le président afin qu’il puisse réaliser toutes ses promesses et rendre à Youngstown sa grandeur.
À sa manière, le Neil Kennedy Recovery Center y contribue. Cet institut médical combat l’un des fléaux de la ville : les opiacés. Quand l’acier est parti, l’héroïne est arrivée… Le défi aujourd’hui est de la chasser à nouveau et de la remplacer par de l’emploi.