Certes, les mouvements pro-vie, comme je le signalais hier, ne sont pas absolument satisfaits du compromis passé tard dans la nuit de vendredi dernier, mais ont exprimé leur appréciation des progrès, qui ne sont pas nuls, en matière de limitation du financement public de l’avortement.
Mais qu’en est-il du Tea Party dont on sait qu’il n’avait pas hésité à manifester à Washington pour rappeler au président Républicain de la Chambre des Représentants, John Boehner, ses engagements de campagne… Les coupes budgétaires obtenues dans ce compromis sont en effet très en retrait de ce qui était espéré par le Tea Party dans ses différentes composantes. Il voulait 100 milliards de coupes budgétaires jusqu’à la fin de l’année fiscale, c’est-à-dire jusqu’au 30 septembre de cette année. Boehner envisageait 35 milliards, mais la fureur du Tea Party fit remonter l’enchère à 61 milliards. Le résultat final du compromis ne sera que de 39 milliards.
Les différentes réactions de composantes du Tea Party – qui n’est pas, il faut le rappeler, un parti structuré mais un mouvement “polycentriste” – qu’on a pu rassembler depuis hier, montrent une position assez semblable à celle des mouvements pro-vie. On n’est pas absolument satisfait du résultat, mais on tient compte que ce résultat va dans le bon sens et que ce gain transitoire augure favorablement de la grande et vraie nouvelle bataille qui s’annonce : celle du budget de la prochaine année fiscale (FY 2012) qui portera sur la période allant du 1er octobre 2011 au 30 septembre 2012.
« Ils ne se sont pas si mal débrouillés » commentait Matt Kibe en parlant des Républicains négociateurs avec les Démocrates et Obama. Kibe est le patron de l’organisation conservatrice FreedomWorks, et l’un des financier du Tea Party : « si les Républicains avaient abandonné le combat au seul motif que la cessation des activités du gouvernement démangeait les Démocrates, cela nous aurait déçu, mais nous savons [que les Républicains] ne contrôlent que le tiers du gouvernement [la seule Chambre des Représentants] à Washington ».
Gene Clem, qui dirige la Tea Party Alliance du Michigan, un regroupement d’une trentaine de groupes Tea Party, est « plutôt content » : « On a obtenu pas mal de coupes budgétaires et on a démontré qu’il fallait changer nos attitudes mentales et qu’on ne pouvait plus laisser filer le déficit ».
Si Betty Dunkel, co-fondatrice de The Valley Forge Patriots (un groupe Tea Party de la région de Philadelphie), se dit « vraiment déçue » mais elle sait que Boehner était « dans un situation difficile. Je ne suis pas contente de ce qui s’est passé, mais aujourd’hui contentons-nous de ce que nous avons obtenu, vivons avec et puis travaillons très, très dur sur le budget 2012 ».
L’opinion dominante est que, certes, la guerre n’a pas été gagnée, mais qu’une victoire a été remportée.