Obama, quoi qu’il en laisse paraître dans ses déclarations, semble désormais convaincu qu’aucun accord se sera trouvé avant ce soir minuit (heure locale) susceptible de donner le répit de 8 jours proposé par les Républicains pour la survie technique de l’administration de Washington. Convaincu et peut être… résolu. C’est assez paradoxal, mais la question n’est pas de savoir si le gouvernement va devoir cesser ses activités, mais puisqu’il va devoir les cesser pour une durée aléatoire, qui va en tirer un profit électoral l’an prochain.
Le Président qui prépare sa réélection et le parti Démocrate, ou les Républicains ? Obama a fait le pari que les Républicains seraient politiquement et électoralement les perdants dans cette affaire. Les sondages de ces derniers jours indiquent pourtant que les électeurs américains, dans leur majorité, ne voient pas du tout le shutdown d’un mauvais œil : si Washington n’a plus d’argent pour payer ses fonctionnaires, ses ministères et ses agences, il faut se rappeler que 99,9 % des Américains ne vivent pas à Washington, mais dans leurs États où ce qui se passe à Washington n’aura pas les conséquences catastrophiques que pourrait imaginer un Français si, brutalement, le gouvernement s’arrêtait de fonctionner à Paris. Obama et ses amis Démocrates font donc tout pour imputer par avance aux Républicains la responsabilité de l’arrêt des activités de l’administration. Obama vient même de laisser entendre que puisque l’administration va cesser ses activités, les militaires ne toucheront pas leurs chèques de fin de mois… Les Républicains et leurs amis « excités » du Tea Party seront donc les responsables de l’inactivité des forces militaires U.S. pourtant engagées sur trois théâtres d’opérations extérieures… Or, ce qu’Obama ne dit pas, c’est que les Républicains ont voté jeudi une loi permettant non seulement la prolongation d’une semaine des activités du gouvernement mais la prolongation du financement des forces armées pour tout ce qui reste à courir de l’année fiscale et une diminution de 12 milliards de $ des dépenses de l’État fédéral. Or, dans ces 12 milliards d’économie, sont comptés les subventions fédérales à Planned Parenthood : ce dont ne veulent entendre parler ni Obama ni les Démocrates. La ficelle est un peu grosse d’autant plus que rien n’oblige l’exécutif à suspendre le paiement des troupes (il y a des réserves en banque pour les différents ministères et agences) : ce chantage d’Obama risque de ne pas lui valoir beaucoup de nouveaux amis – et donc d’électeurs – dans les forces armées qui n’aiment pas trop se laisser prendre en otage par les politiciens. La précédente cessation d’activité du gouvernement fédéral, survenue sous Bill Clinton, n’avait pas pour autant supprimé la solde des militaires… La menace d’Obama s’apparente bien à un chantage. Je crois que c’est un autre pari très risqué.