Un jour et demi après avoir voté le “mariage” homosexuel, le sénateur républicain de l’Etat de New York Mark J. Grisanti est allé à la messe. Sur un banc de la même église de St. Rose of Lima dans le quartier North Buffalo, Ann Deckop, 81 ans, explique au New York Times s’être sentie trahie car M. Grisanti avait juré en 2008 qu’il était opposé “de manière inaltérable” au “mariage” entre personnes de même sexe. “J’ai voté pour Grisanti” déclare-t-elle. “Je vais lui écrire une lettre pour indiquer que je ne voterai pas pour lui à la prochaine élection”. Un autre paroissien, Greg Fox, 52 ans, estime “important de respecter les valeurs catholiques” mais “nous sommes en 2011, il faut évoluer avec son époque”. Le prêtre aurait souri au sénateur qui se demande si cela a quelque chose à voir avec son vote du vendredi précédent…
Comme James S. Alesi, Steven M. Saland et Roy J. McDonald, il s’interroge : son vote, décisif en ce qu’il a permis l’instauration par 33 voix contre 29 du “mariage” homosexuel dans l’Etat de New York le 24 juin dernier, va-t-il lui coûter sa réélection ?
Le maire (républicain mais liberal) de New York City Michael R. Bloomberg, de riches donateurs républicains (évoqués par George Weigel) et des dirigeants d’organisations homosexualistes se sont engagés à soutenir leurs candidatures aux prochaines élections. En face, la National Organization for Marriage a promis de dépenser 2 millions de dollars pour faire battre les 4 élus républicains. “La seule chose que je sais, c’est que ces quatre personnes n’auront pas l’appui du Parti conservateur » de l’Etat de New York (fondé en 1962 par un groupe de conservateurs qui trouvait le Parti républicain local trop liberal) aux prochaines élections, explique son Président Michael R. Long.
L’enjeu est le suivant : si les 4 sont battus, même les Républicains qui au fond, seraient tentés de céder aux pressions du lobby gay, ne franchiront pas le pas. S’ils sont réélus, il faudra s’attendre à en voir de nombreux autres opportunément évoluer sur la question du “mariage” homosexuel. Y compris dans d’autres Etats réputés libéraux au sens anglo-saxon du terme. Sans doute ces 4 sénateurs n’auraient eux-même pas franchi le pas sans l’histoire de Teresa R. Sayward, élue républicaine et catholique de l’Assemblée de l’Etat de New York dans un district conservateur des Adirondacks. Elle a voté le “mariage” homosexuel en 2004, contre l’avis de ses collègues républicains qui lui promettaient qu’elle serait battue. Elle a depuis été réélue deux fois…
A la dernière élection, James S. Alesi l’a emporté avec 7 000 voix d’avance dont… 8 000 votes de membres et sympathisants du Parti conservateurs de l’Etat de New York. Autant dire qu’à la prochaine élection, il aura besoin du soutien des Démocrates. Pas évident pour lui qui s’est attiré les foudres de l’opinion après une sordide affaire de poursuites judiciaires à l’encontre d’un couple propriétaire d’une maison dans laquelle il s’est blessé alors qu’il n’avait pas la permission d’y entrer. “Il n’est pas honnête” déclare au New York Times Ray Akey, un Républicain de 66 ans, choqué par cette histoire et le vote d’Alesi en faveur du “mariage” gay.
La situation de Roy J. McDonald paraît plus sûre : le sénateur qui attribue son changement d’avis à ses deux petits-enfants autistes qui l’auraient amené à reconsidérer un certain nombre de points de vue (ben voyons…), a été élu avec plus de 18 000 voix d’avance. Pas sûr cependant qu’il se représente… Bob Roe, son ami Président du Parti conservateur dans le comté de Saratoga ne cache pas sa déception et assure qu’il ne pourra plus le soutenir aux prochaines élections.
Le sénateur Steven M. Saland avait voté contre le “mariage” gay en 2009. S’il a changé d’avis, c’est sous la pression de son épouse Linda et du rabbin de la synagogue qu’il fréquente depuis longtemps ! Elu en 2010 avec presque 20 000 voix d’avance, il ne paraît pas plus en danger que cela.
Tout le contraire de Mark J. Grisanti, ex-démocrate, élu sous les couleurs républicaines en 2010 dans un fief démocrate avec… 519 voix d’avance !