Il s’accroche, Todd Akin, et engrange depuis quelques jours des soutiens de poids au sein du Parti républicain. Malgré les pressions de l’establishment au sein du Grand Old Party et de Mitt Romney lui-même, le représentant du Missouri a décidé mardi de se maintenir comme candidat à l’élection sénatoriale.
La semaine dernière justement, il a reçu de nombreux soutiens médiatiques : le sénateur de Caroline du Sud Jim DeMint, celui du Missouri Roy Blunt, l’ancien gouverneur du Missouri Kit Bond, les candidats malheureux à l’investiture républicaine Rick Santorum et Newt Gingrich (qui a animé une soirée de levée de fonds au profit d’Akin il y a une semaine).
Sans oublier le Senate Conservatives Fund (qui ambitionne de lui verser 300 000 dollars dont plus de 125 000 ont déjà été levés), le Freedom’s Defense Fund (qui a promis de consacrer 250 000 dollars à sa campagne de spots TV) et même le Parti républicain de l’État du Missouri (le même qui lui demandait de renoncer il y a quelques semaines) !
Quant au National Republican Senatorial Committee, qui lui avait retiré sous soutien lors de la polémique, il a lâché la semaine dernière, par la voix de Rob Jesmer, son directeur exécutif, que Todd Akin était “largement préférable” à sa concurrente démocrate, la sortante Claire McCaskill et qu’il “espère” sa victoire. Le NRSC devrait même soutenir sa campagne.
Quant à la société civile, elle ne tarit pas d’éloge sur Todd Akin. Par exemple, la puissante National Rifle Association (qui revendique 4,3 millions de membres) lui a accordé la note “A”. En face, McCaskill traîne un “F”…
Pour comprendre comment Akin a réussi à s’imposer dans son camp, il faut aller voir du côté de la droite chrétienne (Mike Huckabee, Tony Perkins, le Family Research Council, l’American Family Association, etc.) qui ne l’a jamais laissé tomber quand tous les autres (ou presque) prenaient leur distance.
Grâce à cette composante, il s’est maintenu jusqu’à la date limite de retrait des candidatures. Du coup, le GOP n’a plus le choix : il doit le faire gagner pour avoir une chance de faire basculer le Sénat à droite en novembre. Autant dire que si Akin l’emporte en novembre, les conservateurs auront gagné sur toute la ligne, infligeant une raclée à l’establishment au sein du Parti républicain et pouvant compter sur un élu radicalement anti-État, “pro-vie” et anti-lobby gay.
Ce n’est d’ailleurs pas impossible : un sondage réalisé les 10 et 11 septembre donne à Akin près de 5 points d’avance sur la sortante démocrate (Romney y écrase Obama avec presque 20 points d’avance. Pas mal pour un État remporté en 2008 par McCain avec seulement 4 000 voix d’avance sur Obama) tandis qu’un autre mené le 11 septembre lui colle un retard de 6 points.
Petit rappel de la polémique : en août dernier, Todd Akin a déclaré maladroitement sur KTVI-TV, une chaîne de télévision basée à St. Louis, que les femmes possèdent des défenses biologiques leur permettant de ne pas tomber enceintes en cas de « viol véritable ». Cette théorie fait l’objet d’un débat, même si cela dérange manifestement la gauche. Toujours est-il que 1) certaines femmes tombent quand même enceinte malgré ces défenses 2) un tel discours a pu donner l’impression de minorer les conséquences d’un viol pour la femme. L’élu s’en est d’ailleurs rendu compte et a, dans une déclaration mise en ligne, présenté ses excuses : « Le viol est un acte diabolique. J’ai utilisé de mauvais mots de mauvaise manière et pour cela, je m’excuse. (…) Je demande votre pardon »