Mitt Romney a remporté 46% des suffrages lors de la primaire républicaine de Floride. Son principal rival, Newt Gingrich, obtient un score décevant.
Newt Gingrich, l’ancien ‘‘Speaker’’ de la chambre des représentants, avait prédit que son score, additionné à celui de Rick Santorum, serait supérieur à celui de Mitt Romney. Les résultats ont prouvé le contraire : à la sortie des urnes de la primaire républicaine de Floride, Romney obtenait 46%, Gingrich 32%, Santorum 12% et Ron Paul 8%.
La Floride est un état significatif par la taille de sa population, qui en fait le quatrième état le plus peuplé, et sa capacité à basculer d’un bord comme de l’autre dans une élection présidentielle, comme ce fut particulièrement le cas en 2000. En 2008, Romney avait remporté 31% des voix et John McCain 36% – une victoire décisive pour ce dernier. Cette année, les cartes sont rabattues à la faveur de Mitt Romney, qui devient l’homme fort dans la course qui désignera l’adversaire républicain de Barack Obama.
Une large victoire pour Mitt Romney
L’ancien homme d’affaires a remporté une large victoire, embrassant presque toutes les catégories d’électeurs. Selon les premières estimations, Romney aurait gagné 58% des voix des électeurs considérant que la nature éligible du candidat était le facteur le plus important. Il a bénéficié de 53% du vote hispanique, dans un état où cette communauté représente un dixième de la population, contre 29% pour Newt Gingrich. Romney a conquis 51% des électrices féminines, contre 29% seulement pour l’ancien ‘‘Speaker.’’ Il l’a, de même, emporté parmi les électeurs âgés. Enfin, fait méritant d’être tout particulièrement souligné, les électeurs du mouvement Tea Party lui ont apporté leur soutien à 40%, contre 38% pour Gingrich. Ce dernier a seulement devancé Romney, et de peu, parmi les électeurs évangéliques et ceux qui se revendiquent « très conservateurs ».
La joie était vive parmi ses partisans et soutiens lorsqu’il a prononcé son discours de victoire à Tampa. Le candidat a véhiculé un nouvel esprit de confiance – sans que sa famille n’apparaisse derrière lui, peut-être pour paraître à la fois plus solennel et présidentiel. Mitt Romney a promis l’unité lors de la convention républicaine qui sera organisée dans sept mois au même endroit, en Floride. Il a insisté sur son sens du leadership, l’opposant au tempérament de « suiveur » dont ferait preuve le Président Obama, citant au passage Thomas Paine. Il a aussi dressé un constat d’échec dans différents domaines, notamment en matière d’emploi, alors que le taux de chômage refuse de descendre en-dessous de 8% depuis maintenant 35 mois. Son mot d’ordre : faire renouer l’Amérique avec la grandeur.
Sonné, Gingrich reste dans la course et s’en remet au pouvoir des idées
Newt Gingrich, par contraste, avait l’air fatigué dans son QG de campagne d’Orlando. L’ancien ‘‘Speaker’’ avait prédit que son score, additionné à celui de Rick Santorum serait supérieur à celui de Romney. Les résultats ont prouvé le contraire. Certains journalistes ont relevé un comité d’accueil particulièrement triste avant son arrivée. Il a toutefois prononcé un discours relativement long pour une défaite et sans prompteur. Il était aux côtés de son épouse Callista, peu souriante pour l’occasion. Gingrich a ramené la primaire à une lutte à deux, avec un candidat conservateur d’un côté, lui, et un « modéré du Massachussetts » de l’autre. Son slogan du soir, brandi sur les pancartes : « Il reste 46 états ! ».
Non sans une certaine emphase et dans le style brouillon qu’on lui prête parfois, Gingrich s’est mis à rêver à haute voix de ses premiers jours dans le bureau ovale. Le nouveau Président publierait une série d’ordres exécutifs – tout en reconnaissant avoir besoin d’une victoire des Républicains au Sénat pour accélérer le processus. Après sa prestation de serment, trois lois l’attendraient le matin même : la première mettrait fin à l’Obamacare, la deuxième à Dodd-Frank et la dernière à Sarbanes-Oxley. Très rapidement, il donnerait le feu vert au déploiement du pipeline de Keystone. Ce projet, partagé avec le Canada et jugé porteur de milliers d’emplois, a été refusé dernièrement par l’administration Obama pour des raisons « environnementales » – le lobby écologiste reste très influent côté démocrate. Ainsi, malgré un retard de 14 points, Newt Gingrich n’a fait aucune concession en direction de Romney ou de l’unité du Parti républicain. Il s’en est remis au « pouvoir des idées » et a proposé de revenir à un Contrat électoral, comme en 1994 à l’occasion des élections au Congrès, quand le GOP avait proposé un « contrat avec l’Amérique ».
Les primaires continuent, avec avantage pour Romney
Dans leurs discours post-résultats, Romney comme Gingrich se sont naturellement accordés pour qualifier la Présidence Obama de « désastre » et en appeler au changement. Mais si Newt Gingrich souhaite rester dans la course, il devra se remettre de ce lourd échec. Le candidat reste à la traîne côté levée de fonds : à ce stade, 128 millions de dollars pour Obama, 57 millions pour Romney et 12,7 millions pour Gingrich. De surcroît, les prochains états où aura lieu un caucus en février s’annoncent plutôt favorables à Mitt Romney : en 2008 il l’avait emporté dans le Nevada (4 février), dans le Maine (4 et 11 février), le Colorado (primaire le 7 février), Minnesota (7 février) et le Michigan (28 février).
Rick Santorum, avec un investissement limité en Floride, faisait déjà campagne dans le Nevada le soir des résultats, là où se tiendra lieu la prochaine primaire le 4 février. Il a regretté, devant une petite audience, la teneur négative de la campagne de Floride. Santorum a réitéré son souhait de poursuivre la course, avec un discours prévu sur l’Obamacare prochainement. Ron Paul reste, lui aussi, toujours en lice, malgré les moins de 10% remportés en Floride.
Le 28 février aura aussi lieu la primaire d’Arizona, où Romney pourra compter sur le soutien de John McCain qui en est sénateur. Les états du sud auront ensuite la part belle en mars, avec un espoir de rebond pour Gingrich qui prédit une campagne des primaires durant encore « six mois ».
*Philippe Deswel est rédacteur au Bulletin d’Amérique.