« Que veulent les centaines de milliers de personnes qui viennent dans la rue le dimanche après-midi ? » Jean-Frédéric Poisson, Député UMP des Yvelines et Vice-président du PCD, rencontré par Nouvelles de France, s’adonne à des hypothèses quant à l’avenir du mouvement de la Manif pour Tous. Bien que la forte mobilisation des pro-famille n’ait pas suffi à retourner la situation, incontestablement, la détermination des manifestants ne désemplit pas (cf. leurs diverses actions organisées depuis le 26 mai). En politique, une partie de la Droite représentée par les députés de l’Entente parlementaire tels que Poisson, Gosselin, Breton, Meunier, défavorables à l’union civile, s’interroge sur l’ampleur et la continuité du mouvement à long terme.
Ils peuvent s’en inquiéter car revenir sur une loi concernant l’état de personnes se révèle être une situation « délicate mais pas impossible » selon le député Jean-Frédéric Poisson. Il rappelle qu’en adoptant le projet de loi sur le mariage homo, le Conseil constitutionnel « a élargi la notion d’égalité ». Abroger la loi irait alors à l’encontre du principe d’égalité constitutionnelle, nouvellement établi. le Parlement a décidé que la loi n’était pas rétroactive : dans une situation d’abrogation de loi, les personnes mariées le resteraient, de même pour les enfants affiliés. Le problème est que « le Conseil constitutionnel n’aime pas que deux statuts juridiques coexistent sur un même sujet », déclare Jean-Frédéric Poisson qui estime qu’il faut donc « constitutionnaliser le mariage » afin « d’éviter, pour une loi d’abrogation, la censure du Conseil constitutionnel ». Le moyen ? « Le référendum prévu par l’article 11 de la Constitution dont l’initiative appartient au Président de la république », affirme le député qui espère que ce référendum sera organisé à l’occasion du changement de majorité.
Demain, qui pour abroger la loi ? Au fur et à mesure du débat jusqu’à la reconnaissance du mariage homo, les discours des têtes de l’UMP se sont clarifiés : abroger la loi n’est pas devenue une priorité. Fillon s’est prononcé pour une réécriture de la loi à propos de l’adoption avec le remplacement du mariage par l’union civile. Mariton, favorable à l’union civile, a déclaré qu’au retour de la droite au gouvernement, les Français seraient sollicités par référendum. Copé semble avoir tourné la page depuis le vote de la loi. De quoi décourager les manifestants …
Qui peut prédire du poids politique du mouvement de contestation du mariage homo ? Jean-Frédéric Poisson reconnait dans Causeur la radicalisation du mouvement « par sa nouveauté et par l’exigence éthique de son engagement ». Reconnaître est une chose, y répondre en est une autre : la politique de droite montre pour l’instant ses limites malgré la bonne volonté de certains élus. Ce qui compte, à l’avenir, sera le mode d’intervention de LMPT au sein du débat public : à ce jour, aucun cadre structurel n’a été encore mis en place. Au niveau individuel, les manifestants ont assisté massivement aux mobilisations nationales, répondant à une exaspération générale des actions du gouvernement. Mais jusqu’où les manifestants sont prêts désormais à s’engager localement autour de projets collectifs pour défendre leurs visions du bien commun ? Le député Poisson indique que chaque manifestant n’a pas « vocation à s’engager politiquement mais peut, à son échelle, s’engager dans le sens de ses valeurs ».
Les semaines, les mois qui viennent nous indiqueront les actions de LMPT… en attendant, Jean-Frédéric Poisson accueille toutes les idées neuves à sa permanence.
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