Macron voulait incarner la modernité d’un nouveau monde. L’opposition, qui reprend du poil de la bête, voit en lui « le retour de l’ancien monde en pire », comme disait récemment Ciotti. En fait, Jupiter-Narcisse fait davantage penser à un médecin de Molière qu’à Einstein. Ce dernier avait fustigé l’entêtement de ceux qui veulent résoudre un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré. » La folie c’est de se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent » allait-il jusqu’à dire. Détenteur d’un savoir livresque dénué d’expérience, le médecin de Molière multiplie saignées et clystères qui épuisent son patient jusqu’à ce que celui-ci meure en conformité avec la bonne médecine. Le personnage de Toinette dans le Malade Imaginaire ridiculise cette prétention avec son « le poumon, le poumon, vous dis-je… »
Imperturbable, inaccessible, notre jeune Président énarque, jamais élu auparavant, persévère dans l’erreur avec une rigidité qui fait douter de l’intelligence qu’on croyait déceler derrière le brio du conférencier amateur d’abstractions. Diafoirus de la politique, et tout aussi pédant que lui, ce fils de médecins promet une nouvelle purge à un malade qui n’est pas remis des précédentes. La France est championne pour la dépense publique, l’emploi public, les prélèvements obligatoires. Cette politique fait monter le chômage et baisser le pouvoir d’achat. Hollande, dont Macron était le conseiller, avait accentué la dérive. Son traître de successeur a déçu ceux qui espéraient des réformes justes et efficaces, et qui lui ont offert une chambre introuvable, avec une majorité hétéroclite de socialistes et de républicains sauvés des eaux, lestée de la diversité d’une société civile qu’on attendait plus sérieuse. Elle ne demeure unie que par la crainte de perdre ses sièges si facilement acquis. Face à l’absence de résultats de sa politique, Jupiter prétend augmenter les doses du traitement en s’acharnant notamment sur les retraités, et s’en prend à l’étranger aux gaulois réfractaires aux changements ! Lorsque la guérison ne survient pas, c’est le malade qui est coupable. Le docteur a toujours raison !
De la même façon, devant les Ambassadeurs, notre « chef des Armées » qui aime porter les uniformes et tancer les généraux, alors qu’il a lui-même évité le service militaire, a réitéré ses menaces envers le Président Bachar Al Assad, en rabâchant les slogans vieux de plusieurs années contre celui qui massacre son peuple, qui emploie des armes chimiques et qui va provoquer un bain de sang à Idlib, sans doute comme Kadhafi l’aurait fait à Benghazi sans l’intervention occidentale dont on connaît aujourd’hui les conséquences désastreuses et peut-être les causes peu glorieuses. Les Occidentaux, et la France en particulier, se sont lourdement trompés en Syrie comme en Libye. Ceux qui ont alimenté la guerre au mépris du droit international en violant la souveraineté d’un Etat ont-ils quelque légitimité pour interdire au gouvernement syrien de retrouver la plénitude de son pouvoir sur une région infestée de djihadistes ? Les 112 000 morts loyalistes face aux 119 000 des rebelles montrent qu’il s’agissait d’une guerre civile et que Bachar n’était pas seul. Que les propos de « notre » Président soient comme ceux de ses prédécesseurs commandés par notre soumission à la politique américaine et par nos alliances douteuses avec les pétromonarchies ne les excuse pas. On espérait de lui plus de réalisme, et moins d’aveuglement.
Derrière les formules doctes et péremptoires, la cohérence vole en effet en éclat. Tantôt, c’est le retour de l’identité des peuples, tantôt il n’y a plus de « vrais Danois » bien que selon lui leur culture luthérienne soit un avantage. Comprenne qui peut… La grandeur jupitérienne du réformateur sans état d’âme, face au réchauffement climatique planétaire, rétrécit jusqu’à un clientélisme envers les chasseurs, surtout ceux qui ont les moyens de se payer un permis national (400 Euros). A ces 120 000 « pauvres » d’un genre particulier, il fait généreusement une remise de 50%. Peu importe si les chiens (sauf ceux de chasse) aboient, la caravane passe… Justement non : Nicolas Hulot qui servait de caution décorative dans la distribution présidentielle a claqué la porte. Notre brillant orateur à discours variables, mais toujours aussi « magistraux » et satisfaits d’eux-mêmes, en est tout retourné : c’est l’art du verbe qu’il faut admirer, et non les actes qui suivent. L’ennui, c’est que Hulot voulait peut-être que le médecin parle moins bien, mais qu’il cherche à guérir. Lorsqu’il a vu que là n’était pas la question, il est parti !