L’ensauvagement n’est pas une nouvelle de l’été parmi d’autres. C’est entre le retour du virus, la crise économique et les six millions de chômeurs, le vote dans l’indifférence estivale de la PMA pour les lesbiennes, et les mesures écolos pondues par la convention dite citoyenne, le sujet décisif parce que mortel à moyen ou long terme pour notre civilisation. Or, même lorsque l’accumulation des faits impose son évidence, cet intrus dans le monde politiquement correct de la bienpensance continue à se heurter à un aveuglement général du microcosme politico-médiatique, variable toutefois dans la gamme de ses manifestations.
Il y a d’abord la réponse conjointe des politiciens professionnels et des technocrates, souvent les mêmes. L’ensauvagement, c’est-à-dire la montée de la violence dans les rapports sociaux ne concernerait qu’une partie de la société, mais engloberait l’anomie de certains quartiers en déshérence et la réaction extrémiste qu’elle suscite (quel scandale !) chez les identitaires. Il pourrait en tout cas être résolu par des mesures quantitatives et techniques. L’augmentation du nombre de policiers, la lutte contre le trafic de drogues qui gangrène les zones de non-droit, et bien sûr une nouvelle couche de politique de la ville, grâce aux finances d’un Etat qui depuis peu semblent inépuisables. On observera le flou qui entoure les réponses à la question de la drogue. Le Premier Ministre a annoncé une généralisation de l’amende forfaitaire pour les consommateurs. Elle ne concerne pas les mineurs et vise à désengorger les tribunaux qui retrouveront toutefois ceux qui n’auront pas payé. Les policiers pourront donc taxer les « clients » solvables mais seront impuissants devant l’activité des zones où leur présence réclame des opérations d’ampleur considérable. Et il sera toujours plus confortable d’épingler le distrait qui a oublié son masque que le dealer au sein de son quartier. Faut-il rappeler que l’interdiction du voile intégral, un masque lui-aussi, n’a guère eu de suite pour les mêmes raisons ? Ce n’est pas le motif de l’amende qui constitue la difficulté, mais la personne à laquelle elle s’applique et la communauté à laquelle elle appartient. Alors, bien sûr, on évoque à nouveau la dépénalisation : sur ce point la solution technique et lâche rejoint la préférence idéologique des prétendus « progressistes »: toujours plus de licence pour les individus, et avec d’autant plus d’enthousiasme que la pratique « libérée » vient d’ailleurs : l’alcool, non, mais le cannabis, oui !
Lorsqu’on passe des technocrates aux idéologues, c’est le mot lui-même qui effarouche. Qui dit ensauvagement dit sauvage, et qui dit sauvage commence à sentir le souffre du racisme. Les faits ont beau être têtus et aligner des auteurs qui ne s’appellent ni Philippe, ni Mélanie, ni Thomas, ni Axelle, car ce sont les prénoms des victimes, l’antiracisme inquisiteur refuse ce terme sourdement discriminant. Lorsqu’un crime met en lumière une partition ethnique de notre société, parce que justement des ethnies différentes, et non des races, ont des cultures différentes, et donc des comportements différents, un rapport différent à la violence, notamment, la novlangue progressiste édulcore : ce sont des incivilités, commises par des « jeunes », victimes de conditions sociales défavorables. Ce sont les victimes de la colonisation à la fois comme descendants de colonisés, et comme « indigènes » colonisés en France même. Ce discours délirant accuse les forces de l’ordre de violences ciblées, et exige que la France désarme sa police aujourd’hui et se repente de son passé colonial et esclavagiste d’avant-hier. On comprend que le gauchisme déstabilisateur ne néglige aucun mensonge historique ou judiciaire, mais la passivité de l’Etat devant ces excès laisse pantois. Curieusement, le technocrate sans expérience qui habite l’Elysée se révèle davantage comme un idéologue progressiste, sensible aux arguments gauchistes dès qu’il ne s’agit pas d’économie : il avait demandé à sa Garde des sceaux de recevoir Assa Traoré ; il a osé parler de crime contre l’humanité à propos de la colonisation ; il confie maintenant, selon son bon vouloir, la mission mémorielle sur l’Algérie à l’historien le plus partisan et le plus hostile à la France. Comment veut-on lutter contre l’ensauvagement si on nie son existence, en parlant d’incivilités, et si on alimente ainsi les prétextes de l’insoumission à l’ordre républicain ? Et c’est le Président de la République qui commet cette faute lourde ? L’indemnisation de la victime du viol commis en prison par Adama Traoré, décidée le 12 Mars par la CIVI de Pontoise, montre cependant toute la mauvaise foi qui sous-tend non une demande de justice, mais une volonté d’affaiblir notre société.
Ceux qui ont lu 1984 d’Orwell savent que la novlangue se plaît aux antiphrases, aux mots qui disent le contraire de ce qu’ils désignent. Le minipax y est ainsi le ministère de la guerre. De même, le régime que nous subissons se proclame progressiste, parce qu’anti-conservateur. En fait, il est le complice actif et enthousiaste de la décadence de notre pays et de la civilisation qu’il incarne. Décadence, en voilà un gros mot politiquement très incorrect et qui prend jour après jour le poids de l’évidence, pointée par des penseurs aussi différents que Maffesoli ou Onfray. Nous vivons la chute de notre pays, sur le plan économique mais aussi intellectuel avec la fin des idées claires et distinctes qui caractérisaient la pensée française, cartésienne. Nous vivons la submersion de la civilisation chrétienne par le matérialisme hédoniste et consumériste. Nous subissons une évolution démographique mortelle pour notre identité. Démographie ! Un autre gros mot ! Depuis des décennies, en même temps qu’on encourageait l’immigration de familles nombreuses y compris polygames, porteuses d’une autre culture, comme des faits divers récents viennent de le souligner, on démantelait systématiquement la famille française , lieu privilégié de la transmission pour réduire la population autochtone en « particules élémentaires » sous prétexte de satisfaire les caprices de groupes de pression ultra-minoritaires. Au coeur de cet été du Covid, le pouvoir inepte qui sévit en France fait passer en catimini la PMA pour les lesbiennes, en jurant ses grands dieux que la GPA est une ligne rouge… Ce sera pour le prochain mandat !