Après son recul impressionnant dans les sondages, Emmanuel Macron a intensifié son omniprésence médiatique. Le spectacle continue avec une tendance à importer le modèle américain d’Obama. Ainsi, la réception à l’Elysée, avec mise en valeur de la « 1ère Dame française », de plusieurs « stars » internationales comme Bono ou Rihanna, qui soignent leur image par un engagement humanitaire, ressemble à la mise en scène des années précédentes à la Maison Blanche. Plus sérieux que la « peopelisation » du couple présidentiel, sont les décisions politiques. L’une d’elles est habile. C’est la nationalisation temporaire de STX. D’abord, elle vient logiquement du gouvernement, et, cerise sur le gâteau, d’un ministre « de droite » qui n’est plus à une couleuvre à avaler ou à une veste à retourner près. Le voilà donc sur les pas de Montebourg, et du patriotisme économique pour sauver nos industries stratégiques. Or, Macron lui-même, quand il conseillait Hollande à l’Elysée ou succédait à Montebourg à Bercy, était aux antipodes de cette attitude. Il ne fallait pas effaroucher les investisseurs étrangers, mais vendre les aéroports aux Chinois pour qu’ils achètent des Airbus, et accepter l’abandon d’Acatel, de Lafarge ou d’Alstom-énergie à des groupes étrangers. Le voici maintenant qui joue les bons offices, après le mauvais coup fait à des Italiens scandalisés par la politique unilatérale à leur encontre. Etre à la fois le chantre de l’Europe fédérale et fermer la porte à des Européens quand on l’ouvre à des Asiatiques n’est pas très cohérent, d’autant moins que l’Etat désargenté n’aura guère les moyens de poursuivre cette stratégie. Celle-ci est-elle industrielle ou de pure communication afin de redonner une touche de patriotisme à un tableau altéré par une attitude méprisante avec l’armée ? Cela montre que Macron est pragmatique, mais on peut penser que ce pragmatisme vise davantage la conquête et la conservation du pouvoir que le bien commun du pays. La diversité des motifs, de la rentabilité financière pour Alstom à la conservation du savoir-faire national pour STX, laisse penser à un opportunisme lié à des calculs dont le principal élément s’appelle Macron, et non la France. La malheureuse confusion de Marine Le Pen entre les dossiers SFR et Alstom, et leur mauvaise connaissance, ne lui avaient pas permis de démasquer le personnage, un homme de théâtre avant tout, capable de mentir avec beaucoup d’assurance.
C’est avec ce rare talent de falsificateur que le Président de la République a présidé récemment une cérémonie de décrets de naturalisation. Là encore, le choix du lieu n’était pas dû au hasard. C’était à Orléans, une ville de droite où il avait déjà commencé sa campagne de séduction des patriotes naïfs en étant présent lors des Fêtes Johanniques et en vantant une étonnante Jeanne, femme de justice et de progrès, humaniste et européenne avant l’heure… C’est un grand art de dire n’importe quoi, tout et son contraire, avec aisance. Il faut le reconnaître… et amplifier notre méfiance. Le discours sur les migrants était donc ferme dans la forme, et trompeur dans son contenu. Les annonces sont péremptoires. Oui à l’asile des combattants de la liberté, non aux migrants économiques. Le Président ne veut plus voir un migrant dans la rue ni dans les bois. Les délais d’examen du droit d’asile seront ramenés à six mois au-delà desquels les déboutés seront reconduits à la frontière ou dans leur pays. Grâce à la réconciliation des frères ennemis libyens qui poursuivent la guerre civile depuis la chute de Kadhafi, à laquelle notre pays n’était pas étranger, des centres de contrôle sur place des demandeurs d’asile seront implantés afin d’éviter les risques de traversée maritime aux mains des passeurs. Il n’y a rien dans ce discours qui ne puisse être retourné comme un gant, à commencer par son contexte. Le Loiret n’est pas la Seine-Saint-Denis. La naturalisation massive d’étrangers, et l’application du droit du sol, masquent chaque année le nombre réel des immigrés en France et ce phénomène que Renaud Camus appelle le Grand Remplacement. L’accession juridique à la nationalité française cache la réalité de l’immigration. Par ailleurs, les migrants clandestins ne sont évidemment pas comptabilisés. Les chiffres doivent donc être corrigés ainsi que le démontrent des sociologues comme Michèle Tribalat ou Jean-Paul Gourévitch. La distance culturelle est un obstacle dont le droit et l’antiracisme idéologique, qui contribue à l’aveuglement, ne veulent pas entendre parler alors qu’il est primordial. Mon séjour actuel entre Nice et Menton me confirme l’acuité du problème. La population de Nice a changé. Les gares qui jalonnent le parcours voient attendre puis monter subrepticement des voyageurs inquiets des regards et portant sac-à-dos. La réalité se moque des discours. Il lui faut des actes. Les seuls promis par M. Macron consistent à accueillir les migrants et à les loger, ce qui accentuera l’appel d’air, à accélérer les procédures en six mois, délai peu réaliste durant lequel ils pourront s’évaporer sur le territoire puisque la réquisition de logements semble préférée à la constitution de centres. Quant à la réconciliation entre Tripoli et Benghazi, elle se fera sans doute par la force quand on sait les forces qui soutiennent les deux adversaires.
Le Président a bien sûr rencontré une famille syrienne. Là encore, il s’agit d’un trompe-l’oeil. La plupart des migrants ne viennent pas de Syrie et ne sont pas des combattants de la liberté. Ceux qui se réfugiaient à Londres en 1940, pour la plupart, n’y restaient pas, et retournaient en France pour résister comme Honoré d’Estienne d’Orves ou pour combattre en Afrique comme Leclerc. Les Afghans, les Erytréens ne sont pas des combattants. Ils fuient la guerre et la misère avec l’espoir d’accéder à une vie meilleure. Le demandeur d’asile et le migrant économique peuvent-ils être si facilement distingués ? La France peut-elle compromettre son identité, sa réalité, sa paix intérieure et sa sécurité en prolongeant cette politique suicidaire ? Certainement pas, et les discours n’y changeront rien !
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