Ambiance lourde dans la XIVe circonscription de Paris (Centre et Sud du très chic XVIe arrondissement). Plusieurs candidats de droite et du centre voudraient sortir le sortant, Claude Goasguen. Ce dernier a été investi par l’UMP et est soutenu par le Nouveau centre, le Parti radical et l’Alliance centriste. Face à lui, Valérie Sachs, qui affiche sur son site et sur son affiche de campagne le logo du Nouveau centre :
De quoi agacer Claude Goasguen, qui publie sur son blog une lettre de François Sauvadet, vice-président du Nouveau centre et président de la commission d’investiture du parti “[lui adressant] tous [ses] vœux de réussite pour [sa] réélection”. Éric Helard, conseiller de Paris du XVIe, membre du comité exécutif et de la commission nationale d’investiture du Nouveau centre et Marie-Caroline Brasseur, adjointe au maire du XVIe, membre du Nouveau centre, “confirment cette information”. “Si certains membres du Nouveau centre soutiennent des candidats dissidents, ce choix reste personnel et n’engage en rien le parti”.
À noter que Valérie Sachs utilise le logo de l’UDF des années 80 avec l’objectif avoué “d’essayer de se démarquer” : “Je ne voulais pas aller aux législatives avec une famille décimée. C’est pour cela que j’ai choisi l’UDF des années Giscard“, “quand l’UDF était la première force de la droite”. Au début de l’année, Valérie Sachs a révélé qu’elle n’avait pas digéré l’éviction du fauteuil de maire de Pierre-Christian Taittinger par Claude Goasguen (relatée ici, ici, ici et là). Un “crime” auquel elle ne s’était pourtant pas opposée, à l’époque…
Si les rivalités ne sont pas nouvelles dans le XVIe, la tension n’a jamais été aussi forte entre Claude Goasguen et David Alphand. Ce dernier n’en est pas à sa première candidature dissidente : en 2008, il avait obtenu 13,22 % et trois élus (dont lui) au premier tour de l’élection municipale remportée par Goasguen. Cette année, il affiche le soutien d’Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris et président du groupe “Centre et indépendants” au conseil de Paris.
Le 29 mai, David Alphand a été assigné devant le juge des référés par Claude Goasguen pour avoir fait imprimer des tracts sans la mention obligatoire de l’imprimeur et comportant la mention “UMP” (il est l’“unique candidat investi” de “la droite” et du “centre” contre “la coalition des partis de gauche”, explique-t-il sur son blog) alors qu’il a été suspendu le 11 mai et exclu le 30 mai. Sans succès. Du coup, le maire du XVIe ne manque pas de rappeler sur son blog que son concurrent n’est plus membre de l’UMP. Exemple le 29 mai :
Autre exemple, le 30 mai :
Par ailleurs, David Alphand (qui ne supporte pas davantage la contradiction) accuse Claude Goasguen et des gros bras “qui avaient des figures de mafieux bien plus que de gens du XVIe” de s’en être pris “physiquement et verbalement” à lui et à ses militants dimanche 20 mai, rue de l’Annonciation. Réaction du maire ? Il assigne Antoine Dufour, animateur du blog Paris16info, qu’il accuse de l’avoir “[mis] en cause gravement”. Ce dernier a aussitôt reçu le soutien de Christophe Grébert, blogueur de MonPuteaux.com. Pour la petite histoire, l’avocat de Claude Goasguen, Me Jean-Marc Fédida, est aussi l’avocat du maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, avec qui Grébert est en procès permanent.
“Depuis son élection, Claude Goasguen et ses ‘amis’ ont usés et abusés de divers moyens de pressions pour faire fermer ce site. Ils n’ont pas hésités pour certains à porter atteinte à la vie privée de son responsable et à commettre de graves infractions à la loi. Bien évidémment cela devra être révélé à la justice et aux enquêteurs mais aussi aux citoyens de cet arrondissement”, menace le blogueur. Claude Goasguen “pense sans doute nous faire peur et nous contraindre au silence comme il l’a fait pour le gratuit 16&+“, continue-t-il. Deux blogs concurrents du sien auraient été créés par des proches du maire qui dispose déjà du mensuel 16.
La suppléante de David Alphand ? Laurence Dreyfuss, qui n’a, elle aussi, pas digéré le putch organisé par Claude Goasguen, avec la complicité de son premier adjoint Gérard Leban. Comme Valérie Sachs, elle était restée silencieuse à l’époque. Décidément, la figure de Pierre-Christian Taittinger justifie toutes les instrumentalisations possibles et imaginables !