Le temps politique et le temps médiatique vont-ils pouvoir célébrer leurs noces d’argent en mai 2017 en France ? C’est ce que semble présager la proposition de loi constitutionnelle de modernisation des règles applicables à l’élection présidentielle en discussion actuellement au Parlement. Ce texte vient en effet modifier certaines règles relatives aux « parrainages » comme aux temps de parole des candidats. Ainsi, au nom de la transparence, les noms de la totalité des élus ayant parrainé un candidat seront rendus publics et non plus seulement les 500 parrainages requis actuellement. Les auteurs de la proposition souhaitent ainsi que tous les élus ayant présenté un candidat assument publiquement ce choix devant leurs électeurs. Le motif est certes louable mais les conséquences risquent de priver de sérénité le mandat de certains élus en proie aux pressions tant de leurs électeurs, de leur parti, des alliances de leur parti comme des médias. A l’heure de la désaffection des électeurs pour la classe politique, certaines personnalités avec ou sans étiquette auraient peut-être préféré le secret de leur option plutôt qu’une publicité qui ne simplifie en rien les relations avec leurs publics.Une autre disposition singulière consiste dans le temps de parole conféré aux candidats. Dans les deux semaines précédant l’élection , l’égalité du temps de parole serait maintenue entre les prétendants à la magistrature suprême. Par contre, durant la période intermédiaire, donc précédant cette campagne officielle, c’est le principe d’équité qui serait instauré entre les candidats. L’équité serait ainsi appréciée en tenant compte de la représentativité du candidat, de ses résultats aux plus récentes élections, des enquêtes d’opinion et de sa capacité à manifester son implication politique… Ces éléments seraient appréciés par les rédactions sous le contrôle du Conseil Supérieur de l’audiovisuel. Cette équité vise à remédier au nombre considéré par certains comme trop important de candidats (12 en 2007 et 10 en 2012). Ce dernier rend les médias peu enclins à organiser des débats par crainte de ne pas respecter l’égalité du temps de parole ainsi qu’à devoir le limiter. L’égalité prônée à longueur de journaux télévisés serait ainsi transformée en équité jugée par ces mêmes journaux pour une élection présidentielle qui reste une élection primordiale en France. Les candidats qualifiés bien injustement de petits auront quelques raisons de manifester leur inquiétude mais ils ne devraient pas rester seuls longtemps. Le temps de parole est important mais le choix des questions l’est tout autant. Il y a 25 ans, un film retraçait la pensée de Noam Chomsky et la manipulation de l’opinion publique par les médias. Il est des unions qui rendent cette démocratie particulière bien dure à supporter.
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