Dénouement des attaques du 7 au 9 janvier 2015 : Un fiasco politico-policier ?

Tout citoyen dispose de la parcelle de pouvoir et d’intelligence suffisante pour s’interroger, car, à ce niveau d’enjeux, la tentation existe de mettre en avant certains éléments, ou d’en dissimuler d’autres.

A Dammarie le GIGN se met en place pour monter à l’assaut, les frères Kouachi tentent une sortie, quelques coups de feu claquent, ils sont abattus immédiatement par les tireurs de précision postés. Rien à dire, si ce n’est que le GIGN maîtrise parfaitement ses appuis (tireurs de précision, grenades) et prévoyait un groupe d’assaut par les hauts, ce qui est un des standards de l’intervention des forces spéciales en zone urbaine depuis 10 ans, après un fort retour d’expérience de Marignane et des FS US en Irak. Accessoirement un assaut par le haut permet un tir fichant et donc un risque de tirs fratricides réduit.

A Vincennes, les unités de police se mettent en place en 3 groupes dans un dispositif très resserré, un à l’arrière, deux à l’avant. A l’avant, un groupe se place à droite de la porte, l’autre à gauche. Le groupe arrière est face à une entrée barricadée et les otages se trouvent dans son secteur de tir. A l’avant, un premier policier se baisse et pénètre seul dans la superette, sans attendre l’ouverture complète du rideau. Il franchit le secteur de tir de la totalité des groupes, se mettant en danger et privant de possibilités d’observation et de tirs ses équipiers. S’ensuit un temps d’hésitation, de cris, de jets de grenades et de tirs et on voit apparaitre l’ennemi qui tente de sortir. Les policiers du groupe de droite ouvrent le feu sur lui, avec dans leur axe de tir les policiers du groupe de gauche. Il s’écroule entre les deux groupes. Une fois immobile au sol, les tirs se poursuivent sur l’objectif plusieurs secondes avant de voir un équipier lever son arme, d’entendre les « neutralisé, neutralisé » et que le feu ne cesse. On apprend ensuite la mort de 4 otages, et la présence de 4 blessés graves.
Plusieurs points techniques sont notables :

Chacun des groupes est en position de tirs fratricides directs (notamment le groupe arrière sur les otages). Par ailleurs ce dispositif ramassé rend les groupes vulnérables au « suicide bomber ». Coulibaly disposait d’explosifs et ce mode d’action est possible.

L’élément d’assaut doit entrer au complet « au paquet » pour capter le feu ennemi en offrant plus de cibles alternatives à celles représentées par les otages, et rechercher l’interposition entre les otages et les terroristes. Ici, un seul policier a pénétré.

Les munitions standard (5,56 OTAN des G36 du RAID) d’armes légères modernes ont un faible pouvoir d’arrêt et sont conçues pour « polycribler » : saturer la cibles de tirs directs et de ricochets multiples. Coulibaly, bien protégé des éclats par un gilet réglementaire de la Bundeswehr encaisse de nombreux tirs avant de s’écrouler. En revanche, les otages…
En présence d’otages des consignes très strictes d’ouverture du feu devraient être respectées absolument. Ce qui n’est possible qu’avec un armement spécifique et adapté.

Au-delà de cette situation tactique, la survenance de ces attaques est un fiasco politico-policier. Par construction, si un attentat se produit, c’est qu’il y a eu des erreurs à plusieurs niveaux dans la chaîne de commandement. Il faut pointer les erreurs sans concessions. Il ne s’agit pas de désigner un tel ou un tel, mais de faire progresser l’outil.

– Renseignement : le suivi des cibles Kouachi et autres par la DGSI a été notoirement défaillant.
– Protection de personnalités : La menace sur Charlie Hebdo avait été revue à la baisse en 2014, et la protection allégée.
– Action à Vincennes: La mise en place du RAID n’est pas conforme aux standards (risques de tirs fratricides et exposition au suicide bomber), un manque de cohésion (équipier qui part seul), des hésitations au moment de l’assaut et une discipline de feu approximative (tirs redondants).

Il est urgent de retrouver les fondamentaux de l’instruction militaire (le « drill »), qui étaient encore inculqués il y a 20 ans à tous les français, y compris les policiers. Et plus largement, il est étonnant de voir des foules dans Paris comme un 8 mai 1945 ou des députés entonner la marseillaise comme un 11 novembre 1918 alors que la montée en puissance ne fait que commencer. On connaît la fable de la peau de l’ours et la malédiction des victoires fêtées la veille…

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40 Comments

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  • 0 / 10
  • Daniel chaudron , 1 février 2015 @ 13 h 37 min

    “L’assaut par les hauts est dans tous les bouquins sur Ben Laden et dans tous les reportages…”
    Je n’ai pas dit que vous étiez le seul à renseigner les malfaisants, comme aurait dit Audiard.

  • acacia , 1 février 2015 @ 13 h 54 min

    Si l’on avait mis, pour le nucléaire, le dixième de l’argent et de l’énergie dépensés contre le nucléaire, il serait depuis longtemps sûr à 100 %, mais les marchands de charbon et de pétrole ont inventé les écolos et cela a tout changé, ils se sont recyclés dans le solaire et dans ces merdes d’éoliennes qui polluent nos paysages . .

  • acacia , 1 février 2015 @ 13 h 57 min

    il y aura toujours des “Rambo” qui se croient plus fort que le groupe .

  • acacia , 1 février 2015 @ 14 h 00 min

    c’était trop facile d’envoyer des grenades paralysantes, peut-être fallait-il éliminer tous les témoins ?
    Avec un peu de chance, on le saura mais dans combien d’années ?.

  • acacia , 1 février 2015 @ 14 h 03 min

    ils avaient trop de “choses” à nous faire savoir, aujourd’hui ils ne peuvent plus parler et tout le monde trouve cela normal .
    Les moutons ont perdu l’esprit critique depuis qu’ils ne sont plus des veaux…

  • Maxime , 1 février 2015 @ 14 h 09 min

    Oui c’est vrai la cohésion est une force des unités militaires et a cet égard le RAID qui n’en est pas une a montré un criant manque de cohésion.

  • Maxime , 1 février 2015 @ 14 h 34 min

    Oui les unités commandos maîtrisent la troisième dimension et l’objectif de l’article est de montrer son importance.
    La formation para ou commando telle qu’elle était dispensée dans les centres d’entraînements militaire pendant des décennies avait pour but de familiariser et aguerrir les militaires avec la troisième dimension.
    Dire cela et en débattre, Ce n’est pas une trahison, ne dites pas n’importe quoi. Cela n’apprend rien aux malfaisants, qui recherchent du renseignement tactique précis, pas des généralités sur la doctrine militaire.

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