Le calvaire des travailleurs immigrés en Russie

Si vous envisagez d’émigrer en Russie, accrochez-vous. A partir du 1er janvier, entre en vigueur en Moscovie une nouvelle loi répressive, xénophobe et raciste qui définit les conditions de l’obtention du permis du travail et du séjour des travailleurs étrangers en Russie.

Désormais, les candidats à l’immigration devront passer avec succès un examen portant sur la langue russe, l’histoire de la Russie et l’éducation civique pour obtenir leurs papiers.

Non seulement on demande aux immigrés de parler correctement la langue de leur pays d’accueil et de connaître son histoire (chose que nous n’exigeons même pas dans nos écoles), on leur demande aussi de connaître les règles de savoir-vivre local afin d’éviter des conflits avec la population autochtone !

Et ce n’est pas tout. L’Eglise orthodoxe russe a préparé un manuel à l’usage des candidats à l’immigration intitulé « Langue, histoire et fondements de la loi russe » dont les 1700 premiers exemplaires ont été distribuées à des associations censées aider les travailleurs immigrés. On ne peut y voir qu’un exemple flagrant de collusion entre un Etat fasciste et une Eglise rétrograde.

Le porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe, Vsevolod Chaplin, a déclaré au journal « Izviestia » que ce manuel est indispensable car « il est important que les étrangers comprennent la Russie ». Et quelles sont les règles de la vie en société que les popes russes ont la prétention d’imposer aux travailleurs immigrés ?

« Ne parlez pas trop fort dans les lieux publics (…) ne gesticulez pas dans les transports en commun et ne poussez pas les gens », conseille l’Eglise orthodoxe pour mieux faire comprendre aux travailleurs étrangers qu’ils ne sont pas chez eux en Russie et qu’ils doivent s’adapter aux coutumes locales. Ils ont sans doute lu Zemmour.

« En cas de conflit avec des Russes, évitez toute menace d’usage de la force », poursuit le manuel. « Au contraire, essayez de gérer les conflits de manière pacifique, à travers le dialogue. Sinon, vous serez perçu par la population comme des ennemis (…) Evitez de mettre la musique trop fort. Une musique trop bruyante empêche les gens de travailler et de se reposer ».

On reste sans voix devant un tel chauvinisme et mépris pour la culture d’origine des travailleurs immigrés. Au lieu de les inciter à cultiver leurs différences, on demande aux immigrés de devenir comme des Russes.

Mais l’intolérance ne s’arrête pas là. Les popes se mêlent même des relations entre les sexes (en prétendant insidieusement qu’il n’y en a que deux !). « Les femmes russes ont une haute opinion d’elles-mêmes et exigent le respect. Si on les offense, leurs parents masculins ainsi que l’Etat russe prendront leur défense ». Cette profession de foi macho-fasciste assortie de menaces laisse sans voix.

L’infâme manuel conseille aussi aux travailleurs immigrés d’oublier leurs différences en adoptant la cuisine russe ! Les popes, désireux d’assimiler les étrangers au lieu de les intégrer, leur suggèrent de mettre dans leurs assiettes « de la viande, du fromage de ferme, du jambon (sic !), du caviar et du poisson salé », tout cela accompagné d’une tasse de borchtch. C’est comme si l’on proposait dans nos banlieues un sandwich au jambon accompagné d’un verre de vodka.

Dans un pays respectueux des droits de l’homme, ce qui n’est malheureusement pas le cas de la Russie, les auteurs d’un tel ouvrage seraient poursuivis pénalement.

Quant à l’Etat russe, qui fait preuve de son mépris des valeurs démocratiques en imposant aux candidats à l’immigration de connaître la langue et l’histoire russes mais aussi, les règles de savoir-vivre, il mérite sans doute une bonne leçon sous forme d’un nouveau paquet de sanctions.

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107 Comments

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  • 0 / 10
  • xanpur , 31 décembre 2014 @ 8 h 51 min

    Excellent article, évidemment à prendre au second degré.

  • lhemeu , 31 décembre 2014 @ 9 h 07 min

    Quand les “méchants russes” organisent des réseaux de prostitution pour faire monter la crème du tout Paris, c’est culture, ça se réspecte.

  • trahi , 31 décembre 2014 @ 9 h 17 min

    Plus d’un million de travailleurs étrangers vont être expulsés d’Arabie saoudite, le lundi 4 novembre.
    Les étrangers qui sont venus en Arabie saoudite pour travailler, seront obligés de remplir tous les papiers nécessaires ou quitter immédiatement le pays.Sur huit millions de travailleurs immigrés dans le royaume, seuls quatre millions d’entre eux ont pu régulariser leur situation durant les six derniers mois. Il reste encore un million dans l’attente d’obtenir un titre de séjour à défaut, un billet d’avion pour quitter définitivement le pays.Seulement les ambassades de ces travailleurs immigrés sont submergées. Elles n’ont pas pu traiter toutes les situations dans les délais impartis.En clair, c’est une véritable « chasse à l’homme » qui va être lancée ce lundi en Arabie saoudite. Les ministères du Travail et de l’Intérieur ont diligenté sur le terrain des équipes d’inspecteurs et des patrouilles de police pour perquisitionner dans les entreprises. Appréhendés, ces immigrés en situation irrégulière risquent une peine de deux ans de prison et une amende de 20 000 euros.Le véritable problème est ce système de parrainage auquel les immigrés sont inféodés. Un système qui s’apparente souvent à de l’esclavage. Des Saoudiens peu scrupuleux ont fait rêver des millions d’immigrés, en leur attribuant des permis de travail ou visa en toute illégalité. Ces étrangers abusés ont parfois payé des fortunes jusqu’à 5 000 euros pour avoir le droit de travailler en Arabie saoudite

  • Jean Bon , 31 décembre 2014 @ 9 h 39 min

    Evidemment l’Arabie Saoudite ce sont des mechants n’est-ce pas ? Je crains que ceci ne soit une pratique TRES courante au niveau international. Thailande par exemple , le gentil pays, s’pas , me parait bien pire…

  • ATTILA , 31 décembre 2014 @ 9 h 40 min

    Vive Vladimir, vive la grande et éternelle Russie !

  • Guy Marquais , 31 décembre 2014 @ 9 h 44 min

    Les russes donnent des conseils qui me paraissent de nature à faciliter la vie des immigrés dans ce pays. J’ai vécu en Mauritanie, je portais le Saroual, mangeait du pigeon aux dattes et de la chèvres farcie de cous cous si pimenté qu’il m’en a détruit l’intestin …. ( presque)
    Le respect des coutumes locales n’est pas à mépriser…au contraire !

  • jjmp , 31 décembre 2014 @ 10 h 26 min

    Avez vous vu que c’est du second degré?
    Ils ont 100 fois raison

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