Le Président Hollande va présenter ses vœux aux Français. L’exercice est périlleux. Il s’agit pour lui de chercher un second souffle alors que le premier a commencé de s’éteindre à l’été qui suivit son élection. Depuis, il n’a pas fait ce qui s’imposait : muscler la compétitivité de notre économie. Il a fait ce qu’il fallait éviter : opposer les Français sur une loi marginale absurde pour plaire aux médias en suscitant un rejet massif du socle le plus solide de la population. Il fallait rassembler. Il a divisé. Il a tenu un discours contradictoire et mené une action confuse, multipliant les impôts et les taxes bien au-delà du slogan visant les riches. Mais il a aussi, pour sauver les meubles, créé des dispositifs compliqués en vue de faire autrement ce que son prédécesseur avait, trop tardivement, entrepris. Le CICE à la place de la TVA sociale en est le meilleur exemple. Mal entouré, en premier lieu par des ministres politiques dont l’incompétence le dispute à l’idéologie militante et provocatrice, quand elle ne se cache pas sous la communication habile de l’ambition, Monsieur Hollande apparaît de plus en plus comme l’homme qu’il ne fallait pas à une place qui n’est pas la sienne. Ses maladresses, ses échecs de plus en plus humiliants sur la scène internationale nous rappellent que, pour la première fois, un apparatchik de parti, un spécialiste des crises de courants était chargé de représenter la France dans le monde et de superviser sa politique, sans même avoir été lui-même ministre.
Pour pallier cette carence, il fallait du génie. Cela supposait une vision et des objectifs plus précis afin de la faire partager et de mobiliser les énergies en vue de lui donner une réalité. Le « réenchantement du rêve français » aurait dû inquiéter. La poésie pour midinettes n’a pas l’éclat d’un ordre du jour politique. La « nouvelle frontière » de Kennedy ou « la peur de la peur » de Rooseveelt étaient à la hauteur. Le « rêve français » en quoi consistait-il, sinon dans les illusions de l’assistance généralisée, de l’Etat omnipotent, de la nation universelle ? On a vu le résultat : l’incapacité de réduire la dépense publique, l’Etat gesticulateur et impuissant, la France multiculturelle qui efface son identité avec application. Si l’on excepte l’intervention malienne menée par une Armée qui fait les frais des économies budgétaires, le reste des politiques suivies est allé d’échec en échec. À l’extérieur, le chef d’État novice, confondant Chine et Japon, Egypte et Tunisie, blaguant sur l’Algérie, s’aventurant sur la Syrie, abandonné par les Anglais, méprisé par les Russes, négligé par des Allemands qui le guident par la main, a fini par se prendre les pieds, seul, dans le noeud de vipères africain. L’indépendance ni la grandeur ne trouvent leur place dans des actions de commandite qui nous font oublier nos vrais amis. Le comble : des « Français » participent au Djihad syrien que notre pays a, sans doute involontairement, encouragé et armé, en oubliant sa tradition protectrice à l’égard des Chrétiens d’Orient.
À l’intérieur, la croissance poussive, la courbe du chômage persistante, l’effondrement de notre industrie témoignent de l’incapacité du pouvoir à rétablir la confiance par des réformes structurelles, par un plan de redressement à la hauteur de la situation. Une politique de technocrates et de comptables n’est pas une politique. Or, les politiciens qui n’ont ni la compétence ni le courage de réformer, de trancher le noeud gordien, abandonnent le pouvoir aux spécialistes des noeuds, aux artistes de la complexité, aux virtuoses de la mesurette et se réfugient pour compenser dans le discours idéologique, dans l’action « sociétale ». Ils ajoutent aux problèmes qu’ils ne résolvent pas ceux qu’ils inventent. Faute d’assimiler les étrangers ou de les ramener chez eux, on va intégrer les Français aux nouveaux arrivants. Faute de juguler la délinquance, on va vider les prisons surpeuplées. Faute d’arrêter la chute des résultats scolaires, on va demander d’arracher les enfants aux déterminismes familiaux.
On ne sait quels vœux le Président va formuler. Beaucoup de Français n’en expriment qu’un : qu’ils s’en aillent, lui et sa clique, le plus vite possible.
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