Contrairement à ce que tout le monde croit, l’expression "Grand Remplacement" n’a jamais fait référence à des taux de fécondité ou à des statistiques. Son propos est radicalement autre. Que désigne-t-elle ? Comment est-elle née ? La Bibliothèque vous explique (accrochez-vous) ⤵️
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Renaud Camus est écrivain. Son métier est de nommer les choses, y compris celles qu’une société ne veut pas voir. Il y avait un peuple en France, et brusquement, en quelques décennies, il y en a maintenant plusieurs ? Il appelle ce phénomène le "Grand Remplacement". 1/
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Pas de de courbes démographiques, pas de taux de natalité, pas de chiffres, pas de sombres complots, pas d’obscurs ennemis tapis dans l’ombre. Non, un fait, en pleine lumière : là où il y avait un peuple, il y en a maintenant plusieurs. 2/
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Le visage de la France, qui a été le même pendant des siècles, a brutalement changé. Si, pour le voir et pour le dire, vous avez besoin de brandir des tables de projection démographique, c’est que vous restez, pour une part, dans le faux. 3/
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La situation est assez comique : Nous avons affaire à un phénomène cataclysmique – l’être même d’un pays, voire d’un continent, se transforme – dont il ne faudrait jamais parler, à aucun prix. 4/
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Comme il est mal vu de parler de ce phénomène, qui est à le véritable "point aveugle" des sociétés occidentales, on s’est empressé de dire qu’il s’agissait d’une "théorie", raciste qui plus est, complotiste même. 5/
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Wikipédia, dont les articles reprennent ceux de la presse la plus sérieuse, fournit un bon exemple. Le Grand Remplacement y est décrit comme une théorie du complot conçue par des racistes dépassés par la mondialisation. 6/ pic.twitter.com/tR9BGCUhxq
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Pour comprendre en quoi ce n'est pas (et ne sera jamais) une "théorie", il faut revenir aux origines de l'expression. Comment est-elle venue à la plume de Renaud Camus ? 7/
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Deux anecdotes. La première, c'est quand Renaud Camus, dans les années 90, entend parler à la radio du problème des retraites en Espagne. Pour payer les retraites des Espagnols, le gouvernement allait avoir recours à l'immigration marocaine. 8/
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Opération de transsubstantiation : les Marocains pouvaient devenir Espagnols, comme par magie. Selon cette logique, une Espagne remplie de Marocains aurait été tout aussi espagnole qu'auparavant. 9/
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Seconde anecdote : alors qu'il rédigeait "Le Département de l'Hérault", vers 1999, l’auteur remarquait qu’il était désormais possible de croiser des femmes voilées dans de petits villages du fin fond de la France. C’était alors, dans ces parages, un phénomène nouveau. 10/
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Il remarquait, fort simplement, que les visages que l'on voyait se pencher aux fenêtres n'était plus celui du peuple historique. 11/ pic.twitter.com/DckoXUw11q
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Peu importe ici que l'on trouve ce phénomène merveilleux, ou catastrophique : ce qui compte, c'est qu'il est déterminant. Pour Camus, cette arrivée de ces nouvelles populations est un événement fondamental : il ouvre une nouvelle ère en Europe. 12/
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C'est suffisant, en tout cas, pour pouvoir dire : "l'Europe vit le temps du changement de sa population". Camus a appelé cela le "Grand Remplacement" ; si vous n'aimez pas le terme, vous pouvez dire, comme Mélenchon, "créolisation". 13/
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14/ pic.twitter.com/X7XFSsbchA
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Vous pouvez aussi parler, comme le Pape François, qui s’en réjouit d’ailleurs, d’invasion arabe : « We can speak today of Arab invasion. It is a social fact. » 15/ pic.twitter.com/Rjo19I8uSA
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Il semble néanmoins que l’expression camusienne se soit imposée, notamment chez Onfray, ou Villiers, ou même Macron, si l’on en croit les rumeurs. C'est qu'il y a une force inhérente à cette expression — une force "littéraire". 16/
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C’est ce qu’a montré Salazar dans son dernier livre : https://t.co/C89zZF5bl9 17/ pic.twitter.com/SV5zd9qs2t
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« L'œuvre de Camus est en effet l'objet d'analyses littéraires pointues où on met l'accent sur ses liens avec l'avant-garde des années 1970, et sa connivence intellectuelle avec le maître à penser de la critique littéraire d'alors : 18/
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« Roland Barthes, outre que même ses critiques reconnaissent l'originalité de son approche dans le genre qu'il renouvelle : le journal, mais rendu public sur le vif, avec tous les aléas que cela comporte, un genre prestigieux qui appartient au patrimoine littéraire français. 19/
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« …Voyez comment un écrivain n’a pas à définir, contrairement à un commercial du merchandising, ou un politicien, son produit — il lui suffit de faire jouer les mots pour cibler juste. » 20/
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« Le journaliste américain ou anglais qui vient interviewer Camus pour toucher une pige, comme l’alt-rightiste australien ou californien qui le cite, n’a probablement pas compris que l’expression "haineuse" de "Grand Remplacement" entre dans une très longue chaîne littéraire, 21/
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« remontant en réalité à la "Chanson de Roland" et au "Roman de la Rose" — et surtout entre dans une évocation littéraire et physique de la France qui parcourt toute l’œuvre de Camus. » 22/
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L'une des questions que pose le Grand Remplacement, ce n’est pas "quels sont les chiffres ?", mais "les Français veulent-ils rompre la continuité historique de leur peuple ?", "veulent-ils perdurer en tant que Français, ou veulent-ils passer à autre chose ?" 23/
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Il est courant, aujourd'hui, d'entendre dire qu'il n'y a pas plus d'étrangers qu'auparavant (et qu'il serait de toute façon raciste de le faire remarquer). Mais qui peut sérieusement tenir ce discours, s'il regarde un instant une archive vidéo de la France des années 70 ? 24/
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https://t.co/iVKyzD16MW 25/ pic.twitter.com/xZPlimDAlt
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Des journalistes ont voulu montrer qu’en réalité Camus n’avait rien inventé du tout, et qu’il ne faisait que reprendre une théorie néo-nazie. C’est notamment ce qu’on peut lire sur Wikipédia. 26/
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C’est toujours la même méthode : nier la nouveauté du phénomène (« non, rien arrive, l’Europe a toujours connu des migrations »), et prêter à tous ses contradicteurs des intentions monstrueuses – 27/
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Quitte à donner dans la généalogie tératologique (« savez-vous que votre "théorie" vient en droite ligne des néo-nazis ? »). 28/
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Le Grand Remplacement, c'est donc un nom, un chrononyme, comme "Grande Dépression", et non une théorie qui imagine des archi-pontes machiavéliques comploter contre l'Europe. 29/ pic.twitter.com/Si73wTl0aT
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Il est bien vu, socialement, de se réjouir du phénomène (l'immigration est l'avenir de l'Europe, etc.) ; alors que ceux qui parlent du même phénomène, mais pour le trouver inquiétant, sont présentés comme des salauds "d'extrême-droite". 30/
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