Du nuage de fumée pour couvrir la retraite aux moyens les plus sophistiqués de détourner un missile de sa cible, le leurre fait partie des solutions utilisées lorsqu’on est en difficulté. La situation de l’exécutif, soutenu au grand maximum par un Français sur cinq, l’amène à multiplier les tentatives désespérées de diversion qui, une à une, échouent aux yeux d’une opinion publique à qui on ne la fait plus. C’est un feu d’artifices pour un public blasé : on a d’abord tenté d’agiter le vieux spectre poussiéreux de l’antiracisme. Sorti du placard, il n’était déjà plus très frais et laissait les Français indifférents. Lorsque le tueur des rédactions, de type européen et sans doute d’extrême droite puisqu’il s’était attaqué à Libé, s’est révélé être un extrémiste de gauche au nom d’outre-méditerranée, l’indifférence est devenue critique. Les Français qu’on gouverne si mal ne supportent plus qu’on les accuse de fautes qu’ils n’ont pas commises. Or l’un des moyens habituels de détourner l’attention des Français des problèmes qui les préoccupent, le chômage, le pouvoir d’achat, la délinquance, l’immigration, consiste à les culpabiliser, ou à désigner parmi eux les boucs émissaires du moment. Faute de punir sérieusement les vrais criminels ou de mettre fin à l’activité politique d’élus-voyous, on va sanctionner le prétendu dérapage verbal, pénaliser les clients de la prostitution, accuser l’automobiliste d’être un tueur en puissance. L’image de l’école se ternit à mesure qu’elle parvient mal à apprendre à lire, écrire, compter. Le ministère, enlisé dans la réforme bricolée des rythmes scolaires fait du harcèlement une affaire d’État qu’une circulaire et un retour de l’autorité des enseignants devraient régler sans qu’on en parle à la télé.
La stratégie du gouvernement relève aussi de l’illusionnisme. Le prestidigitateur attire l’attention sur une main, tandis que l’autre, qu’on ne voit pas, fait le tour de passe-passe. C’est ainsi que les Français sont invités à applaudir à l’inversion de la courbe du chômage. Le Président avait annoncé le lapin et celui-ci est docilement sorti du chapeau. Les communiqués quasi-militaires ont claironné que la bataille de l’emploi pouvait être gagnée après cette première victoire. Si on analyse la bataille, les faits sont moins glorieux. Les chômeurs à temps complet sont un peu moins nombreux du seul fait des moins de 25 ans grâce aux emplois artificiels payés par l’argent public. Les chômeurs de longue durée, ceux de plus de 50 ans, les demandeurs d’emploi qui ont partiellement travaillé dans le mois sont, au contraire, plus nombreux. Ce sont les 100 000 emplois aidés qui créent l’illusion de la diminution de 20 500 tandis que l’absence de croissance explique l’augmentation réelle de 39 600 inscrits supplémentaires. Le général proclame une victoire parce que l’ennemi a abandonné un village qu’on lui a « acheté » tandis qu’il a continué d’avancer sur le reste du front : + 0,8% et 4,8 millions d’inscrits à Pôle Emploi en métropole, 5,1 avec l’Outre-Mer. Les vrais emplois, ceux qui créent de la richesse dans le secteur marchand ne peuvent être créés qu’au-delà de 1,5% de croissance et nous n’y sommes pas. Les emplois aidés, le leurre, sont payés par les impôts, par cette pression fiscale insupportable qui entrave au contraire le retour de la croissance. Le gouvernement a inventé le traitement politique du chômage pour masquer son échec économique. Autrement dit, le lapin sorti du chapeau d’une main a été payé avec l’argent tiré du portefeuille subtilisé de l’autre main dans la poche d’un spectateur qu’on somme maintenant d’applaudir.
On se demande pourquoi l’Allemagne réussit quand la France échoue. C’est pourtant simple. Les gouvernants d’Outre-Rhin ont affronté la réalité avec courage : diminution du coût du travail, synergie entre l’entreprise et l’éducation, tant pour la recherche que pour la formation. Moins d’emplois publics, plus d’emplois marchands. Des jeunes en apprentissage vers de vrais métiers. Nos politiciens, notamment ceux qui sortent de cette prestigieuse « Poudlard » à la française qu’on appelle l’ENA, manquent traditionnellement de courage mais ont développé un réel talent pour le spectacle de l’illusion, pour l’art du trompe-l’œil. En bon magicien, notre Président voulait « réenchanter le rêve français ». Aux yeux des Français la Présidence de Hollande n’a, pourtant, rien de magique. Peut-être s’escamotera-t-il finalement lui-même et ce sera son dernier tour…
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